L’Histoire est parsemée de récits aux tons légendaires, ayant inspiré des aventuriers de fiction et les explorateurs du monde réel. De l’Atlantide à l’El Dorado en passant par Shambhala ou Avalon, Futura vous propose de revenir sur les traces de ces lieux mythiques, afin d’en comprendre les origines tout en analysant le vrai du faux.


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    Les légendes arthuriennes ont forgé l'histoire de la Grande-Bretagne, depuis le Moyen-Âge. De la quête du Graal au Chevalier vert en passant par Excalibur, les contes rédigés par divers auteurs durant plusieurs décennies ont suscité l'attention des historienshistoriens et des passionnés de mythologie. Bon nombre d'entre eux se sont essayés à retrouver l'un des lieux les plus célèbres des légendes arthuriennes : l'île d'Avalon. Cette dernière accueillait l'épée Excalibur, enfoncée dans un rocher, mais abrite surtout la présumée dépouille du roi Arthur. Ce dernier, après avoir subi de graves blessures lors de la bataille de Camlann, se serait retiré à Avalon pour soigner ses blessures et attendre l'opportunité de revenir pour « unifier l'Angleterre ». Mais qu'en est-il de la réalité ? Si l'existence du roi Arthur fait débat, nul doute que l'existence d'Avalon provoque aussi de sérieuses spéculations depuis des siècles.

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    Aux sources de la légende

    L'histoire entourant les mythes de la Table ronde et du roi Arthur apparaît concrètement dans l'ouvrage Historia Regum Britanniae, rédigé au XIIe siècle par le clerc Geoffrey de Monmouth. Le texte tente ainsi de retracer l'histoire des rois britanniques, et s'attarde sur le destin d'Uther Pendragon et de sa descendance, notamment Arthur. Les écrits de Monmouth inspirent un écrivain français, Chrétien de Troyes. Ce dernier rédige alors plusieurs ouvrages, qui détaillent de manière romancée les aventures du roi Arthur et des chevaliers l'ayant rejoint à la Table ronde de Camelot. Ces histoires sont diffusées entre 1170 et 1190 et créent une véritable mythologie ancrée dans la foi chrétienne, dont la manifestation la plus évidente est la traque du Saint Graal, coupe ayant supposément recueilli le sang de Jésus-Christ.

    Image du site Futura Sciences

    La dernière bataille du roi Arthur contre Mordred a souvent été illustrée, ici en 1850 par William Hatherell. © William Hatherell

    Et si le roi Arthur apparaît comme une figure messianique, fier combattant aux fortes valeurs morales, sa dernière bataille s'avère presque fatale et le force à se réfugier en Avalon. Et dès le Moyen-Âge, l'emplacement de cette « île » prête à l'incertitude. Dans l'Historia Regum Britanniae comme dans les récits ultérieurs, la fonction magique du lieu est rendue évidente. Avalon fait office d'éther dissimulé derrière le voile de la réalité. Est-ce une ville, une contrée rurale, une île réelle ? Personne ne parvient à déterminer si Avalon est réelle. Quelques indices pointent cependant vers une ville du sud de l'Angleterre, nommée Glastonbury.

    Avalon ou l’émergence d’une histoire nationale

    Entre Bath et Exeter, au sud-ouest de l'Angleterre, s'étend donc la ville de Glastonbury. Depuis le centre de la commune, on observe une unique colline s'élever, avec à son centre une modeste tour. Appelée « TorTor », ce monument est mentionné dans la mythologie celtique et apparaît dans la légende arthurienne. Autour de la colline, s'étendent les bras de plusieurs cours d'eau, réputés pour offrir la vitalité à ceux qui la consomment. Le lieu attire ainsi les curieux en recherche de spiritualité. Plus au centre, une abbaye partiellement détruite ayant été le lieu de couronnement de plusieurs rois suscite l'interrogation. Des tombes découvertes dans le complexe sont autant d'éléments confirmant l'importance de Glastonbury durant le Moyen-Âge.

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    Particulièrement imposant, le Tor de Glastonbury est cité depuis le Moyen-Âge et fait l’objet des plus folles spéculations. © CC BY-SA 2.0, Eugene Birchall

    Mais entre mythes et faits réels, qu'en est-il concernant les légendes arthuriennes et l'île d'Avalon ? Dès la fin du Moyen-Âge, des personnalités proches du pouvoir royal font de l'histoire d'Arthur un objet politique. Le savant John Dee, conseiller de la reine Elizabeth, s'intéresse notamment aux recherches archéologiques tout au long du XVIe siècle, passionné par la potentielle découverte d'artefacts liés à la légende du Graal. Des historiens tels que Peter French ont mis en exergue l'idée selon laquelle cette mythologie est devenue l'un des blocs fondateurs d'un pays encore jeune, en plein développement démographique et politique. Au sein de la recherche universitaire, déterminer l'existence ou non du roi Arthur et du folklore l'entourant est un domaine sérieux. Il est possible que Geoffrey de Monmouth se soit inspiré de plusieurs chefs militaires influents ayant conquis des provinces britanniques à la chute de l’Empire romain. Quant à l'île d'Avalon... Lorsque la plaine anglaise se couvre d'une brumebrume épaisse durant les matins d'automneautomne, elle recouvre la ville de Glastonbury et ses alentours. N'émerge alors qu'un îlot de terre surmonté de son « Tor », lieu de sépulturesépulture particulièrement approprié pour un roi de légende.