Les cartes ne servent pas uniquement à repérer des lieux. De façon indirecte, elles représentent un formidable atlas des croyances et légendes de l’Antiquité.
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Si les cartes nous servent à repérer des lieux, nous oublions souvent qu'elles sont également de formidables archives des croyances de nos ancêtres, car les noms de nombreuses villes, mais surtout la toponymie de la plupart des fleuves, îles, continents ou mers sont l'héritage des contes de la mythologie antique. Lorsque nous lisons les noms d'Europe, d'Asie et de Libye par exemple, sans le savoir, nous faisons référence à d’anciens dieux ou héros grecs et romains. Chaque partie du monde est ainsi habitée par ces légendes, construites par les différents peuples de l'Antiquité et désormais gravées à tout jamais sur nos planisphères.
Des dieux sur Terre et dans le ciel
Mais pourquoi ce besoin de nommer certains lieux du nom d'un héros ou d'un dieu ? Il ne faut pas oublier que, pour nos ancêtres de l'Antiquité, la nature était peuplée de phénomènes étranges et inexplicables. Pas étonnant d'attribuer dans ce cas des noms de surhommes à des régions particulières, et en premier lieu, à la voûte céleste !
Car le ciel est certainement le premier endroit où l'on retrouve de nombreux personnages de la mythologie grecque ou romaine. Le nom même de la Terre en est tiré. TerraTerra est ainsi une déesse romaine. Son union avec UranusUranus, le dieu du ciel, donne naissance à divers êtres fantastiques, dont SaturneSaturne, dieu du bléblé et de la fertilité. Toutes les planètes du Système solaire font ainsi référence à une divinité. De nombreuses constellations également ont été nommées en lien avec un élément mythologique, le schéma des étoiles rappelant à nos ancêtres certains êtres légendaires. Par exemple, la constellation de l'Aigle fait ainsi référence à l'oiseauoiseau de Zeus, celle du Capricorne à la chèvre qui lui donna son lait alors qu'il était bébé.
Honorer les héros et s’assurer la protection des dieux
Mais revenons sur Terre. Il est clair que certains lieux ont été nommés pour honorer directement une divinité ou un héros, comme c'est le cas de la mer Égéemer Égée à laquelle on a attribué le nom du célèbre roi d'Athènes qui se jeta dans cette mer en pensant que son fils Thésée avait été tué par le Minotaure. La ville de Rome fait, quant à elle, référence à son héros fondateur : Romulus. Le rattachement à une figure héroïque de certains lieux ou villes ne faisaient qu'accroître son importance et son prestige.
Les grands sites naturels, pour certains terrifiants, comme les fleuves puissants ou les volcansvolcans, ont bien sûr hérité de noms tirés de la mythologie. C'est le cas notamment de l’Etna, demeure de la nymphenymphe Aetnos.
Pour d'autres lieux, l'origine mythologique semble toutefois moins certaine et il semblerait que les légendes qui habitent certains toponymes soient arrivées de façon secondaire, soit pour expliquer un nom aux sonorités étranges, soit pour placer ce lieu sous la protection d'une divinité. C'est le cas de Delphes, qui signifie Dauphin. La ville, dont le nom n'a rien de divin, se voit placé sous la coupe d'Apollon, en référence à l'animal dont il prit la forme face à des marins crétois.
Une tradition toujours d’actualité
Donner des noms mythologiques à certains lieux particuliers est une tradition qui ne s'est cependant pas arrêtée à l'Antiquité. Encore aujourd'hui, les noms de héros et divinités grecs ou romains continuent d'être attribués. Le programme spatial Artemis en est un bon exemple. Nouveau chapitre de l'exploration de la Lune par des êtres humains, ce programme de la Nasa porteporte le nom de la fille de Zeus et sœur jumelle d'Apollon. Déesse de la nature sauvage, elle est également associée à la Lune. Ici encore, cette référence à une divinité mythologique véhicule de nombreuses idées et valeurs. Le choix d'un personnage féminin n'est d'ailleurs pas anodin puisque le programme Artemis prévoit d'envoyer pour la première fois une femme sur la Lune.