Une équipe de chercheurs internationale a réussi à reconstituer le visage d'une femme ayant vécu en Europe centrale, 43 000 ans avant notre ère. En se basant sur plusieurs études et la technologie 3D, les scientifiques sont ainsi parvenus à séquencer le génome de « Zlatý kůň » tout en restructurant les restes fossilisés de l'individu.
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Alors que le projet « GénomeGénome humain » (HGP) s'est achevé il y a maintenant 20 ans, les scientifiques peuvent désormais séquencer le génome d'individus ayant vécu 43 000 ans avant notre ère. Une équipe internationale de chercheurs s'est attelée à étudier les restes d’une femme datant de 41 000 avant J.-C., trouvés en 1950 dans les grottes de Koněprusy, en République tchèque. Rapidement surnommé par les universitaires Zlatý kůň (« le cheval d'or ») du nom de la crête rocheuse abritant la cavité de Koněprusy, le sujet suscite l'intérêt de la communauté scientifique depuis maintenant 70 ans. L'étude du crânecrâne fragmenté et des quelques ossements constituant le squelette de Zlatý kůň s'avèrent être une piste sérieuse pour comprendre l'implantation de l'Homo sapiensHomo sapiens en Europe.
À la croisée de l’Homo sapiens et de Neandertal
Ces nouveaux travaux menés sur Zlatý kůň représentent une avancée majeure : cette femme, venue au monde à l'aube du Paléolithique supérieur, serait le plus vieil individu d'Eurasie dont le génome ait été séquencé à ce jour. Une véritable opportunité pour tenter d'en apprendre plus sur cette époque de flux migratoires sur le continent. Car, si les premiers caractères de l'Homo sapiens apparaissent chez des individus en Afrique il y a 300 000 ans, ce n'est qu'autour de 40 000 avant J.-C. qu'il vient progressivement supplanter Neandertal en Europe.
En analysant les données obtenues grâce au génome de Zlatý kůň, les scientifiques ont pourtant réalisé qu'au moins 3 % de l'ADNADN de la femme partage des similitudes avec celui des NeandertaliensNeandertaliens. Cette observation rejoint une étude publiée en 2021 par l'Institut Max PlanckMax Planck, établissant que Zlatý kůň n'a vécu « que » 2 000 ans après les premières interactions entre les populations néandertaliennes et Homo sapiens.
Ce séquençageséquençage du génome de Zlatý kůň offre aux universitaires une idée plus précise de ses caractéristiques génétiquesgénétiques, tentant de dresser une sorte d'arbrearbre généalogique ancestral. En entrecroisant une importante quantité d'études menées sur la femme préhistorique et d'autres fossilesfossiles du Paléolithique, les chercheurs ont pu réaliser une reconstitution en 3D de Zlatý kůň, permettant d'obtenir un rendu précis de son facièsfaciès.
Un visage vieux de 43 000 ans
Les scientifiques travaillant à la reconstruction du visage de Zlatý kůň ont dû s'armer de patience et faire preuve de ressources. Les parties du crâne, soigneusement préservées par le Musée national de Prague, n'étaient ni accessibles ni manipulables. Une étude antérieure, menée en 2018 par une autre équipe internationale, classifiait et comparait les parties manquantes et les similarités entre plusieurs dizaines de fossiles découverts en Europe au cours des dernières décennies. Depuis le CHU de Bordeaux notamment, des scientifiques avaient accompli un travail similaire à celui d'un médecin légiste, reconstruisant le crâne partiellement détruit de Zlatý kůň grâce à une technique radiographique nommée tomographietomographie.
Dans l'étude publiée le 18 juillet 2023, près de cinq ans plus tard, les scientifiques ont utilisé les données des recherches précédentes pour perpétuer le travail de comparaison entre les caractéristiques physiques de Zlatý kůň et les autres individus. L'objectif : mesurer précisément la structure crânienne de la femme, les aspérités et spécificités de ses ossements pour reconstruire son visage.
Ce procédé avait déjà permis de reproduire le visage du pharaon Toutankhamon, à la fin de l'année 2022. En générant le rendu 3D final, les scientifiques ont eu l'opportunité d'admirer le fruit de leurs travaux : une femme aux traits assez peu différents des nôtres. Avec la progression des technologies de simulation 3D, il y a fort à parier que la course à la reconstitution des visages de nos ancêtres ne fait sûrement que commencer...