Que se cache-t-il dans la cavité découverte au cœur de la grande pyramide de Khéops ? Selon l’archéoastronome Giulio Magli, celle-ci pourrait renfermer un trône de fer… Une hypothèse séduisante qui se défend étant donné les rites funéraires au temps de la splendeur de l’Égypte ancienne.
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Édifiée il y a plus de 45 siècles, la pyramide de Khéops est encore loin d'avoir livré tous ses secrets. Voici deux mois, au terme d'une étude réalisée sur trois ans dans le cadre du projet ScanPyramids, des équipes de muographes ont révélé l'existence d'une cavité longue d'au moins 30 mètres au-dessus de la grande galerie. Surnommé « grand vide », cet espace jusqu'alors insoupçonné est, selon toute vraisemblance, inaccessible.
Pour l'instant, les chercheurs ignorent à peu près tout de cette cavité. Quelles sont ses dimensions exactes et sa structure ? Ce « grand vide » est-il horizontal ou vertical ? Et, bien sûr, quelles sont ses fonctions ? Autant de questions auxquelles les égyptologues n'ont actuellement pas de réponses.
Giulio Magli, directeur du département de Mathématiques à l'École polytechnique de MilanMilan (Italie) et professeur d'archéoastronomie, a une idée de ce qu'on pourrait trouver dans ce mystérieux espace vide. Dans un article publié sur Arxiv, il défend l'hypothèse que s'y cache... un trône de fer ! Pour lui, il est peu probable que ce « vide » soit là pour soulager la grande galerie en dessous. Pourquoi ? « Parce que le plafond de la galerie était déjà construit avec une technique en encorbellementencorbellement pour cette raison », écrit-il.
Le pharaon doit passer les « portes du ciel »
L'enseignant-chercheur soutient cette idée en s'appuyant sur ce que l'on sait des rites funéraires dans la religion de l'Égypte ancienne, notamment à travers les textes des pyramides. « Dans ces textes, il est dit que le pharaon, avant d'atteindre les étoiles du nord, devra passer les "portesportes du ciel" et s'asseoir sur son trône de fer. » Après sa mort, le pharaon doit donc se rendre vers les « Impérissables », c'est-à-dire les étoiles qui ne se couchent jamais et qui symbolisent, bien sûr, l'éternité. Il s'agit en l'occurrence de celles que nous appelons « les étoiles circumpolaires », celles qui semblent tourner autour de l'étoile polaire, laquelle, rappelons-le, apparaît immobile dans le ciel.
Or, il y a 4.500 ans, du fait de la précession des équinoxeséquinoxes, l'étoile polaire, indiquant le nord, n'était pas l'étoile la plus brillante de la Petite Ourse, notre Polaris d'aujourd'hui, mais Thuban, dans ce qui est pour nous la constellation du Dragonconstellation du Dragon et que les Égyptiens voyaient comme une femelle hippopotame. (À côté, Meskhetyu -- une patte de taureau pour les Égyptiens --, n'est autre, pour nous, que le célèbre astérismeastérisme de la Grande CasseroleGrande Casserole, aussi appelée Grand Chariot ; les sept étoiles pouvaient aussi représenter un adze, ou herminette, instrument rituel qui servait à ouvrir la bouche du roi défunt.)
Quatre corridorscorridors étroits traversent la pyramide haute de 139 mètres. Deux rejoignent la chambre mortuaire du roi et deux autres celle de la reine (voir schéma ci-dessus). Ce ne serait pas vraiment des aérations ; il est vraisemblable que ces corridors soient liés à un rituel. Des passages vers les portes du ciel ? Dans le cas du pharaon, celui du nord est orienté vers l'étoile polaire (donc Thuban à l'époque), symbole d'immortalité, et celui du sud semble viser OrionOrion (les Égyptiens voyaient en Orion Osiris, dieu de la renaissance). Dans le cas de la reine, le passage sud viserait SiriusSirius, qui représentait Isis ; à noter que celui du nord demeure toujours fermé et inexploré.
En vidéo, le déploiement du dirigeable qui pourrait explorer le « grand vide » de la pyramide de Khéops. Cette « exploration robotique minimalement invasive » est développée conjointement par l’Inria, le CNRS, la faculté d’ingénierie de l’université du Caire, l’Institut HIP, Robeauté et la fondation Dassault Systèmes. © Jean-Baptiste Mouret, Inria, CNRS, faculté d’ingénierie de l’université du Caire, Institut HIP, Robeauté, fondation Dassault Systèmes
À quoi pourrait ressembler le « trône de fer » ?
Il est donc permis de supposer que ces passages conduisent aux portes du ciel. Et celui du nord pourrait être connecté au « grand vide », exactement sous le sommet de la pyramide, suppose Giulio Magli. C'est là que serait installé le « trône de fer », « un objet dont Khéops avait besoin après avoir franchi les portes ».
Le saviez-vous ?
Le mot « Khéops » est en fait la transcription grecque de « Khoufu », du nom du pharaon qui construisit cette pyramide.
L'avenir nous le dira. Une des pistes les plus sérieuses est une « exploration robotiquerobotique minimalement invasive ». L'objet serait un minuscule dirigeabledirigeable muni de caméras -- actuellement en développement -- qui serait introduit par un passage très étroit (voir la vidéo ci-dessus). Espérons que les chercheurs obtiendront l'autorisation de déployer ce robotrobot dans cet espace mystérieux de la grande pyramide.
Enfin, en ce qui concerne l'apparence du « trône de fer », l'archéoastronome a aussi sa petite idée. L'objet serait bien différent de celui de la série Game Of Thrones. Pour en avoir un aperçu, il nous faut regarder celui de la mère de Khéops, Hétep-Hérès Ire. Reconstitué par des chercheurs de Harvard, il se compose de boisbois de cèdre recouvert d'or et de faïencefaïence. Si celui de Khéops existe, il pourrait être habillé de fer. Un fer d’origine extraterrestre, extrait des météoritesmétéorites, ces pierres qui tombent du ciel.
Construite vers 2550 avant J.-C., la pyramide de Khéops, dernière des Sept Merveilles du monde toujours debout, continue de fasciner : « C'est l'un des monuments les plus grands et les plus complexes de l'histoire de l'architecture ».
Ce qu’il faut
retenir
- Un chercheur propose que le « grand vide » découvert dans la pyramide de Khéops cache un « trône de fer ».
- Pour étayer son hypothèse, l’archéoastronome s’appuie sur les textes des pyramides.
- Selon lui, le « trône de fer » pourrait ressembler à celui de la mère de Khéops, à la différence qu’il serait recouvert d'un fer extrait de météorites.