Des chercheurs de l’université d’Oxford ont calculé la probabilité d’extinction de l’espèce humaine et sont arrivés à des estimations allant de 1 chance sur 14.000 à 1 chance sur 870.000 de disparition dans l’année en cours. Un calcul qui exclut toutefois toutes les causes anthropiques dues à l’apocalypse, telles qu’un conflit nucléaire ou le réchauffement climatique.


au sommaire


    Vous avez plus de chance d'être englouti dans un cataclysme avec le reste de l'humanité l'an prochain que d'être attaqué par un requin ou frappé par un éclairéclair, selon une étude de l'université d'Oxford publiée dans la revue Scientific Reports. Le mathématicienmathématicien Andrew Snyder-Beattie et ses collègues ont calculé la probabilité d'une extinction « naturelle » ou par une catastrophe telle que l'impact d'un astéroïde géant, le réveil d’un supervolcan, ou encore un sursaut gamma orienté vers notre galaxie.

    Après 200.000 ans d’existence, Homo sapiens est toujours là

    Les chercheurs ont calculé un taux d’extinction en prenant en compte la longévité de l'espèceespèce humaine et en la recoupant avec le taux d'extinction d'autres espèces et la fréquence des catastrophes potentielles et des extinctions massives. Ils en ont ensuite déduit une probabilité d'extinction en supposant un risque d'extinction constant dans le temps, puis ramené à une probabilité de disparaître avant une année t. En considérant une humanité vieille de 200.000 ans (fossilefossile éthiopien de Homo sapiensHomo sapiens), le taux d'extinction est ainsi de 6,9 x 10-5 (soit 6,9 disparitions pour 100.000 individus par an), ce qui correspond à environ 1 chance sur 14.000 de disparaître dans la prochaine année. Si l'on remonte à des fossiles plus anciens (350.000 ans), la probabilité chute à 1 chance sur 22.800, et en prenant comme base l'émergenceémergence du genre Homo (2 millions d'années), nos chances de disparaître dans l'année qui vient tombent à 1 sur 140.000.

    Probabilité du taux d’extinction jusqu’à nos jours, compte tenu de l’antériorité de l’espèce humaine. Les lignes bleues indiquent une probabilité de 10 % et de 1 %. Ex : il y a une chance sur 10 que le taux d’extinction atteigne 1,2 × 10<sup>−6</sup> pour une longévité de 2 millions d’années (courbe pointillée). © Andrew Snyder-Beattie et al, Scientific reports, 2019
    Probabilité du taux d’extinction jusqu’à nos jours, compte tenu de l’antériorité de l’espèce humaine. Les lignes bleues indiquent une probabilité de 10 % et de 1 %. Ex : il y a une chance sur 10 que le taux d’extinction atteigne 1,2 × 10−6 pour une longévité de 2 millions d’années (courbe pointillée). © Andrew Snyder-Beattie et al, Scientific reports, 2019

    Dix fois plus de chance de mourir dans une catastrophe que de sortir avec un top model

    La probabilité relative de ces estimations n'est toutefois que de 1 chance sur un million. En prenant en compte une probabilité relative plus élevée (une chance sur 10), nous n'avons plus que 1 chance sur 87.000 de mourir dans la prochaine année en partant de 200.000 ans d'existence, et 1 chance sur 870.000 en considérant l'apparition de l'espèce Homo (2 millions d'années) comme point de départpoint de départ. Par comparaison, nous avons 1 chance sur 700.000 de mourir frappé par un éclair, 1 chance sur 11,5 millions d'être attaqué par un requin et même 1 chance sur 880.000 de sortir avec un(e) top model.

    L’Homme a de meilleures chances de survie que les autres mammifères

    « Ces estimations sont conformes au taux d'extinction des mammifèresmammifères, à la fréquence des risques caractérisés et de la fréquence des extinctions de masse », assurent les chercheurs. En 2004, l'écologueécologue Anne Teyssèdre avait ainsi estimé le taux d’extinction des espèces à 0,002 % par siècle. En considérant le nombre d'espèces de chaque groupe taxonomique, elle avait par exemple abouti à un taux de disparition de 560 mammifères par siècle. Une autre étude de 2011 était elle parvenue à un taux d'extinction des mammifères de 1,8 par an et par million d'espèce, soit 1,8 × 10−6. « Il est logique que le taux d'extinction soit un peu moins élevé pour l'Homme que pour l'ensemble des mammifères, car nous avons une grande population, un habitat étendu à l'ensemble du globe et un régime omnivoreomnivore », indiquent les chercheurs. Autrement dit, l'Homme est loin d'être une espèce en danger.

    Le saviez-vous ?

    Fréquence de cataclysmes planétaires

    • Chute d’un astéroïde ≤ 1 km : 500.000 ans
    • Chute d’un astéroïde ≤ 5 km : 6 millions d’années
    • Éruption d’un supervolcan de 1.000 km3 : 1,1 million d’années
    • Coulée de lave géante : 32 millions d’années
    • Explosion d'une supernova : 100 millions d’années
    • Sursaut gamma : 170 millions d’années
    • Effondrement de l’Univers : > 1 milliard d’années

    L’Homme, facteur aggravant de disparition de… l’Homme

    Un optimisme toutefois douché par la conclusion de l'étude. Car les chercheurs n'ont ici étudié que des causes naturelles d'extinction. « Notre observation de 200.000 ans de survie exclut les sources modernes d’extinction bien plus probables, telles que les armes nucléaires ou les changements climatiques anthropiques, assurent les auteurs. Certains risques naturels pourraient également être aggravés par des facteurs anthropiques : un impact mineur d'astéroïde pourrait être interprété comme une attaque nucléaire et entraîner des représailles, ou une maladie naturelle qui n'était auparavant qu'un risque d'extinction locale pourrait s'étendre davantage en raison des voyages mondiaux. »