Un projet de loi pourrait contrarier les plans de la Nasa qui prévoient un retour sur la Lune dès 2024 comme le souhaite l’administration Trump. Les politiciens qui l’ont rédigé souhaitent que la Nasa concentre ses efforts sur l’exploration humaine de Mars avec une première, habitée, à l’horizon du début des années 2030.
au sommaire
Les représentants démocrates et républicains du Comité des sciences, de l'espace et des technologies de la Chambre des représentants des États-Unis, en charge des questions politiques et budgétaires liées à la Nasa, ont présenté un projet de loi rejetant le plan de la Maison Blanche, à savoir le retour sur la Lune dès 2024, suivi d'une exploration et d'une exploitation lunaires durables et, à plus long terme, l'envoi d'expéditions humaines sur Mars (programme Artemis).
Ce projet de loi se concentre sur l'exploration humaine de Mars, bien qu'il ne délaisse pas pour autant la Lune dont il envisage un retour en 2028 comme cela était initialement prévu. S'il ne fixe pas de date précise, ce projet a pour objectif de faire atterrir des humains sur Mars, de manière durable dès que possible et mentionne tout de même une mission habitée autour de Mars en 2033.
Pour les politiciens qui ont rédigé ce projet, la Lune doit avant tout servir de tremplin vers Mars, c'est-à-dire que son utilisation sera limitée aux seules activités précurseurs pour l'exploration de Mars. Ils rappellent qu'initialement le programme Moon to Mars, sur lequel ils se sont appuyés, n'inclut pas spécifiquement l'avant-poste lunaire Lop-G (GatewayGateway) ou l'utilisation in situ des ressources lunaires tels que cela est prévu dans le programme Artemis. S'ils sont poursuivis par la Nasa, ces deux projets devront être financés en dehors du programme Moon to Mars.
Le programme Artemis de Trump mis à mal
Autre point de désaccord majeur : les partenariats publics-privés que souhaite mettre en place la Nasa pour la fourniture de services de transport à destination de la Lune. Pour ces politiciens, il faut que le gouvernement soit propriétaire des atterrisseurs lunaires que la Nasa prévoit de confier au secteur privé. Ils souhaitent également un système d'atterrissage lunaire intégré, embarqué sur le lanceur SLS plutôt que des systèmes complexes à multi-composants comme cela est prévu aujourd'hui.
Il faut avouer que le scénario en question est assez complexe à mettre en œuvre. Il prévoit d'envoyer des astronautes jusqu'au Gateway à l'aide du vaisseau Orion, puis de parcourir les 100 derniers kilomètres qui séparent la station de la surface lunaire à bord d'un atterrisseur équipé de son propre système de propulsion. Cet atterrisseur aura été livré préalablement, tracté jusqu'au Gateway par un remorqueur spatial (tug). À la fin de la mission, une partie de l'atterrisseur restera sur la Lune et un module de remontée permettra de rejoindre le Gateway où restera amarré le vaisseau OrionOrion utilisé par les astronautes pour revenir sur Terre.
Enfin, ce projet de loi encourage la participation internationale à la mise en œuvre du programme Moon to Mars, en particulier un avant-poste habitable à proximité de Mars. Il n'est pas contre une participation du secteur privé qui fournirait des services commerciaux mais pas dans les proportions envisagées par la Nasa dans le cadre du programme Artemis. En conclusion, ce projet de loi, qui a tout de même peu de chance d'être voté en l'état, est intéressant car il contient de nombreux détails sur la façon de mettre en place une stratégie d'exploration humaine de Mars, de la Lune à Mars, en s'appuyant sur le lanceurlanceur SLS (Space Launch Système), l'étage supérieur EUS (Exploration Upper Stage) et le secteur privé.