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Pendant une semaine, dans plusieurs lieux culturels de Bordeaux, comme le théâtre Fémina, le théâtre Trianon ou l'espace Saint-Rémi, la science se mettra en scène à l'occasion d'un festival à peu près unique en son genre. Des expositions, des conférences, des documentaires et des animations, proposés par le CNRS, l'Inserm ou l'ANR, entoureront en effet une réunion originale de scientifiques et de cinéastes, ouverte à tous.
On y présentera 45 films de cinéma où il est question de science. On y croisera L'Homme invisible (1933), on frissonnera devant l'éternel Docteur Jekyll and Mister Hyde (1941), on profitera de l'humour décalé de Chérie, je me sens rajeunir (1952) et on entrera dans le futur angoissant de Brazil (1985). Mais la compétition officielle, avec pas moins de quatre jurys (le Grand jury, présidé par James Huth, réalisateur de Brice de Nice et de Lucky Luke, le jury Jeunes, le jury Jeunes chercheurs et... les spectateurs eux-mêmes pour le prix du public), se concentrera sur une sélection de films en avant-première.
Dans chacun, il est question de science, d'une manière ou d'une autre. Et, pour le CNRS, organisateur de cette deuxième édition de CinémaScience, il s'agit bien de culture scientifique. « Dans "culture scientifique", il y a "culture "» souligne Marie-Hélène Beauvais, déléguée générale du CNRS pour le festival, qui nous explique ce principe de cette manifestation étonnante.
Futura-Sciences : Sur quels critères avez-vous sélectionné les films ? Fallait-il qu'ils montrent la science sous un beau jour ? Qu'ils ne commettent pas d'erreur ?
Marie-Hélène Beauvais : Non, il fallait d'abord que ce soit de bons films de cinéma ! C'est le premier critère. Chaque film devient alors l'occasion de parler de science. Par exemple, le film d'ouverture, Les Témoins, parle du SidaSida. On peut ensuite aborder le sujet selon plusieurs angles, sociétal, médical... Dans Domaine, Béatrice Dalle joue une femme alcoolique qui est aussi une brillante mathématicienne. Voilà deux sujets, l'alcoolisme et les mathématiques...
FS : Les films sont donc suivis d'un débat. On y trouve des scientifiques ?
Marie-Hélène Beauvais : Oui, mais aussi des cinéastes ! Des films scientifiques avec un débat à la clé, c'est un concept connu. En revanche, faire participer des professionnels du cinéma, c'est un principe à peu près unique.
FS : Et a-t-il fonctionné en 2008 lors de la précédente édition ?
Marie-Hélène Beauvais : Oui ! Nous avons eu 6.000 spectateurs la seconde semaine. Le principe de ces débats fonctionne très bien. Nous avons acquis la preuve que nous ne nous étions pas trompés sur le concept. Nous avons également vu que les collectivités locales, et tous les partenaires impliqués, avaient envie que cela continue. Et le monde de la recherche aussi.
FS : Quel rapport le cinéma et la science entretiennent-ils ?
Marie-Hélène Beauvais : Il change... Pendant longtemps, les films nous montraient des savants fous et renvoyaient souvent une image assez négative de la science. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de scénarios incorporant des thèmes scientifiques. D'ailleurs, les cinéastes demandent de plus en plus souvent l'assistance de scientifiques.
FS : Pensez-vous que le cinéma est une bonne manière de parler de la science ?
Marie-Hélène Beauvais : C'est un bon vecteur, oui. L'idée de ce festival, justement, est de toucher un public qui va moins spontanément vers la science, des jeunes mais aussi des adultes. C'est un bon outil de vulgarisation. Le cinéma participe sans doute à ce que Dominique Wolton appelle le « renouveau de la vulgarisation ». Il explique que jusqu'à une époque récente, la science se plaçait au-dessus de la société alors qu'aujourd'hui elle en est au cœur. Avec le cinéma, nous sommes dans le ludique. C'est ce que nous avons voulu montrer en organisant la Nuit des savants fous, de samedi à dimanche, à la fin du festival !
FS : Pensez-vous que les scientifiques soient prêts à ces nouvelles formes de vulgarisation ?
Marie-Hélène Beauvais : Je le pense. D'ailleurs, on observe que ceux qui publient le plus sont ceux qui communiquent le plus... Les grands laboratoires ont tous un chargé de communicationchargé de communication et le CNRS a mis en place des services de conseils.