Alors que les Jeux olympiques débutent à Paris, cette édition 2024 mettra de nouveau à l’honneur des sports extrêmes. Les pratiques à risque font frissonner et passionnent. À travers l’histoire, des peuples du monde entier ont souvent fait preuve d’inventivité pour créer des sports dangereux et pourtant fascinants, depuis les premières heures de l’Antiquité.


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    Si les athlètes de la Grèce antique ne dévalaient pas les pentes de montagnes sur des vélos sophistiqués, différentes cultures à travers le monde pratiquent des sports risqués depuis des siècles. En créant le Comité international olympique en 1894, Pierre de Coubertin lorgne l'histoire antique et les jeux sportifs organisés de 776 avant J.-C. à 300 de notre ère. Certaines épreuves, telles que l'athlétisme, ont survécu à l'épreuve du temps et découlent directement de l'Antiquité. Et les sportifs antiques avaient eux aussi un certain attrait pour l’adrénaline et les sports spectaculaires. Une caractéristique que l'on retrouve même chez des peuples plus anciens encore.

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    Du pugilat au saut de taureau dans la Grèce antique

    Avant de jouer à saute-mouton, les habitants de la Crète durant l'Antiquité sautaient par-dessus... les taureaux ! Dans la culture minoenne, le taureau était un animal symboliquement important. Lié au mythe du roi crétois Minos, le taureau était aussi la représentation de la force et de la fertilité. Plusieurs œuvres retrouvées dans des temples de Crète mettent en avant cette pratique, durant laquelle des sportifs empoignaient un taureau par les cornes afin d'effectuer un saut acrobatique. L'archéologue et spécialiste de la culture minoenne Arthur Evans excavait ainsi à Knossos un schéma détaillant la figure effectuée par les athlètes. Il est toutefois complexe pour les historienshistoriens de déterminer si cette pratique était concentrée à Knossos ou répandue sur le reste de l'île.

    Image du site Futura Sciences

    Le « bull leaping », ou « sauter de taureau », était une pratique sportive de Knossos et ses environs, en Crète. © Arthur Evans

    Un sport extrême ancien ayant fait son apparition durant les Olympiades de 648 avant J.-C. était le pancrace. Ce mélange de boxe et de lutte pourrait se rapprocher de l'actuelle MMA. Les concourants se présentaient nus, avec très peu de règles pour permettre de triompher. Les combattants ne devaient ni arracher de membres à son adversaire, ni mordre, ni planter des doigts dans les yeuxyeux. Un kylix à figures rouges exposé au British Museum montre une scène surprenante : un arbitre de pancrace bat les compétiteurs avec un bâton pour avoir enfreint les règles. Le pancrace était manifestement très apprécié par les spectateurs malgré la brutalité de l'activité, si bien que le sport s'est décliné à travers les siècles.

    Les universitaires s'accordent à penser que les courses de chariot pouvaient sûrement se montrer aussi violentes que dans certaines œuvres de fiction. Les nacelles tractées par deux à quatre chevaux pouvaient atteindre des vitesses élevées, provoquant parfois heurts et sorties de route, avec des accidentsaccidents spectaculaires à la clé. Si ces courses pouvaient apparaître durant les Jeux olympiques antiques, elles sont aussi organisées sous les Empires romain et byzantin ainsi qu'en Égypte.

    Quid des autres cultures ?

    La lutte et les arts martiaux se retrouvent dans d'autres civilisations à travers le monde, que ce soit chez les Sumériens ou en Asie, dans des pays tels que la Thaïlande. L'Amérique n'est pas en reste. Si les peuples primitifs outre-Atlantique n'avaient pas ventvent des coutumes européennes et asiatiques, certaines activités physiques se démarquaient par leur dangerosité. Le site The Archaeologist parle d'un sport aux enjeux rituels méso-américain, appelé ōllamalīztli. Un anneau de pierre installé verticalement sur un murmur servait à ce que les joueurs fassent passer une balle à travers. Une pratique en apparence simple mais se parant d'un tout autre aspect en observant ses règles en détail. Les Mayas et les Olmèques désignaient des prisonniers pour jouer. Et les perdants étaient bien souvent sacrifiés au nom de divinités précolombiennes.

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    Les peuples précolombiens pratiquent un jeu de balle, avec un anneau fixé verticalement sur un mur. Au contraire du basketball, les joueurs pouvaient être sacrifiés en cas de défaite… © CC BY-SA 2.5, Sputnik, Wikimedia Commons

    Plus au nord, dans la péninsulepéninsule de l'actuelle Floride, les Amérindiens Séminoles luttaient contre des alligatorsalligators. Une pratique extrêmement dangereuse qui pouvait prendre place lors de célébrations au sein des tribus locales. Les descendants du peuple Séminole continuent occasionnellement la lutte contre les alligators. Plus de risques, plus de gloire ?

    L'histoire des sports extrêmes à travers le monde et leur existence chez les peuples anciens démontrent une appétence pour ces disciplines, qui se perpétuent encore aujourd'hui. En 2021, les Jeux olympiques de Tokyo accueillaient pour la première fois des disciplines « extrêmes ». BMX, VTT, surf ou encore escalade sont de nouveau représentés lors de l’édition de Paris 2024.