Quand, et pour quelles raisons, les vêtements sont-ils devenus les marqueurs culturels et sociaux qu’ils sont aujourd’hui ? Une nouvelle étude nous éclaire sur cette évolution majeure dans les sociétés humaines grâce à l’étude… de petites aiguilles en os.


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    Nous portons des vêtements pour protéger notre corps du froid et de l’environnement. Mais il est certain qu'ils sont bien plus qu'une simple couverture. Marqueurs d'identité, de personnalité, d'appartenance à un groupe social, à un rang..., les vêtements jouent aujourd'hui un rôle culturel et social important, bien plus vaste que leur fonction basique initiale.

    Est-ce que l'être humain est vraiment devenu moins poilu grâce à ses vêtements ? La réponse est dans Science ou Fiction, animé par Melissa Lepoureau. © Futura

    L’apparition des aiguilles à chas

    Des chercheurs ont cependant montré que l'évolution du vêtement comme marqueur social se serait effectuée bien plus tôt qu'on ne pourrait le penser. En témoigne l'apparition de ces petits outils que nous connaissons bien : les aiguilles à chas. Ces fines aiguilles taillées dans l'os et percée d'un petit trou indiquent en effet l'apparition de techniques de couture élaborées permettant la production de vêtements plus complexes possédant notamment des ornements, comme des perles. Les plus anciennes aiguilles de ce type ont été retrouvées en Sibérie. Elles datent de 40 000 ans.

    Les premières aiguilles à chas apparaissent il y a 40 000 ans en Sibérie. © Gilligan et al, 2024, <em>Science Advances</em>
    Les premières aiguilles à chas apparaissent il y a 40 000 ans en Sibérie. © Gilligan et al, 2024, Science Advances

    La nécessité de transférer les marqueurs culturels sur les vêtements en pleine ère glaciaire

    Pour les chercheurs auteurs d'une étude publiée dans la revue Science Advances, l'apparition de ces aiguilles pourrait être en lien avec le renforcement d'un climatclimat froid à la fin du dernier âge glaciaire dans certaines régions d'Eurasie. Le port de vêtements de façon continue devient alors nécessaire pour survivre. Les chercheurs suggèrent que cet habillement aurait masqué peintures et ornements corporels ou scarifications volontaires, qui étaient alors les principaux marqueurs culturels.

    Perles, coquillages, empiècements multiples... Au Paléolithique supérieur, les vêtements semblent avoir joué un rôle bien plus important que celui de la simple protection contre le froid. © Mariana Ariza
    Perles, coquillages, empiècements multiples... Au Paléolithique supérieur, les vêtements semblent avoir joué un rôle bien plus important que celui de la simple protection contre le froid. © Mariana Ariza

    Ces marqueurs auraient donc été reproduits sur les vêtements, via la confection de fins ornements et de pièces plus complexes, révélateurs, par exemple, du rang social au sein de la communauté.