Il y a 1,5 million d’années, les berges du lac Turkana n’étaient pas désertes. C’est ce que prouve cette nouvelle étude, qui relate la découverte d’empreintes de pas fossiles. Mais la grande surprise a été de voir que ces empreintes, réalisées à quelques jours d’intervalle, appartenaient à deux espèces d’hominine très différentes !


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    Le Turkana est un vaste lac situé au Kenya, dans la vallée du Grand RiftRift, bien connu pour sa richesse archéologique. De nombreux artefacts et fossilesfossiles témoignent en effet de la présence très ancienne d’hominines sur ces berges. Les plus anciens outils en pierre, datant de 3,3 millions d’années, ont ainsi été retrouvés dans la région. Des restes de Kenyanthropus platyops (3,5 millions d'années), d'HomoHomo rudolfensis (1,9 million d'années), ou encore d'Homo ergasterHomo ergaster ont, quant à eux, permis de compléter nos connaissances sur la lignée humaine. Ces découvertes révèlent que si aujourd'hui ce lac est d'une importance vitale pour les animaux peuplant cette région désertique, il semble également avoir été un lieu d’occupation majeur dans l’histoire de l’humanité.

    Vue satellite du lac Turkana. © Nasa World Wind, domaine public
    Vue satellite du lac Turkana. © Nasa World Wind, domaine public

    Deux individus de deux lignées différentes présents en même temps sur les berges du Turkana

    Mais les témoignages de cette occupation ne se résument pas à des outils ou des ossements fossilisés. Récemment, une équipe de chercheurs à découvert des empreintes de pas imprimées dans la roche, sur l'une des berges du lac. Datées de 1,5 million d'années, elles mettent en évidence la présence simultanée de deux espècesespèces d'hominine bipèdes dans la région. Il faut en effet imaginer que ces traces ont été laissées seulement à quelques jours, voire quelques heures d'intervalle !

    L'analyse des empreintes imprimées profondément dans ce qui fut une berge boueuse il y a 1,5 million d'années a permis d'en identifier les auteurs. L'une des pistes a été associée à Homo erectus et l'autre à ParanthropusParanthropus boisei. Il faut donc imaginer que deux populations bipèdes, appartenant à deux lignées différentes, se sont côtoyées sur les bords de ce lac.

    Vue d'artiste de <em>Paranthropus boisei. </em>© John Gurche, <em>Smithsonian, National Museum of Natural History</em>
    Vue d'artiste de Paranthropus boisei. © John Gurche, Smithsonian, National Museum of Natural History

    Il s'agit de la première preuve d'une telle cohabitation. Il est d'ailleurs probable que les deux espèces aient interagi. Mais étaient-elles en concurrence ? Pour les chercheurs auteurs de l'étude publiée dans la revue Science, il est probable que la compétition ait été faible, voire nulle, étant donné que les deux espèces se positionnaient dans deux niches écologiques distinctes.