Le 25 décembre prochain, un remake du Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau, le tout premier film de vampire de l’histoire du cinéma, viendra terroriser les salles obscures. Mais depuis cette adaptation non autorisée du Dracula de Bram Stoker, les vampires du grand écran ont bien changé. Tout comme cette nouvelle version de Nosferatu, il est donc peut-être temps pour un retour aux sources ? Partons en quête de l’origine des vampires !


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    En 1922, quand le public découvre la figure monstrueuse et inquiétante du Comte Orlock - alias Nosferatu - dans le film de Murnau, il n'y a pas de doutes : le vampire est une créature malfaisante sur tous les points. Ses longs onglesongles crochus, ses oreilles pointues, ses grands yeuxyeux sombres et sa silhouette imposante qui lui donne des allures de spectre... Impossible de ressentir autre chose que de la peur à sa vue.

    Plus tard, en 1931, Bela Lugosi offrira au cinéma une interprétation historique de Dracula dans le film éponyme de Tod Browning. Avec son accent hongrois et ses allures de dandy séducteur, il transforme le simple monstre en manipulateur aguerri. Le comte vampirique est toujours un antagoniste, mais il est charismatique, élégant et reçoit même des lettres d'admiratrices qui rêvent de se faire vampiriser. 

    Figurine représentant Bela Lugosi en Dracula. © Willrow Hood, Adobe Stock
    Figurine représentant Bela Lugosi en Dracula. © Willrow Hood, Adobe Stock

    Au fil des années, les vampires de la culture populaire se font moins manichéens. Dans les années 90, Dracula de Francis Ford Coppola et Interview avec un vampire de Neil Jordan présentent des vampires victimes de leur nature, accablé d'une malédiction qui les rongent. Le tout sous les traits de Brad Pitt ou Gary Oldman, bien loin de la figure effrayante de Nosferatu. Cette évolution nous mène jusqu'à Edward Cullen, le vampire gendre idéal de la saga Twilight. Pourtant, l'origine du mythe ne présageait pas un tel retournement de situation. 

    Brahmarakshasa, nukekubi et vampire

    Loin du manoir transylvanien de Dracula, des variantes du vampire que l'on connaît bien peuplent le folklore de nombreux pays. Au Japon, les nukekubi sont des monstres à l'apparence humaine et qui vivent intégrés à la société, mais la nuit venue, leur tête se détache de leur corps puis vole librement à la recherche de victimes à mordre. En Inde, dans la religion hindouiste, quand un brahmane - un maître spirituel - commet des fautes, il est transformé en démondémon brahmarakshasa après sa mort et est condamné à se nourrir de sang et de chair humaine. La malédiction est un trait commun à d'autres de ces créatures folkloriques, comme les Edimmus mésopotamiens, des fantômes d'humains enterrés dans de mauvaises conditions qui posséderaient le pouvoir d'aspirer la vie des plus faibles, les enfants notamment. Mais notre vampire à la Dracula vient peut-être d'une malédiction bien plus terre à terre. 

    Un nukekubi japonais © Tada, Adobe Stock
    Un nukekubi japonais © Tada, Adobe Stock

    Le fils du dragon et la maladie du vampire

    Pour écrire Dracula, Bram Stoker se plonge dans le folklore est-européen et mène des recherches presque académiques. Il emprunte alors le nom de son personnage à Vlad III l’« Empaleur », un commandant militaire sanguinaire ayant vécu au Moyen Âge sur le territoire de l'actuelle Roumanie. Son autre sobriquet ? Drăculea, « le fils du dragon », hérité de son père, Vlad II dit « Dracul », le dragon.

    Mais, malgré son goût prononcé pour la torture et les exécutions sommaires, c'est bien tout ce que Stoker emprunte à Vlad III pour créer le terrible comte. Les autres caractéristiques classiques des vampires, comme le régime sanglant ou l'aversion pour la lumière du soleil, sont également héritées de l'histoire de la noblesse d'Europe de l'Est, mais de l'histoire médicale cette fois.

    En effet, les hautes sphères de l'époque étaient souvent frappées par la porphyrie, une maladie du sang héréditaire qui provoque des symptômessymptômes étonnants comme une sensibilité au soleil et au soufre contenu dans l'ailail ou une récession gingivale qui donnait aux dents un aspect de crocs. Les médecins recommandaient même aux patients de boire du sang pour compenser leur déficit de globules rougesglobules rouges ! Bref, tout y est. Détail surprenant, la porphyrie a été reconnue comme maladie en 1911, huit ans avant la publication de Dracula. La médecine imiterait-elle parfois la fiction ?