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Zahi Hawass observant la momie de la reine Hatchepsout. On remarque son bras gauche replié sur la poitrine, une position habituellement réservée aux pharaons. Crédit : Musée du Caire / Zahi Hawass
C'est sans doute la fin d'une énigme séculaire que vient de clore une conférence de presse mondiale organisée en grande pompe par Zahi Hawass, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités égyptiennes. En présentant deux momies, il a affirmé que l'une d'elles était celle d'Hatchepsout, reine d'Egypte de la 18ème dynastie, et que l'autre n'était pas celle de Thoutmosis I, père de la première.
Egyptologues, spécialistes des analyses ADNADN et dentistes ont dû se succéder au long d'une enquête étalée sur plus d'un siècle pour percer le mystère de ces momies.
Petit rappel des faits. En 1903, Howard Carter, futur découvreur de la tombe de Toutânkhamon, explore un tombeautombeau, dénommé KV 20, dans le temple de Deir el-Bahari, près de Louxor, et déjà visité en 1824 par Giovanni Battista Belzoni. Mais il ne trouve là que deux sarcophages, marqués des noms de Thoutmosis I et de sa fille Hatchepsout, dont l'histoire a retenu le nom.
Devenue régente au quinzième siècle avant Jésus-Christ à la mort de Thoutmosis II, son mari et néanmoins demi-frère, elle prend d'autorité les pouvoirs d'un pharaon et règne 21 ans. On la représente alors vêtue d'un pagne d'homme et affublée d'une fausse barbe. Après sa mort, son successeur, Thoutmosis III, s'attache à détruire tout ce qui rappelle la souveraine. C'est sans doute à cette époque que le corps de Hatchepsout a été évacué de sa tombe.
Enquête de police scientifique
Le corps de la reine s'est retrouvé dans une autre tombe de la Vallée des rois, baptisée KV 60. Là, deux mille cinq cents ans plus tard, Howard Carter, encore lui, découvre deux momies, l'une dans un sarcophage et l'autre à même le sol. La première est extraite de la tombe et identifiée comme celle de Sitre-In, la nourrice d'Hatchepsout. L'autre est laissée sur place. Plusieurs égyptologues avaient alors émis l'hypothèse qu'il pouvait s'agir de la pharaonne, sur la base de deux indices : son bras gauche replié sur la poitrine et ses onglesongles peints en rouge et bordés de noir. Sur son site personnel, Zahi Hawass affirmait il y a peu de temps encore ne pas croire à cette hypothèse, notamment à cause de l'obésitéobésité de cette femme et de ses « énormes seins pendants ».
En 2006, cette momie est amenée au Musée du Caire pour y être étudiée. Cette femme d'une cinquantaine d'années, obèse, serait morte d'un cancer des oscancer des os, explique Zahi Hawass, sur la foi d'analyses de l'os pelvien et du fémurfémur. Dans le même temps, les égyptologues scrutent à l'aide d'un scanner 3-D à rayons X une urne funéraire en boisbois trouvée dans la tombe KV 20 et marquée du nom de Hatchepsout. A l'intérieur, on repère un minuscule morceau de molairemolaire. Une radio du crânecrâne de la momie révèle que ce fragment s'adapte parfaitement sur l'une des dents encore présentes sur la mâchoire. Selon Zahi Hawass, la preuve est formelle : la momie trouvée sur le sol est bien celle de Hatchepsout, que des Egyptiens ont un jour transportée dans la tombe de sa nourrice pour la protéger de la vindicte de son successeur.
La seconde momie présentée lors de la conférence de presse est celle que l'on a longtemps considérée comme celle de Thoutmosis I, après l'avoir extraite d'une cache du temple de Deir al-Bahiri. Mais plusieurs indices (l'âge, d'une trentaine d'années seulement, la position des mains et le sarcophage) excluraient, d'après Zahi Hawass, qu'il s'agisse du corps du pharaon.
Des tests ADN sont actuellement en cours dans le laboratoire spécialisé construit au sein même du Musée du Caire.