Dans notre salive se trouve une enzyme qui aurait, semble-t-il, joué un rôle majeur dans l’histoire humaine. L’amylase permet en effet de dégrader l’amidon, glucide que l’on trouve dans nombre d’aliments. Une capacité que nous aurions acquise bien avant l’invention de l’agriculture.
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Pâtes, pommes de terre, pain, maïs, riz... de nombreux aliments que nous consommons quasi quotidiennement contiennent de l'amidonamidon. Ce glucideglucide que l'on trouve dans les graines, racines, tuberculestubercules et certains fruits représente en effet l'une des principales ressources caloriques des humains. On pourrait ainsi penser que l'entrée massive de l'amidon dans notre diète date de l'invention de l'agricultureagriculture, il y a environ 12 000 ans, quand l'Homme moderne a commencé à cultiver le bléblé et d'autres céréalescéréales. Une nouvelle étude révèle cependant que notre capacité à digérer l'amidon serait bien plus ancienne et qu'elle aurait même joué un rôle dans notre évolution.
Le rôle de l’amylase dans la digestion de l’amidon
La structure complexe de l'amidon fait qu'il est plus difficile à digérer que d'autres glucides. Pour y arriver, nous décomposons cette molécule en unités plus petites, notamment grâce aux amylasesamylases présentes dans notre salive. Étant donné le rôle important que joue cette enzyme dans la digestiondigestion de l'amidon, des chercheurs se sont penchés sur l'origine du gènegène codant sa synthèse. Ou plutôt « des » gènes. Car il apparaît que nous possédons en général plusieurs copies du gène de l'amylase dans notre ADN. Cette caractéristique nous différencie d'autres espècesespèces, comme les chimpanzéschimpanzés, qui ne portent qu'un seul gène pour cette enzyme. Pour les chercheurs, cette duplication serait associée à l'évolution de notre diète au fil de temps et de la nécessité de s'adapter à différents régimes alimentaires.
Une multitude de gènes de l’amylase dans notre ADN… et celle de nos ancêtres
Une équipe de chercheurs a ainsi cherché à estimer vers quel moment dans l'histoire humaine les première copies du gène de l'amylase sont apparues. Pour cela, les scientifiques ont analysé l'ADNADN retrouvé dans les ossements de plusieurs chasseurs-cueilleurs ayant vécu il y a 45 000 ans, soit bien avant l'invention de l'agriculture. Et là, surprise ! Il est apparu que ces individus possédaient déjà environ cinq copies du gène (actuellement, certains individus peuvent en posséder jusqu'à 11). Les chercheurs sont donc remontés plus loin dans le temps et ont analysé des restes d'Hommes de NéandertalNéandertal. Mais là aussi, plusieurs copies du gène étaient présentes.
Une duplication qui serait apparue avec l’invention du feu
Dans une étude publiée dans la revue Science, les chercheurs suggèrent ainsi que la première duplication du gène daterait d'avant la séparationséparation entre Néandertal et Sapiens, il y a 600 000 ans. Elle pourrait même remonter à l’invention du feu, il y a environ 800 000 ans !
Il est probable qu'avant l'invention du feu et le début de la cuisson des aliments, les premiers hominines ne pouvaient pas digérer correctement l'amidon, n'en tirant que peu de bénéfices nutritionnels. En cassant les fibres les plus résistantes des tubercules et autres plantes riches en amidon, la cuisson aurait ainsi rendu ce glucide plus digeste. Une évolution de la diète à laquelle le corps humain se serait adapté en produisant de nouveaux gènes de l'amylase, afin de retirer un bénéfice maximum de ces aliments.
Un rôle de sélection ?
Les chercheurs suggèrent même que l'amylase aurait joué un rôle dans la sélection naturellesélection naturelle, et donc dans l'évolution humaine. Les individus produisant le plus d'amylase auraient ainsi mieux absorbé les nutrimentsnutriments délivrés par la décomposition de l'amidon. Une caractéristique génétiquegénétique qui leur aurait donné un avantage. Une autre étude publiée dans la revue Nature suggère, quant à elle, que cet avantage aurait été clairement mis en évidence il y a 12 000 ans avec l'apparition de l'agriculture. C'est à partir de cette période en effet que le nombre de copies du gène de l'amylase augmente de manière généralisée.