Le cinquième épisode de Chasseurs de Science est désormais disponible. Pour cette nouvelle excursion dans le temps, venez à la rencontre du célèbre chirurgien Robert Liston, à l'origine de la seule opération de l'Histoire avec un taux de mortalité de 300 %.
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Né le 28 octobre 1794, l'Écossais Robert Liston s'est illustré comme l'un des chirurgiens les plus brillants de son siècle. Dès le début de sa carrière professionnelle, il se démarque comme un praticien volontaire et dévoué, capable de traiter des patients jugés causes perdues par ses pairs. N'hésitant pas à remettre en question les méthodes de ceux qui l'ont précédé, il laisse derrière lui de nombreuses inventions. Et son nom est encore enseigné aujourd'hui dans les écoles de médecine.
« Robert Liston, le chirurgien le plus rapide de l'Ouest » est le cinquième épisode inédit de notre podcast sur les traces des aventuriers de la science. Découvrez-le dès à présent sur vos plateformes de podcast favorites.
Robert Liston, le chirurgien le plus rapide de l'Ouest !
Outre sa dévotion et son talent, Robert Liston avait un autre atout crucial pour son époque : sa rapiditérapidité. Opérant en effet à une période où l'anesthésie n'a pas encore été introduite, il souligne l'importance de pratiquer des interventions courtes, capables de limiter au maximum la douleurdouleur infligée au patient, mais aussi la quantité de sang perdue durant l'incision ou l'amputationamputation. Il sera d'ailleurs surnommé « le scalpel le plus rapide de l'Ouest » par le docteur et historienhistorien de la médecine Richard Gordon.
Alors que d'autres médecins perdaient régulièrement un patient sur quatre sur la table d'opération, Liston se distingue avec seulement un patient sur dix passant de vie à trépas lors de ses interventions. Ses opérations deviennent des performances à part entière, où le chirurgien montre sa dextérité pendant que ses assistants le chronomètrent. Malheureusement pour lui, c'est aussi ce talent qui lui vaudra sa plus grande déconvenue : une opération avec un taux de mortalité de 300 %, que nous vous proposons de découvrir dans ce podcast.
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Transcription du podcast
Bienvenue dans Chasseurs de science, un podcast produit par Futura. Je m'appelle Emma, et je serai votre guide temporelle au cours de cette excursion. Aujourd'hui, nous nous pencherons sur le cas d'un chirurgien du XIXe siècle, auteur de l'unique opération de l'Histoire avec un taux de mortalité de 300%. Vous écoutez Chasseurs de sciences, si ce podcast vous plaît, n'hésitez pas à le partager sur les réseaux sociauxréseaux sociaux et à nous laisser un commentaire.
Né le 28 octobre 1794 dans le village écossais d'Ekolzmaaken, Robert Liston s'est illustré comme l'un des chirurgiens les plus brillants de son siècle. Embauché à l'âge de 23 ans par l'Infirmerie royale d'Édimbourg, il se distingue par son application et traite avec succès plusieurs patients jugés causes perdues par l'infirmerie. N'hésitant pas à remettre en question les méthodes de ceux qui l'ont précédé, Liston lègue de nombreuses inventions à la médecine. En 1837, alors enseignant à l'université d'Édimbourg, il publie un ouvrage intitulé Practical Surgeries. À une époque où l’anesthésie n’a pas encore été inventée, il souligne l'importance de pratiquer des opérations rapides et efficaces, afin d'épargner au patient plus de douleur qu'il n'en serait nécessaire, et accessoirement, de limiter la perte de sang durant l'incision.
Alors que d'autres médecins perdaient régulièrement un patient sur quatre sur la table d'opération, Liston se distinguait avec seulement un patient sur dix passant de vie à trépas lors de ses interventions. Nul besoin de dire que ce talent faisait de lui l'un des chirurgiens les plus prisés de Londres. Un homme dévoué qui faisait de son mieux pour prendre en charge jusqu'au dernier des patients qui faisaient la queue devant son cabinet.
Malheureusement, c'est la rapidité de Liston, surnommé plus tard "le scalpel le plus rapide de l'Ouest" par le docteur et historien de la médecine Richard Gordon, qui lui vaudra l'une de ses plus grandes déconvenues.
Imaginez la scène. Dans un claquement de portesportes, le chirurgien et ses assistants pénètrent dans l'amphithéâtre en grande pompe. Le public retient son souffle. Les étudiants, les médecins et la famille du patient s'apprêtent à voir opérer le célèbre docteur Robert Liston. Depuis leurs sièges, ils se penchent pour mieux voir la table d'opération où se tient le malheureux sur le point d'être amputé. La main de Liston survole les instruments rutilants avec lesquels il escompte couper, scier, recoudre. Le patient produit un gémissement, redoutant le moment où le métal entrera en contact avec ses nerfsnerfs à vif. Il transpire, fébrilefébrile, implorant peut-être le Seigneur que cet instant ne soit pas son dernier. Soudain, sa respiration anxieuse est couverte par une voix impérieuse retentissant sous la coupole : « Chronométrez-moi messieurs ! »
Sans plus de cérémonie, le chirurgien se saisit fermement de la jambe du patient et commence à entailler la peau sous le genou. Le pauvre homme étouffe un cri tandis que son teint devient livide. Les assistants le maintiennent fermement en place, afin d'éviter tout mouvement infortuné qui pourrait lui être fatal. Liston quant à lui garde les yeuxyeux sur son incision : les muscles tendus, l'esprit en alerte, il concentre toute son attention et son sang-froid sur l'opération afin que celle-ci se termine au plus vite. Encore un passage du scalpel, puis c'est au tour de la scie de faire son entrée sur scène. L'amphithéâtre s'emplit du son terrible des raclements de la lame contre l'os. Quelques spectateurs, horrifiés, détournent les yeux en portant instinctivement les mains à leurs oreilles. D'autres, plus courageux, répriment une grimace compatissante et se contraignent à observer la scène, leurs doigts serrant nerveusement le tissu du pantalon qui couvre leurs cuisses. Le patient, lui, est devenu muet. Sa silhouette pâle s'agite encore de convulsionsconvulsions occasionnelles lorsque le métal se rapproche un peu trop de sa chair d'écorché. Les assistants, épuisés, accueillent ce répit avec gratitude et relâchent leur prise d'une infime fraction. L'opération, débutée il y a à peine deux minutes, est sur le point de se terminer.
Mais c'est alors que les choses prennent une tournure inattendue. Après tout, qui n'a jamais dans un excès de zèle, été victime de quelque incident fâcheux ? Emporté par un enthousiasme sans borne, énergiquement appliqué à la tâche, il est déjà arrivé au meilleur d'entre nous de commettre un impair. C'est ainsi que, dans sa verve, Liston ne remarque pas la main de l'un de ses assistants, et d'un coup de scie malencontreux, emporte dans son mouvement deux des doigts du pauvre jeune homme.
Les yeux de ce dernier s'exorbitent tandis qu'il retire ce qu'il reste de sa main mutilée dans un geste vif. Face à cette nouvelle effusioneffusion de sang, les spectateurs incrédules se penchent plus en avant. Ceux du premier rang agrippent fermement la balustradebalustrade qui les séparent de la scène. Le chirurgien, mortifié, ne s'interrompt qu'une fraction de seconde pour soupeser la situation. Entre une jambe et deux doigts, la décision est vite tranchée, si l'on peut dire. Ce sera son assistant qui devra faire preuve de patience.
Liston redouble donc d'ardeur à la tâche, coupant à travers l'os aussi vite que ses muscles le lui permettent, ignorant la sueur qui trouble sa vision. Soulagement ! Le dernier coup de scie est donné et d'un airair triomphant, Liston passe l'instrument dans son autre main afin de se saisir de l'aiguille. Un spectateur penché en avant pour mieux discerner la scène a juste le temps de voir la lame étincelante s'approcher de lui. Persuadé que son heure est venue, il choisit de devancer le destin et meurt sous le coup de la frayeur. Un choix regrettable car la scie se contente d'entamer un pan de sa redingote avant de poursuivre sa course. Le public est sous le choc, absorbant la scène pour pouvoir la restituer dans les plus menus et croustillants détails à leur famille ce soir.
Liston, blême, demande l'arrêt du chronomètrechronomètre. C'est un nouveau record. Deux minutes et demi, un patient amputé, un assistant mutilé, et un spectateur mort de peur. Un joli score arrondi à trois morts lorsque, quelques jours plus tard, le patient et l'assistant succombent à la gangrènegangrène.
L'anecdote, ainsi que la raconte l'historien Richard Gordon dans son livre Grands Désastres médicaux, est possiblement apocryphe. Elle est donc à prendre avec un grain de sel.
Liston nourrissait également, comme nombre de médecins de son époque, un intérêt marqué pour les patients atteints d'hydrocéphaliehydrocéphalie. Victimes d'une accumulation de fluide cérébrospinal entre le cerveaucerveau et la boîte crânienneboîte crânienne, ces personnes sont reconnaissables à leur crânecrâne sur-développé. De tels cas étaient rares, et leurs squelettes très prisés des médecins. Néanmoins, à l'époque, l'étude du cadavre des honnêtes gens était rarement considérée de bon ton. Les médecins étaient alors contraints de recourir à des résurrectionnistes, spécialisés dans l'exhumation illégale des corps, destinés à la revente sur le marché noir médical.
Dans les années 1830, un jeune garçon hydrocéphale avait largement attiré l'attention de plusieurs médecins d'Édimbourg de son vivant. À sa mort, sa famille, redoutant que sa sépulturesépulture ne fût assaillie par les praticiens à la tombée de la nuit, fit surveiller la tombe par des gardiens, au cimetière de Firth of Forth. On raconte qu'un soir, deux hommes distingués se rendirent sur place en calèche et demandèrent au fossoyeur de veiller sur leur cheval une heure durant. Ils l'informèrent également qu'un colis leur serait livré et devrait être placé dans le coffre sous les sièges de leur véhicule, suite à quoi ils se retirèrent. Peu de temps après la livraison du colis, les deux gentlemen revinrent, remercièrent le fossoyeur et s'en allèrent sans éveiller de soupçons. Lorsque les gardiens arrivèrent plus tard dans la nuit pour s'assurer que la tombe était toujours intacte, ils n'y trouvèrent qu'un trou béant. Le crime fut attribué à nul autre que Liston lui-même, dont le livre Elements of Surgery, publié quelques temps plus tard comporterait l'illustration d'un squelette dont l'anatomieanatomie rappellerait étrangement celle du garçon disparu.
Le 21 décembre 1846, Liston exécuta la première opération majeure sous anesthésieanesthésie en Europe. Fidèle à la légende, il boucla l'affaire en seulement 25 secondes. Cet épisode signe le commencement d'une nouvelle ère pour la médecine, mettant fin aux performances de médecin comme Liston qui, malgré leur agilité, n'étaient jamais entièrement à l'abri d'une coûteuse erreur d'attention.
Le chirurgien mourut l'année suivant d'une rupture d'anévrismerupture d'anévrisme de l'aorte et son nom figure encore dans les livres d'histoire aujourd'hui.
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