L'alphabet runique était tout autant évolué que l'alphabet latin : c'est la conclusion d'un doctorant. Sa thèse, basée sur des recherches effectuées dans toute la Norvège, remet en question l'hypothèse selon laquelle les runes représentaient plus une forme de langage oral, et moins écrite.
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Utilisé depuis au moins le IIe siècle, date de la plus ancienne trace jamais trouvée, l'alphabet runique a coexisté avec l'alphabet latin jusqu'à la fin du Moyen Âge. Dans les années 1400, c'est ce dernier qui a pris le dessus, introduit en Norvège dès les années 1100. L'alphabet runique était constitué initialement de 24 signes, mais il a évolué dans le temps et selon les régions où il était employé en l'Europe du Nord. Jusqu'au XIXe siècle, il fut utilisé dans certaines régions reculées de Norvège, puis petit à petit nulle part.
S'il est souvent admis que les runes représentaient plus une forme orale qu'écrite de langage, surtout par rapport à l'alphabet latin, un chercheur remet cette hypothèse en question dans sa thèse de doctorat. Johan Bollaert a réalisé une étude épigraphique sur de nombreuses inscriptions médiévales à travers la Norvège et comparé les inscriptions avec les différents alphabets. Plusieurs arguments vont dans le sens d'une langue à la fois orale et écrite.
La plus grande étude épigraphique réalisée dans toute la Norvège
Tout d'abord, le contexte d'écriture : pour les runes, les seules traces se trouvent sur des pierres tombales, tandis que l'alphabet latin a aussi été utilisé pour de nombreux manuscrits. Cela signifie-t-il que la langue latine était plus avancée ? « Je pense que c'est faux, décrit Johan Bollaert dans un communiqué de l'université d'Oslo, car les inscriptions et les manuscrits ont des formes et des fonctions différentes. Un manuscrit est souvent écrit de manière à pouvoir être lu et compris hors contexte, c'est-à-dire en d'autres lieux et à d'autres moments. Une pierre tombale, en revanche, a été faite pour être placée et comprise localement. »
Ainsi, le contexte ne décrit pas forcément la complexité. Mais aussi, l'auteur évoque deux autres arguments : les inscriptions runiques se trouvaient majoritairement près des églises, où chaque personne pouvait les voir. Et aucun dessin n'était associé à l'écriture, ainsi la compréhension devait forcément passer par la lecture ! « Le manque de dessins dans les inscriptions runiques montre qu'un degré élevé d'alphabétisation est attendu », explique Johan Bollaert.