Presque trente ans avant Edmund Hillary et Tenzing Norgay, une expédition britannique tentait déjà de conquérir le plus haut sommet du monde. Un pied de l’un de ces pionniers vient d’être découvert : une piste pour répondre à de nombreuses questions entourant les premières ascensions de l’Everest…


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    Gelé dans les glaces de la plus haute montagne du monde, un pied solitaire reposait sur les flancs du glacierglacier Rongbuk, sur la face nord du mont Everest. Une découverte quelque peu morbide, mais prometteuse, pour le réalisateur Jimmy Chin et les équipes de National Geographic. Si de nombreux corps jalonnent le chemin vers le sommet de l’Everest, ce pied est particulièrement important : il pourrait appartenir à l'alpiniste Andrew Comyn « Sandy » Irvine. Ce dernier accompagnait le Britannique George Mallory pour atteindre les 8 849 mètres d'altitude, mourant lors de cette funeste expédition lancée en 1924.

    À jamais les premiers ?

    Lorsque l'explorateur George Mallory se lance dans l’ascension du mont Everest, le 6 juin 1924, le sommet n'a encore jamais été conquis. L'objectif a une portée scientifique, mais se range aussi dans la lignée des accomplissements des sociétés savantes britanniques entre le XIXe et le XXe siècle. Le Népal est alors un royaume enclavé et cloisonné, inaccessible aux étrangers et l'équipée doit transiter par le Tibet. Plusieurs tentatives avaient déjà été menées, depuis 1922, sans succès. L'expédition de 1924 implante son camp de base à 5 400 mètres d'altitude et installe progressivement de nouveaux camps, le dernier étant positionné 7 000 mètres.

    Cette botte appartient bien à l’un des premiers alpinistes à avoir affronté l’Everest. Sur la chaussette est brodée l’inscription « A. C. Irvine », permettant d’identifier son propriétaire originel. © Jimmy Chin
    Cette botte appartient bien à l’un des premiers alpinistes à avoir affronté l’Everest. Sur la chaussette est brodée l’inscription « A. C. Irvine », permettant d’identifier son propriétaire originel. © Jimmy Chin

    Douze hommes, dont Mallory et Irvine, ainsi que plus de soixante porteurs, ont rejoint l'aventure. Le 6 juin, les conditions météorologiques sont changeantes lorsque Mallory et Irvine quittent le Camp IV après deux essais les jours précédents. Les deux explorateurs sont bien plus faiblement équipés qu'aujourd'hui. Si les vêtements en laine pouvaient permettre aux alpinistes de survivre s'ils restaient en mouvement, des arrêts prolongés auraient sûrement provoqué une hypothermie rapide. Cette troisième tentative présentait de nombreux risques, multipliés par le manque de bouteilles d'oxygène. Mallory et Irvine ne descendront jamais vivants et le corps de Mallory ne sera découvert sur l'Everest qu'en 1999.

    À la recherche de la caméra perdue

    Il est impossible de déterminer si les deux hommes ont réussi à atteindre le sommet ce jour-là. Des relevés météorologiques laissent entendre que des intempéries violentes se seraient abattues sur la montagne himalayenne. Les températures peuvent alors chuter en deçà de -40 °C, avec des ventsvents soufflant entre 50 et 60 kilomètres par heure.

    Passé 8 000 mètres, les alpinistes atteignent la « zone de la mort ». Au niveau de la mer, le pourcentage d’oxygène dans l'atmosphèreatmosphère atteint 21 %. À 8 200 mètres, il n'est que de 7,5 %. Des symptômessymptômes de mal aigu des montagnesmal aigu des montagnes apparaissent dans de nombreux cas, provoquant des œdèmesœdèmes cérébraux ou respiratoires. Les raisons de la mort de Mallory et Irvine sur l'Everest sont donc multiples.

    La première ascension réussie prend place 29 ans plus tard, le 29 mai 1953, lors d'une ascension menée par Edmund Hillary et Tenzing Norgay.

     

    Résoudre le mystère du mont Everest, à savoir qui a atteint le sommet en premier. © The Ghosts Above, Renan Ozturk, Sony Alpha Films

    La communauté scientifique a toujours évoqué la possibilité que Mallory et Irvine aient été les premiers à découvrir le toit du mondele toit du monde. Une façon de le prouver serait de retrouver le boîtier emporté par Irvine lors de la troisième tentative. Les deux alpinistes auraient ainsi pu photographier une arrivée au sommet. Depuis plusieurs années, National Geographic pilote des missions pour tenter de retrouver l'appareil.

    Retrouver ce pied d'Irvine instille l'espoir. Le reste de son équipement pourrait bien se situer dans le secteur. Et permettre d'enfin résoudre l'un des plus passionnants mystères de ces 100 dernières années.