Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis pourraient bien se rendre sur Mars plus rapidement que prévu, malgré des défis techniques et logistiques majeurs. Les développements récents, tels que le Starship de SpaceX et la nomination de Jared Isaacman à la tête de la Nasa, pourraient changer la donne dans la façon dont les missions vers Mars et la Lune sont envisagées. Notre analyse.


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    Lors de ses discours de campagne, Donald Trump a clairement exprimé son désir de mener les États-Unis vers Mars avant la fin de son mandat. Au cours de son premier mandat (2016-2020), il avait plaidé pour une mission habitée vers Mars avant 2030, remettant en question la nécessité de passer par la Lune avant cette destination. Malgré ses hésitations initiales, Trump a finalement poursuivi dans la lignée des programmes d'exploration engagés par Barack Obama en mettant l'accent sur le retour sur la Lune avec le programme Artemis, avant d'envisager Mars comme prochaine étape.

    À cette époque, la Nasa préconisait d'établir une présence prioritaire sur le pôle Sud de la Lune, en raison des importantes réserves de glace qui pourraient servir de ressource en carburant pour les futures missions martiennesmissions martiennes. Le pôle Sud lunaire était considéré comme une étape préalable à une mission habitée sur Mars à réaliser vers le milieu des années 2030.

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    Une restructuration du programme Artemis est-elle possible ?

    L'émergenceémergence du Starship de SpaceX pourrait bouleverser ce scénario en éliminant peut-être le besoin d'un détour par la Lune pour atteindre Mars. Ce véhicule spatial offrirait la possibilité de transférer des quantités importantes de carburant en orbite, offrant une alternative crédible au plan initial de la Nasa. Par ailleurs, le développement du système de transport de la Nasa, avec le lanceur SLS et le véhicule OrionOrion, accumule des retards et des dépassements budgétaires entraînant des coûts additionnels annuels considérables.

    Le pari audacieux de Trump, de Musk et de Isaacman : un Starship martien d'ici deux ou quatre ans ! © Goran, Adobe Stock
    Le pari audacieux de Trump, de Musk et de Isaacman : un Starship martien d'ici deux ou quatre ans ! © Goran, Adobe Stock

    Dans ce contexte, peut-on s'attendre à ce que le programme Artemis, évalué à plus de 90 milliards de dollars, soit remis en question en faveur d'une approche davantage axée sur Mars que sur la Lune ? Nous ne le pensons pas.

    Les ambitions lunaires de la Nasa resteront intactes, notamment en raison du risque de voir la Chine s'installer seule au pôle Sud lunaire

    Même si la nomination de Jared Isaacman à la tête de la Nasa, fervent défenseur de l'exploration humaine, laisse à penser qu'elle pourrait entraîner un changement de cap en matière d'exploration, les ambitions lunaires de la Nasa resteront intactes, notamment en raison du risque de voir la Chine s'installer seule au pôle Sud lunaire, qu'elle prévoit d'atteindre en 2030, voire 2029. Or, Donald Trump a toujours insisté sur le maintien de la suprématie américaine dans l'exploration spatiale.

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    L’avenir incertain du SLS pour les vols habités

    En revanche, nous pensons que le programme SLS de la Nasa sous sa forme actuelle doit être remis en cause. On sait que Jared Isaacman est très critique envers le SLS, sur ses difficultés à respecter son calendrier et à justifier son utilité pour les vols habitésvols habités. En comparaison, le lanceur StarshipStarship de SpaceXSpaceX est présenté comme une alternative plus efficace que la fusée SLS, non réutilisable et coûteuse. S'il ne fait guère que Donald Trump soutiendrait l'abandon du SLS pour les vols habités au profit du Starship, la question est de savoir si le Congrès qui, ne l'oublions pas, fixe les orientations et le budget de la Nasa, autorisera ce tour de passe-passe en raison de ses conséquences économiques à l'échelle nationale.

    Même s'il est peu probable que des pans entiers du programme Artemis soit restructurés, Jared Isaacman pourrait néanmoins réaffecter des centaines de millions de dollars de contrats en faveur de SpaceX et d'autres projets du secteur privé jugés innovants et prometteurs dans le domaine de l'exploration robotiquerobotique et humaine.

    Enfin, sous la direction de Jared Isaacman et de l'administration Trump, la simplification des contraintes réglementaires, en particulier liées à l'environnement, pourrait favoriser l'évolution positive de l'industrie des lanceurs et du retour en orbite, réduisant ainsi les délais et les coûts de développement de nombreux programmes.