Notre ADN, c’est ce qui fait de nous ce que nous sommes. Mais ce que nous sommes n’est pas très adapté aux voyages dans l’espace. Alors certains imaginent que, pour coloniser la Lune ou Mars, nous pourrions être amenés à modifier notre ADN. C’est technologiquement presque possible. La question est : est-ce réellement souhaitable ?
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Voyager dans l'espace est dangereux. Les scientifiques le savent. Et régulièrement ils découvrent de nouveaux effets indésirables qu'un séjour en dehors des limites de la Terre peut avoir sur les humains et leur santé. Pertes musculaires, problèmes de vue et même atteintes du système nerveux ou risques accrus de développer un cancercancer ou une maladie dégénérative. En cause notamment, les radiations qui inondent l'espace. Des radiations qui, dans notre environnement proche, sont surtout émises par notre Soleil. Mais aussi par d'autres événements de type explosion d'une étoile en supernova.
Sur Terre, nous sommes protégés - jusqu'à un certain point en tout cas - de ces rayonnements que les scientifiques qualifient d'ionisants. Dans l'espace, ces rayonnements de haute énergie traversent la matière - y compris les corps humains - comme des boulets de canon, en laissant derrière eux des dommages importants. D'où l'idée soutenue par certains que l'exploration spatiale par les humains serait bien trop dangereuse. Ceux-là plaident pour nous faire remplacer par des robotsrobots.
Modifier notre ADN pour conquérir la Lune
Mais d'autres, comme Jan Wörner, l'ex-directeur général de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), maintiennent. « Nous devons accepter que ce soit dans l'ADNADN des humains de découvrir les choses par eux-mêmes. Les astronautesastronautes peuvent faire des choses que les robots ne peuvent pas faire. » De ce point de vue, les scientifiques vont devoir trouver des solutions pour protéger ceux qui s'embarqueront pour un voyage en direction de la Lune et plus encore de Mars ou au-delà.
Et la solution pourrait venir de notre ADN. Plus exactement, de la modification de notre ADN. L'opération est désormais à la portée de la science. Grâce à l'outil moléculaire Crispr-Cas9 qui permet de modifier l'expression des gènesgènes. Ou grâce à ses dérivées et à ses évolutions que sont le base ou le prime editing.
Un peu de tardigrades dans notre ADN ?
Des généticiens étudient à cet effet par exemple un drôle d'animal microscopique. Le tardigrade. Parce qu'il est connu pour être étonnamment résistant à des températures et à des pressionspressions extrêmes tout comme à des niveaux de radiations élevés. Il peut même survivre dans le vide de l'espace. Alors, imaginez si une fois les gènes clés de ces folles caractéristiques découverts, nous pouvions les insérer dans notre propre génomegénome. L'opération a déjà été tentée sur des cellules humaines, en laboratoire. Et elles se sont effectivement montrées plus résistantes aux rayons Xrayons X.
Avant de voir un être humain augmenté de gènes de tardigradetardigrade, il faudra encore sans doute patienter. D'autant que certains pays ont mis en place des règles très strictes pour l'usage des outils d'édition génomiqueédition génomique. Mais le débat est désormais d'autant plus lancé que la technologie semble vouloir s'emballer. Rappelez-vous l'exemple de ce généticiengénéticien chinois qui a fait naître des jumeaux modifiés pour présenter une immunitéimmunité naturelle contre le virus du sida. C'était en 2018, déjà. Et avec l'idée que de telles manipulations de l'ADN humain nous ouvriraient la porteporte des étoiles, il est plus que probable d'un pays ou un laboratoire cherche encore à franchir le pas. Bonne ou mauvaise idée ? C'est la question que pose Sam McKee, philosophe des sciences à la Manchester Metropolitan University (Royaume-Uni), dans The Conversation.