Alors que nos ancêtres Homo erectus commencent timidement à peupler le sud de l’Europe, une terrible vague de froid va s’abattre sur la région il y a 1,12 million d’années, entraînant un arrêt brutal de cette phase migratoire.
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Il y a 1,8 million d’années, Homo erectusHomo erectus quittait l'Afrique pour commencer sa migration vers le nord. Ayant d'abord atteint l'Asie du Sud-Est, nos lointains ancêtres se sont ensuite dirigés vers l'ouest. On retrouve ainsi des traces de premier peuplement (fossiles et outils en pierre) dans la péninsule ibérique datant d’environ 1,4 million d’années. Les conditions climatiques étaient alors plutôt clémentes dans cette partie du sud de l'Europe, favorisant l'implantation de ces premières communautés humaines.
Des conditions climatiques qui se détériorent
Si cette première étape migratoire en Europe semblait donc plutôt bien démarrée, les choses paraissent s'être compliquées par la suite. Car c'était sans compter sur les caprices du climatclimat. Vers 1,2 million d'années, la situation se détériore en effet. Les cycles glaciaires, si caractéristiques de cette époque PléistocènePléistocène, gagnent progressivement en intensité. Mais jusqu'à présent, la théorie la plus en vogue suggérait que les colonies humaines aient été capables de survivre à ces multiples périodes de refroidissement, s'adaptant progressivement à des conditions de vie de plus en plus difficiles.
Une nouvelle étude vient cependant questionner cette hypothèse d'une occupation continue. Car selon un groupe de chercheurs, les conditions climatiques se seraient détériorées à un point tel qu'elles n'auraient pas permis aux communautés en place de survivre.
Une terrible vague de froid s’abat sur le sud de l’Europe
Les données paléoclimatiques obtenues par l'analyse de sédimentssédiments marins échantillonnés au large du Portugal suggèrent en effet qu'il y a 1,127 million d'années, cette région a connu un brutal épisode de froid extrême. La température de surface de l'océan Atlantique au niveau de Lisbonne serait ainsi descendue sous la barre des 6 °C. Sachant qu’elle est actuellement de plus de 24 °C, on imagine bien les conditions glaciales qui devaient régnaient à l'époque. Cet épisode de froid n'aurait duré que 4 000 ans d'après l'étude publiée dans la revue Science, mais son intensité est comparable à certains des événements les plus sévères des périodes glaciairespériodes glaciaires récentes de l'HolocèneHolocène.
Cet important refroidissement s'est visiblement produit à la fin d'un cycle glaciaire. Alors que le climat global est alors justement en train de se réchauffer et que les calottes glaciairescalottes glaciaires commencent à fondre, l'arrivée d'une grande quantité d'eau douceeau douce dans l'océan aurait entraîné une modification de la circulation océanique et une extension de la banquisebanquise vers le sud. La température de l'océan chute donc brutalement et les terres d'Europe de l'Ouest se transforment vraisemblablement en semi-désertsdéserts froids et peu accueillants.
La région aurait été désertée durant 200 000 ans avant d’être recolonisée
Pour les scientifiques, les conditions climatiques seraient alors devenues trop hostiles pour de simples chasseurs-cueilleurs ne possédant pas encore les techniques pour faire du feu. Pour appuyer cette hypothèse, les chercheurs ont développé un modèle numériquemodèle numérique d'habitat humain en combinant les données paléoclimatiques et archéologiques.
Il semble ainsi que l'Espagne, mais plus généralement le sud de l'Europe, a connu une période de dépopulation au début du Pléistocène. Très peu de traces fossilesfossiles d'Homo erectus sont en effet retrouvées sur une période de 200 000 ans après le début de cet épisode de froid intense. La région aurait donc été désertée durant une longue période, avant de subir une nouvelle vaguevague de colonisation il y a environ 900 000 ans. Bien que les conditions climatiques soient toujours marquées par des périodes glaciaires à répétition, les nouveaux arrivants (Homo antecessor) auraient été mieux adaptés à la survie dans ce type d'environnement, permettant l'établissement cette fois durable de nouvelles communautés humaines.