Sortie le 10 juin 2022 sur la plateforme Apple TV+, la saison 3 de For All Mankind part cette fois la conquête de Mars. Et pas de n’importe quelle façon : c’est une mission habitée qui est lancée en 1994. La série, comme à son habitude, fait écho à de réels faits scientifiques, discutés dans cet nouvel épisode de Science, ça tourne !
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Elle s'inscrit dans la longue lignée des séries uchroniques de science-fiction qui réutilise des événements du passé en les modifiant : la série For All Mankind est de retour pour une troisième saisonsaison le 10 juin 2022. Depuis ses débuts, elle réinvente l'histoire de la Guerre froide, et tout ce qui en découle, à partir de faits historiques réels. Mais surtout, elle se distingue par son réalisme frappant dans la description et la mise en scène des missions spatiales. Du moins, pour les deux premières saisons.
Mais qu'en est-il dans la troisième ? L'action prend place dans les années 1990, plus précisément de 1994 à 1996. La compétition fait toujours ragerage entre les États-Unis et l'URSS, mais cette fois pour un tout autre but, la Lune ayant déjà épuisé son potentiel : notre Planète voisine, surnommée la Planète rouge, Mars. Les auteurs de la série expliquent s'être inspirés pour cette saison de réels projets, notamment pour les combinaisons et les vaisseaux spatiaux qui accompagnent les humains vers la Planète rouge.
Aller sur Mars : un projet qui date réellement des années 1990 ?
L’exploration de Mars fait bien partie des enjeux de la course à l’Espace qui ont alimenté la compétition entre les États-Unis et l'URSS jusqu'en 1975. L'idée a donc germé bien avant les années 1990, mais pas pour y amener des humains. Ainsi, dès 1964, une sonde spatiale américaine Mariner 4 est envoyée pour survoler la Planète rouge, dont elle réussit à ramener plusieurs clichés. Mais il faudra attendre 1971 pour voir un engin se poser directement sur la planète, lorsque la sonde spatiale Mars 3 parvient à envoyer un atterrisseur sur le sol martien. Il n'y a survécu cependant que quelques secondes, avant de se faire emporter par une tempêtetempête de poussière martienne.
Ce n'est que 5 ans plus tard, en 1976, que deux atterrisseurs parviennent non seulement à fouler le sol martien, mais surtout à y rester ! Dans le cadre du programme américain Viking, les deux engins ont exploré la surface de la Planète rouge afin d'y déceler d'éventuelles traces de vie, et ont permis de cartographier 97 % de la planète ! Au total, « près de quarante missions ont été lancées vers Mars et plus de la moitié d'entre elles se sont terminées par un échec », décrit l'ESA.
Colonisation de Mars : techniquement bien plus compliquée que la Lune
S'ensuivent après les missions des années 1970, vingt années sans exploration martienne, sauf quelques tentatives plus ou moins infructueuses, comme PhobosPhobos et Mars observer. Durant cette période, des missions habitées sont imaginées, et des programmes plus évolués pour déterminer si oui ou non, de la vie se trouve sur Mars. Car celle-ci, durant ses débuts, aurait hébergé des conditions similaires à celles de la Terre, sur laquelle la vie est apparue très tôt : de l’eau liquide y aurait coulé il y a 4 milliards d’années, et ce, durant 1,3 milliard d'années ! Ainsi, les scientifiques pensent que la vie aurait pu émerger, sans forcément survivre ensuite.
Actuellement, la Planète rouge est bien hostile pour une quelconque forme de vie : l'atmosphèreatmosphère s'y est affinée au fil du temps à cause de l'arrêt de son effet dynamo, impliquant la perte progressive de son champ magnétique et laissant alors les vents solaires balayer son atmosphère. Elle ne protège pas des rayons cosmiquesrayons cosmiques, et ne permet pas de garder la chaleurchaleur apportée par le SoleilSoleil. Ainsi, c'est un climatclimat froid accompagné d'un paysage désertique qui attend tout explorateur qui s'aventure à la surface de Mars. Mais ça n'empêche pas les agences spatiales de prévoir de tels exploits.
Sans compter le temps : en effet, là où les missions ApolloApollo ont duré en moyenne une dizaine de jours, pour Mars, c'est autre chose. Rien qu'un aller vers la Planète rouge prend entre 6 et 9 mois. D'où la nécessité d'une quantité astronomique d'oxygèneoxygène et de nourriture, sans compter le carburant, la prise en compte du confinement des astronautesastronautes, des effets de l'apesanteurapesanteur sur le long terme..., autant de freins qui s'additionnent à la complexité d'un atterrissage sur la Planète rouge. Car celle-ci, contrairement à la Lune, possède une gravitégravité non nulle, d'environ 37 % de celle de la Terre, rendant toute manœuvre plus périlleuse.
Finalement, ce ne sera pas avant la fin de la décennie, et encore…
Nous sommes donc encore loin d'une réelle mission habitée sur Mars. Mais si, sur ce point-là, For All Mankind diverge de la réalité, le scénario s'illustre néanmoins par des clins d'œilœil qu'il est difficile de ne pas percevoir. Notamment l'ajout de la compagnie privée Hélios Aerospace, qui vient s'additionner à la compétition entre l'URSS et les USA. Impossible de ne pas y voir une référence à Elon MuskElon Musk et sa compagnie Space X, et, de manière générale, à la privatisation de l'exploration spatiale. Un curieux hasard s'ajoute à cette référence immanquable : l'hôtel spatial PolarisPolaris dans For all Mankind porteporte le même nom que le programme spatial privé annoncé en février 2022 par Space X et Jared Isaacman, qui devrait compter au moins trois missions. À l'occasion des 20 ans de la société, la société Space X a d'ailleurs déclaré qu'elle voyagerait sur Mars bien avant la Nasa, et Gwynne Shotwell, présidente et directrice de SpaceXSpaceX, d'annoncer sur CNBC que SpaceX « devancerait la NasaNasa d'au moins une décennie pour faire atterrir des astronautes sur Mars » !
En effet, Elon Musk compte amener des humains dès la fin de la décennie sur Mars, bien que rien ne soit prêt technologiquement parlant. Alors que la Nasa n'y compte pas s'y rendre avant la décennie 2030, voire 2040. Car la première étape, d'après l'agence spatiale américaine, consiste à établir une base sur la Lune, et à étudier les effets sur le corps d'un séjour dans l'Espace sur le long terme : c'est l'objet du programme Artemis, qui vise à envoyer des humains sur la Lune en 2025. Elle servira ainsi de test pour les futures missions martiennesmissions martiennes, et le Starship, futur lanceur qui, selon Space X, emmènera à son bord les futurs colonisateurs de Mars, y fera ses preuves.