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Le site natoufien de Hilazon Tachtit. Crédit : Hebrew University
Les Natoufiens sont des chasseurs-cueilleurs qui vivaient au Levant entre 10.800 et 8.200 av. J.-C. et qui sont caractérisés par les premières expériences de sédentarisation. Ils tirent leur nom de Ouadi en Natouf en Judée occidentale où les premiers témoignages de la culture natoufienne y ont été découverts.
Ils se nourrissaient de gazelles, oiseaux, poissonspoissons, tortuestortues, céréalescéréales et légumes sauvages. Ce sont probablement les ancêtres des premiers groupes humains du Néolithique, c'est-à-dire ceux ayant adopté une économie de production basée sur l'agricultureagriculture et l'élevage, avec donc une sédentarisation complète, et utilisant un outillage en pierre polie et de la poterie en céramiquecéramique.
En effet, le mode de vie des Natoufiens reposait sur une sédentarisation partielle, la réduction du territoire de chasse propre à chaque groupe, l'utilisation de matériel de broyage (pour la transformation en farine de céréales sauvages) et même la domesticationdomestication du chienchien. Les Natoufiens ont aussi construit de petites habitations et des fosses-silos pour stocker les céréales sauvages.
D'après Leore Grosman, une archéologue de l'Université Hébraïque de Jérusalem, les Natoufiens auraient été des précurseurs dans un autre domaine. Avec ses collègues, elle a mis au jour et étudié une tombe sur le site de Hilazon Tachtit qui semble indiscutablement être celle d'une femme chamane âgée de 45 ans. Ce serait l'un des plus anciens exemples connus et en tout cas le seul dans la région.
Schéma montrant la tombe de Hilazon Tachtit avec le squelette entouré d'offrandes. Crédit : P. Groszman
Les indications qui conduisent à cette interprétation sont nombreuses. Il s'agit d'abord d'une tombe contenant un seul corps et ensuite celui-ci est entouré d'un grand nombre « d'offrandes » parmi lesquelles 50 carapaces de tortues complètes, un pelvis de léopardléopard, des os d'aigle royal, des crânescrânes de martes (des sortes de belettebelette) et même un pied humain ! Précisément ce qu'on s'attend à trouver dans la tombe d'un chaman, hautement considéré par les siens pour ses capacités à entrer en communication avec le monde des esprits animaux afin d'intercéder auprès d'eux pour, par exemple, guérir des maladies.
Les détails des restes d'animaux trouvés dans la tombe de la chamane. Crédit : Gideon Hartman.
A l'époque, et dans la région, se procurer 50 tortues représentait un investissement majeur de temps et d'énergie pour un petit groupe d'humains et cela témoigne donc de l'importance attribuée à cette femme qui souffrait visiblement de difformité au niveau de la colonne vertébralecolonne vertébrale avec un corps asymétriqueasymétrique. Un pilon et un mortiermortier, qui devait servir à préparer des potions renforcent aussi la conviction que l'on est en présence d'un individu ayant le rôle de sorcier guérisseur dans la société des Natoufiens.
La découverte est détaillée dans un article publié récemment dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (USA) et elle témoigne d'un changement dans la vision du monde des humains alors qu'ils étaient en train de découvrir l'agriculture dans cette région du monde.