Cinq ans après le violent incendie qui a ravagé une partie de sa structure, la cathédrale Notre-Dame de Paris est devenue un chantier d'envergure pour permettre aux 12 millions de visiteurs annuels de (re)découvrir les allées de l'édifice. Elle s'est littéralement transformée, arborant désormais de nouvelles caractéristiques qui se dévoilent peu à peu au grand public avant sa réouverture.
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Passer l'entrée de Notre-Dame de Paris, avant le 15 avril 2019, c'était pénétrer dans un édifice monumental aux œuvres absolument resplendissantes. L'un des joyaux architecturaux de l'histoire de France avait toutefois subi les affres du temps et ses pierres avaient vieilli, assombries par la suiesuie des bougies et l'altération naturelle des couleurs. Des travéestravées au déambulatoire, régnait dans la cathédrale une atmosphèreatmosphère calme, les détails de la structure mis en exergue par des lumières tamisées. Mais pendant quinze heures, du 15 au 16 avril 2019, les flammes dévorent la charpentecharpente de l'édifice et provoquent la chute de la flèche iconique imaginée par Eugène Viollet-le-Duc et inaugurée en 1859.
Nul ne sait alors ce qu'il est advenu de la partie interne de Notre-Dame de Paris. Quelques heures après la fin de l'incendie, des experts arrivent sur place pour évaluer les dégâts. Si la majorité de la charpente est partie en fumée, l'intérieur de l'édifice se révèle moins endommagé qu'attendu. Le président de la République promet alors une réouverture à l’issue de cinq années de travaux. S'engage une restauration mobilisant des milliers de personnes afin de rétablir la cathédrale. À quelques jours de la réouverture au public, prévue pour le 8 décembre, Notre-Dame semble avoir rajeuni de plusieurs siècles, provoquant de vives réactions sur les réseaux sociauxréseaux sociaux.
Peau neuve pour une cathédrale vieille de 900 ans
Sur les premières images de Notre-Dame, les pierres autrefois grisâtres apparaissent d'un blanc éclatant ! Aucun changement extravagant n'est venu bouleverser l'architecture caractéristique de la cathédrale, mais la blancheur de sa structure semble accroître considérablement la luminositéluminosité. Un effet surprenant pour les visiteurs ayant déjà arpenté les recoins du bâtiment. Notre-Dame renoue avec l'un des aspects primordiaux de l'imaginaire gothique : la volonté de créer un espace lumineux, jouant sur les rayons du soleil perçant les vitraux colorés. Un choix symbolique, représentant la lumière divine inondant le lieu, mais aussi pratique, permettant aux fidèles de réaliser leur procession sans encombres. Lors de l'émergenceémergence de l'art gothique au XIIe siècle et à la date du début de constructionconstruction de Notre-Dame de Paris en 1163, le rapport à la lumière est donc une spécificité capitale, s'observant dans d'autres cathédrales en France et en Europe.
Notre-Dame : le nouveau reliquaire de la couronne d'épines. © KTO TV, YouTube
Des éléments esthétiques ont été remplacés et restaurés. Le journal La Croix répertorie une partie de ces travaux, tel que la réparation de figures de carnaval sculptés au niveau de la clé de voûte du transept sud. Le châsse-reliquaire, préservant la couronne d'épine, un clou et un morceau de boisbois de la croix de Jésus-Christ, a quant à lui changé d'apparence. Les ateliers Saint-Jacques, situés dans les Yvelines, ont conçu un nouveau coffre basé sur une esquisse de Sylvain Dubuisson. Minimaliste, le nouveau reliquaire adopte un aspect circulaire doré avec un œillet bleu en son centre. À l'instar du précédent, il sera disposé dans la chapelle centrale de l'abside, au fond de la cathédrale.
Une précision étonnante, dès le XIIe siècle
Notre-Dame de Paris se repose désormais sur une charpente neuve, fabriquée après des examens post-incendie visant à déterminer la solidité de la structure. En raison des réglementations, la charpente ne pouvait être reconstruite dans des conditions analogues au Moyen Âge. Stéphane Morel, professeur au sein de l'université de Bordeaux et coordinateur du groupe de travail « structure » affilié au CNRS, explique que « tout était fait pour reproduire la charpente à l'identique malgré les conditions de construction différentes (...) Aujourd'hui, nous utilisons des bois qui sont préconditionnés, avec 12 % de teneur en eau dans la construction. Là, nous ne pouvions pas sécher des bois de si grande dimension, la charpente est donc en "bois vert", séchant au fil des ans après la pose ».
L'intérieur de Notre-Dame de Paris se révèle ! © Rebâtir Notre-Dame de Paris
Autre point critique des diagnosticsdiagnostics après l'incendie : l'état des voûtes, primordiales pour la bonne tenue de l'intérieur de la cathédrale. « Une grande partie de l'attention s'est focalisée sur les voûtes du chœur, qui sont des maçonneries très fines, avec des arcs portant sur treize mètres pour une largeur de seulement douze centimètres. Par chance, rien n'a endommagé la clé de voûte, ce qui aurait été bien plus dramatique pour la construction globale », ajoute le professeur Morel.
Des procédures de consolidations ont donc été réalisées au cours des cinq dernières années, pensées pour renforcer la structure interne. Et l'universitaire de conclure : « Nous continuons d'en apprendre toujours plus sur la cathédrale. Notre-Dame est extrêmement bien conçue. Dans nos calculs, nous déterminons le comportement des voûtes et des appuis, et quand les deux sont en interaction, nous obtenons un équilibre quasi parfait. C'est une construction très maîtrisée et qui laisse songeur, même aujourd'hui il est difficile d'acquérir un équilibre aussi précis. Notre-Dame de Paris est un cas exceptionnel qui continue de susciter l'émerveillement. »