Comme la plupart des pays européens, le territoire ukrainien a mis du temps à se construire et a connu une histoire complexe. Petit tour d'horizon de la construction de l’Ukraine, en cartes.
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Position stratégique entre les parties orientale et occidentale du continent européen, en bordure de la mer Noiremer Noire, le territoire ukrainien voit s'installer sur son sol diverses populations aux cultures très différentes, et ce, dès l'Antiquité et plus particulièrement durant les premiers siècles de notre ère.
Des tribus slaves à la Rus’ de Kiev
Il est ainsi successivement peuplé par les Goths, puis par des peuples turcophones ou finno-ougriens (Huns, Avars, Bulgares, Khazars, Magyars, Tatars, Mongols...), qui s'installent principalement le long de la mer Noire. Les parties occidentale, centrale et septentrionale sont plutôt occupées par des tribus slaves, et ce, depuis le VIe siècle. La ville de Kiev, l'une des plus anciennes d'Europe de l'Est, a ainsi été fondée par les peuples scandinaves. Il s'agissait alors certainement d'un poste commercial idéalement situé sur la route reliant la Scandinavie à Constantinople.
Au VIIIe siècle, les Varègues, des Vikings orientaux, fédèrent par le commerce ces différentes tribus slaves, jusqu'à la prise de Kiev par Oleg le Sage, qui fonde alors la Rus' (ou Rous) de Kiev. Cette principauté est la première ébauche de la Russie moderne qui lui doit son nom. Jusqu'au XIe siècle, elle est d'ailleurs le plus vaste État d'Europe. Petit à petit, la population, alors sous influence varègue, se convertit en majorité au christianisme. C'est l'âge d'or de la principauté. Mais cette période de prospérité va cependant être suivie par un âge sombre. En 1240, Kiev est entièrement détruite par les Mongols qui envahissent et s'installent sur le territoire. Elle perdra toute influence pendant plusieurs siècles et sera soumise au contrôle successif de ses voisins plus puissants.
Domination polonaise et lituanienne, naissance du peuple Cosaque
L'invasion mongole est rudement combattue par les Polonais et les Lituaniens, qui finissent par récupérer la partie nord-ouest du territoire de l'actuelle Ukraine. Kiev est ainsi annexée en 1362 au grand-duché de Lituanie. Le peuple tatar continue d'être présent sur la côte de la mer Noire ainsi qu'en Crimée.
Au fur et à mesure, le royaume de Pologne étend son influence sur tout le territoire ukrainien, tout en laissant au grand-duché de Lituanie l'actuel territoire biélorusse. Le duché de Ruthène occupe Kiev et la partie sud-est du territoire.
La domination principalement lituano-polonaise du XVe siècle, qui impose le catholicisme, mène à un soulèvement des paysans orthodoxes qui se regroupent sous l'effigie du peuple cosaque. Se dessine alors progressivement un important clivageclivage culturel entre la partie nord-ouest, orthodoxe et sous influence lituano-polonaise et la partie sud-est, sous domination turco-tatare mais qui passera par la suite sous contrôle de l'Empire russe. Cette fracture est toujours visible aujourd'hui et s'illustre désormais par une tendance pro-européenne au nord-ouest, et une tendance pro-russe au sud-est.
Au XVIe siècle, les Cosaques se soulèvent contre la noblesse polonaise. Kiev retrouve alors une position importante, notamment comme centre culturel, dans le but d'unifier les peuples cosaques et ruthènes. Cette série de soulèvements ébranle les fondations de l'union lituano-polonaise qui contrôle alors le territoire cosaque et débouche vers 1650 à la naissance d'un territoire cosaque autonome qui prend le nom d'« Ukraine », dont l'étymologie fait référence à un « pays frontalier ». Cet embryonembryon de l'actuelle Ukraine s'étend alors dans le bassin du DnieprDniepr, entre la Pologne et la Russie. Au début du XVIIIe siècle, l'Ukraine cosaque est un pays fortement alphabétisé et cultivé.
Annexion par l’Empire russe et première indépendance en 1917
Mais, dès 1709, les Cosaques sont annexés par l'Empire russe. Le sud du territoire est toujours sous contrôle tatar et ottoman. À la suite de l'expansion de l'Empire russe vers la Pologne, toutes les frontières de la région sont redessinées : en 1772, la Galicie (Ukraine de l'ouest) devient autrichienne et en 1793, l'autonomieautonomie des Cosaques est supprimée. Les trois quarts de l'actuelle Ukraine passent ainsi sous domination russe, et se voient divisés en plusieurs entités administratives vassales, comme les gouvernements de Kiev, de Tchernigov, d'Ekaterinoslav...
Ces différents « gouvernements » sont regroupés en plusieurs entités, comme la Petite Russie (qui représente la majorité du territoire actuel de l'Ukraine) et la Nouvelle Russie située le long de la mer Noire. La langue ukrainienne est interdite dans les écoles en 1876 pour endiguer le retour d'un mouvement régionaliste. Mais la Russie n'arrivera pas à faire taire le nationalisme qui gagne le pays. En 1917, alors que l'Empire russe est affaibli par la Première Guerre mondiale et la Révolution russe, les Ukrainiens déclarent ainsi leur indépendance. Cette action se concrétise par la création de la Rada centrale, un corps représentatif situé à Kiev et dont Mykhaïlo Hrouchevsky devient le premier président.
La situation est cependant loin d'être stabilisée et l'Ukraine devra faire face, au cours du XXe siècle, à de nombreux coups d'État et affrontements avec ses voisins polonais, russes ou allemands. En quelques décennies, le territoire de l'Ukraine est déchiré et morcelé, pour finir par se retrouver sous la coupe soviétique. La route de l'unification et de la constructionconstruction de l'Ukraine moderne ne prendra fin qu'en 1954, avec le transfert de la Crimée à la République socialiste soviétique (RSSRSS) d'Ukraine par Khrouchtchev. Puis il faudra attendre la chute de l'Union soviétique pour que l'Ukraine retrouve son indépendance, proclamée le 24 août 1991.
Et pourtant, l'histoire du pays est loin d'être terminée. Elle se joue encore aujourd'hui.