Pendant longtemps, la thèse dominante voulait que les chasseurs-cueilleurs furent des hommes. De nouvelles preuves mettent en évidence une théorie plus nuancée. Si la chasse aurait bien été à prédominance masculine, de nombreuses femmes y auraient participé.
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Certains nous avaient mis en garde, de ne pas déchiffrer le passé avec nos préjugés modernes ! Il semblerait que l'on se soit fait prendre la main dans le sac. Des scientifiques américains et péruviens viennent de publier une étude, dans Science Advances, qui contrecarre l'une de nos idées reçues : les chasseurs-cueilleurs auraient aussi été des femmes. Pour preuve, ils brandissent un squelette vieux de 9.000 ans.
Ce squelette a été déniché dans les hautes terres andines de Wilamaya Patjxa. Surtout, il était enterré avec une boîte d'outils de chasse et de traitement des animaux. À l'époque -- et parfois encore aujourd'hui --, les morts étaient enterrés aux côtés d'objets symbolisant leur vie. Pour un chef, aux côtés de ses richesses. Pour un chasseur, accompagné de ces outils. Si ce squelette était celui d'un homme, la découverte serait peut-être banale. Mais les analyses indiquent qu'il s'agit d'une femme. Une jeune femme, âgée d'entre 17 et 19 ans, inhumée avec son matériel de chasse.
D'ossement en ossement, un schéma se dessine
Non seulement cette humaine du début de l'HolocèneHolocène -- l'ère géologiqueère géologique en cours aujourd'hui, ayant débuté il y a 10.000 ans -- aurait été chasseuse, mais elle aurait chassé du gros gibier. Selon ces chercheurs, elle n'aurait pas été la seule. Ils mentionnent 11 sépultures féminines également associées à des outils de chasses, dont la datation est estimée aux alentours de -10.000 ans, en Amérique.
Si ces scientifiques remettent en question le mythe de l'homme chasseur et de la femme cueilleuse, ils ne nient pas la répartition genrée du travail de subsistance. Simplement, ils suggèrent que la chasse n'était qu'à prédominance masculine, et non exclusivement masculine. Ils citent des sites de fouille archéologique, aux États-Unis, où entre 17 et 30 % des sépulturessépultures contenant des outils de chasse étaient celles de femmes.
« Un certain nombre d'études soutiennent [que] les constructionsconstructions modernes de genre ne reflètent souvent pas celles du passé » affirment les chercheurs, concluant que quant à « quand et comment [les] pratiques de travail différenciées sont apparues à partir de pratiques manifestement indifférenciées, il faut explorer davantage ».