Il y a 45 000 ans environ, Sapiens fait son entrée sur le territoire européen. Mais cette colonisation ne va cependant pas se faire de manière très fluide, du moins pas au début. Une nouvelle étude révèle ainsi que la dispersion d’Homo sapiens se serait faite en quatre grandes étapes, orchestrée notamment par les variations climatiques.
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C'était il y a 60 000 ans environ, Homo sapiens quittait le territoire africain pour partir à la conquête de l'Eurasie. De précédentes études ont montré qu'il était ainsi arrivé par la porteporte d'entrée que représente alors la péninsulepéninsule arabique, région où ces populations nomades se seraient installées pendant près de 30 000 ans avant de continuer leur périple plus au nord.
L’influence du climat sur la dispersion d’Homo sapiens
Les premières traces d’Homo sapiens sur le territoire européen ne remontent ainsi qu'à 45 000 ans. Mais ensuite, tout est allé très vite. Entre 43 000 et 32 000 ans, ces chasseurs-cueilleurs vont en effet se disperser très rapidement. La façon dont s'est opérée cette dispersion reste cependant encore mal comprise. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature communications, apporte néanmoins certains éléments de réponse, notamment grâce à l'établissement d'un nouveau modèle combinant données archéologiques et paléoclimatiques. Nommé « Our Way Model », il a ainsi permis d'identifier les différentes étapes de cette dispersion et notamment d'analyser l'influence du climatclimat et de la topographie sur les processus démographiques.
Car durant cette période dite de l'Aurignacien, le climat est différent de l'actuel. Nous sommes alors en pleine période glaciaire et le climat est bien plus froid et sec que ce qu'il est aujourd'hui. Plusieurs périodes, dites interglaciaires, vont cependant venir temporairement réchauffer ce paysage. Des moments opportuns que les premiers Hommes modernes mettront à profit pour parcourir des zones encore inexplorées.
Cartes présentant l'évolution de la densité de population sur le territoire européen entre 43 000 et 38 000 ans. Les points montrent l'emplacement des principaux sites archéologiques. © Shao et al. 2024, Nature communications
Quatre grandes phases de dispersion
Les résultats révèlent ainsi quatre grandes phases de dispersion durant cet intervalle de temps. La première, entre 45 000 et 43 000 ans, est marquée par une lente expansion vers l'ouest, emmenant Homo sapiensHomo sapiens de la région du Levant vers les Balkans. Entre 43 250 et 41 000 ans, les choses vont bouger plus vite, notamment avec une colonisation de l'Europe de l'Ouest. C'est une période plutôt faste, avec une population qui atteint rapidement environ 60 000 individus à travers toute l'Europe. Une envolée qui va cependant être stoppée brutalement durant la période suivante, entre 41 000 et 39 000 ans. Un froid sévère s'abat en effet sur l'Europe, entraînant un net recul démographique. La population diminue alors d'environ 40 % en 2 000 ans ! Malgré la désertificationdésertification de certaines régions, les populations européennes vont cependant réussir à se maintenir dans des zones où le climat est moins rude, notamment au pied des Alpes. Le retour d'un climat plus tempéré, vers 38 000 ans, va permettre un regain démographique et la reprise de la dispersion, notamment vers la Grande-Bretagne et la péninsule ibérique. L'Europe compte alors environ 80 000 habitants, avec des groupes commençant des excursions également vers le nord. À partir de cette date, les chercheurs observent une stabilisation de la démographie, malgré les nouvelles variations climatiques.
Proposition des différentes routes de dispersion d'Homo sapiens en Europe. © Shao et al. 2024, Nature communications
Il apparaît qu’Homo sapiens s’est progressivement adapté pour ne plus dépendre de l'évolution du climat. Des stratégies de résistancerésistance qui vont alors lui permettre de conquérir l'ensemble des territoires européens.