La vie ne devait pas être rose au Néolithique. Outre de l’insécurité alimentaire, la violence devait en effet être quotidienne, comme en témoigne la découverte, en Ukraine, de ces ossements calcinés dans les vestiges d’une maison datant de 5 600 ans.


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    L'Ukraine est un pays connu pour la richesse de ses sites archéologiques, lesquels témoignent d'une forte occupation de ce territoire d'Europe de l'Est durant le Néolithique. Il compte ainsi certaines des plus anciennes et des plus importantes villes de la préhistoire, qui pouvaient vraisemblablement accueillir jusqu'à 15 000 personnes. Les peuples de la culture Cucutenu-Trypilla ont notamment laissé derrière eux de très nombreux vestiges et artefacts qui permettent de reconstruire le mode de vie de cette population ayant vécu entre -5 500 et -2 750. Mais malgré la richesse de ces témoignages, les archéologues n'avaient cependant retrouvé que très peu de restes humains, laissant ainsi de nombreuses questions en suspens.

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    Six individus victimes de l’incendie de leur maison ?

    Toutefois, des fouilles organisées sur un site de peuplement à proximité de la ville de Kosenivka ont mis au jour les restes de sept individus (adultes et enfants) parmi les vestiges d'une ancienne maison. Les ossements de quatre de ces corps ont d'ailleurs été calcinés, ce qui pourrait laisser penser qu'ils sont morts lors d'un incendie il y a 5 600 ans. Deux autres individus, morts au même moment, ne présentent cependant aucune trace de brûlures.

    Enfin, le crânecrâne du septième personnage semble être déconnecté temporellement de la mort des six autres. Il appartiendrait en effet à un homme, mort une centaine d'années plus tard, et dont le crâne aurait été déplacé (volontairement ou par des charognards) sur l'emplacement de cette ancienne maison.

    Situation géographique du site archéologique et photographie des vestiges de la « maison numéro 6 » où ont été retrouvés les ossements de sept individus du Néolithique. © Fuchs et <em>al.</em>, 2024, <em>PLOS ONE</em>, cc by 4.0
    Situation géographique du site archéologique et photographie des vestiges de la « maison numéro 6 » où ont été retrouvés les ossements de sept individus du Néolithique. © Fuchs et al., 2024, PLOS ONE, cc by 4.0

    Un acte de violence intentionnel ?

    L'analyse détaillée des ossements a toutefois permis de suggérer que, si certains corps ont été soumis au feu, celui-ci n'est peut-être pas la cause directe de la mort. Les corps paraissent en effet avoir été brûlés après le décès. Deux individus présentent d'ailleurs des fractures crâniennes qui pourraient résulter de coups violents portés à la tête ayant entraîné la mort.

    Dans la revue PLOS ONE, des chercheurs suggèrent ainsi que, si certains individus ont pu périr directement dans l'incendie, d'autres auraient pu mourir par asphyxieasphyxie ou empoisonnement au monoxyde de carbone après s'être échappés. La mort sous des coups violents portés à la tête de deux individus laisse cependant penser que le drame qui s'est joué dans cette maison il y a 5 600 ans n'était pas accidentel. Il est possible que les habitants de cette maison aient été tués avant que la demeure ne soit volontairement incendiée.

    Deux individus semblent avoir été tués par des coups violents portés à la tête. © Fuchs et <em>al.</em>, 2024, <em>PLOS ONE</em>, cc by 4.0
    Deux individus semblent avoir été tués par des coups violents portés à la tête. © Fuchs et al., 2024, PLOS ONE, cc by 4.0

    Des habitants malades… et stressés !

    Si cette étude a permis de proposer un scénario pour la mort des habitants de cette maison, elle a également mis en évidence plusieurs détails de la vie courante à cette époque. Le régime alimentaire semble ainsi avoir été principalement composé de céréalescéréales et de légumes, la viande ne semblant représenter que 10 % de la nourriture consommée.

    Des lésions pathologiquespathologiques montrent également que ces individus étaient atteints de maladies et d'infections, certains éléments laissant de plus penser qu'ils subissaient un stressstress important, peut-être en raison d'une insécurité alimentaire ou à cause d’un environnement où la violence était omniprésente, comme le suggèrent les dramatiques circonstances de leur mort !