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Il y a un peu moins d'un siècle, Edwin HubbleEdwin Hubble et quelques-uns de ses collègues nous ont ouvert les portesportes d'un nouveau territoire, celui du royaume des nébuleuses. Nous avons fait des progrès très significatifs dans son exploration mais force est de constater que le monde des galaxies et des amas de galaxies contient encore bien des zones d'ombres. À commencer par celles qui sont du ressort des énigmes de la matière noire et de l'énergie noire.
Hubble avait en son temps proposé une classification des galaxies. Certains, mais pas lui, y voyaient les indices d'une évolution de ces structures cosmiques qui peuvent contenir des milliards d'étoiles. En gros, trois grands types pouvaient être distingués : celles en forme de disque (qui peuvent contenir ou non des bras spiraux et qui sont lenticulaires ou spirales), les elliptiques et les irrégulières.
Les astronomesastronomes ont d'abord cru que les galaxies débutaient leur vie sous forme elliptique pour ensuite devenir des spirales. Mais au fur et à mesure que leurs caractéristiques ont été mieux comprises et que les images de ces astresastres sont devenues plus nombreuses et mieux résolues, cette interprétation a été renversée.
En effet, il est apparu que les galaxies elliptiquesgalaxies elliptiques sont pauvres en gazgaz et en poussières et se composent généralement d'étoiles âgées. Les spirales en sont quant à elles beaucoup plus pourvues et présentent un mélange de population d'étoiles jeunes et âgées. Les images des galaxies irrégulièresgalaxies irrégulières ont révélé qu'elles étaient, parfois, clairement associées à des collisions de galaxies en cours, avec des forces de maréeforces de marée démantelant les étoiles sous forme d'arches de matièrematière et de courants stellaires. De plus, les galaxies irrégulières sont assez riches en gaz, poussière et étoiles jeunes.
Il fut donc proposé que les galaxies elliptiques soient en réalité le produit final des collisions avec fusionsfusions de nombreuses galaxies spiralesgalaxies spirales, qui seraient nées les premières. À chacune de ces coalescencescoalescences, des flambées d'étoiles se produisent. Celles-ci consomment le gaz présent dans les galaxies jusqu'à ce qu'il n'en reste plus assez pour générer un nombre significatif de nouvelles étoiles.
Image de l'amas massif de galaxies jouant l'effet d'un télescope naturel. La galaxie distante "morte", de couleur rouge, est encadrée par un rectangle. © Nasa, ESA, S. Toft (University of Copenhagen), M. Postman (STScI), the CLASH team, Insu
Une jeune galaxie de 3 milliards d'années déjà morte
Or, voilà que des observations menées par une équipe internationale d'astronomes, dont certains sont membres de l'Irap, l'Institut de recherche en astrophysiqueastrophysique et planétologie à Toulouse, et du Cral, le Centre de recherche astrophysique de Lyon, viennent compliquer ce schéma, comme en témoigne un article disponible sur arXiv.
Les chercheurs se sont concentrés sur le cas de MACS2129-1, une galaxie lointaine dont des observations par effet de lentille gravitationnellelentille gravitationnelle avaient été effectuées grâce au télescopetélescope Hubble dans le cadre du ClusterCluster Lensing And SupernovaSupernova survey with Hubble (CLASH). Il a été possible d'en déduire des estimations concernant les massesmasses des étoiles de cette galaxie ainsi que leurs âges et leur taux de formation. En les complétant par celles fournies par le VLTVLT de l'ESOESO en ce qui concerne les vitessesvitesses des étoiles, on obtient une image surprenante.
Mieux résolue, elle montre que l'on est en présence d'une galaxie « morte » avec de relatives vieilles étoiles. Il ne s'en forme plus de nouvelles et sa rotation est presque deux fois plus rapide que celle de la Voie lactéeVoie lactée, tout en étant trois fois plus massive. S'agit-il d'une galaxie elliptique ? Pas du tout. On est en présence d'un disque sans bras spiraux, deux fois plus petit que notre galaxie, et dont la formation stellaire s'est arrêtée, faute de gaz, seulement quelques milliards d'années après le Big Bang.
En fait, MACS2129-1 est observée alors que le cosmoscosmos n'était âgé que de trois milliards d'années. Cette jeune et massive galaxie est donc déjà morte avec son contenu similaire à celui d'une vieille galaxie elliptique.
Dans le cadre du modèle standardmodèle standard de l'évolution des galaxies en astrophysique, les chercheurs ont du mal à rendre compte de l'existence d'un pareil objet. Il y a, néanmoins, au moins une piste de recherche. On sait que les trous noirs supermassifstrous noirs supermassifs au centre des galaxies peuvent produire un souffle de rayonnement particulièrement puissant quand ils fonctionnent comme des quasars. Peut-être que celui qui doit se trouver au sein de MACS2129-1 a-t-il été tellement actif qu'il a éjecté tout le gaz disponible rapidement, entrainant ainsi la mort prématurée de cette jeune galaxie.
En tout état de cause, cette découverte « bouleverse notre compréhension de la formation et de l'évolution des galaxies massives. En effet, l'universunivers à cette époque était rempli de gaz et était au maximum de son histoire de formation stellaire » écrit le CNRS dans son communiqué.
Ce qu’il faut
retenir
- Dans le cadre du modèle cosmologique standard, les jeunes galaxies spirales se forment les premières et grandissent, au moins en partie, par fusions successives en donnant de grandes galaxies comme la Voie lactée. Des milliards d'années plus tard, elles vont à leur tour fusionner pour donner des galaxies elliptiques pauvres en gaz. La formation stellaire s'arrête.
- Pourtant, bien qu'en forme de disque et âgée de seulement 3 milliards d'années, MACS2129-1 se comporte comme une galaxie elliptique massive morte et âgée.
- L'astrophysique de l'évolution des galaxies n'est donc pas encore correctement comprise et le rôle des trous noirs supermassifs pourrait être plus important que prévu.