Le comité du programme scientifique de l’Agence spatiale européenne a décidé de prolonger les opérations de 10 missions. Cinq sont des programmes propres à l’agence, les autres sont des contributions de l’ESA à d’autres programmes externes. Plusieurs de ces missions sont devenues légendaires par leur apport scientifique, et aussi par leur longévité.

Du côté de la Planète rouge, l'ESA a décidé de poursuivre les opérations de la sonde Mars Express, qui s'est mise en orbite le 25 décembre 2003. La mission de la sonde est prolongée jusqu'à fin 2026, avec une option allant jusqu'à fin 2028. La sonde, en orbite depuis donc près de 20 ans, pourra soutenir les communications de MMX dont l'arrivée est prévue en 2025.

Vue d'artiste de Mars Express survolant Mars. © ESA, Alex Lutkus
Vue d'artiste de Mars Express survolant Mars. © ESA, Alex Lutkus

Autre mission mythique : Gaia. Le télescope spatial cartographiant notre Galaxie continuera ses opérations jusqu'à l'épuisement de son système de propulsion qui devrait avoir lieu à la mi-2025. La phase post-opérationnelle a été prolongée jusqu'à fin 2030, pour permettre la publication des quatrième et cinquième catalogues de données.

Le satellite Gaia observant et mesurant les objets de la Voie lactée. À droite, les galaxies du petit et grand nuage de Magellan. © satellite : ESA/ATG medialab & Voie lactée : ESA/Gaia/DPAC; CC BY-SA 3.0 IGO, A. Moitinho
Le satellite Gaia observant et mesurant les objets de la Voie lactée. À droite, les galaxies du petit et grand nuage de Magellan. © satellite : ESA/ATG medialab & Voie lactée : ESA/Gaia/DPAC; CC BY-SA 3.0 IGO, A. Moitinho

Les télescopes spatiaux XMM-Newton et Integral sont eux aussi prolongés. Le premier observe l'Univers en rayons X tandis que le second étudie les rayons gamma de moyenne énergie provenant de trous noirs. XMM-Newton est prolongé jusqu'à fin 2026 (option pour fin 2029) et Integral est prolongé jusqu'à fin 2024. Il pourra ainsi collaborer à la quatrième campagne de détection d'ondes gravitationnelles par les instruments Ligo, Virgo et Kagra, durant 18 mois à partir de mai prochain.

Vue d'artiste d'Integral. © ESA Medialab
Vue d'artiste d'Integral. © ESA Medialab

Quant à la mission Cluster, elle est aussi prolongée jusqu'à septembre 2024.

Et des contributions également maintenues et prolongées

L'ESA prolonge sa contribution aux missions Cheops, Iris et Hinode jusqu'à 2026, et celle au télescope spatial solaire Soho jusqu'à fin 2025, avant l'arrivée d'un télescope de nouvelle génération.

Enfin, la contribution de l'ESA à Hubble continue jusqu'à 2026 (option jusqu'à 2029), alors que la Nasa réfléchit à une prochaine mission de maintenance.


8 missions d'exploration planétaires prolongées par la Nasa

Article écrit par Daniel Chrétien, publié le 1er mai 2022.

L'Agence spatiale américaine a décidé lundi 25 avril de prolonger la vie de sept sondes planétaires et d'un rover, suite à une nouvelle évaluation. Il est classique d'étendre la durée des missions planétaires, tant que les sondes sont en bon état pour fournir des données. Panorama des missions étendues.

Toutes ces sondes ont déjà apporté des résultats scientifiques pendant leur durée de vie initiale ou sont en extension de mission. Sauf exception, les agences comptent généralement utiliser les sondes bien au-delà de leur durée de mission initiale. Par exemple, le rover martien Opportunity avait une durée de vie initiale de 90 jours. Au final, il a roulé pendant près de quatorze ans jusqu'à ce qu’une tempête de sable le prive de lumière pendant des mois, mettant fin à sa mission. Les prolongements ont été décidés sur l'avis d'un panel d'experts indépendants issus d'académies, de la Nasa, et de l'industrie spatiale.

Tant que ça roule, on continue ! Même si ses roues sont pleines de trous, le rover Curiosity ne s'arrêtera pas. C'est reparti pour trois ans de plus ! © Nasa, JPL
Tant que ça roule, on continue ! Même si ses roues sont pleines de trous, le rover Curiosity ne s'arrêtera pas. C'est reparti pour trois ans de plus ! © Nasa, JPL

Extension des missions martiennes

Plusieurs sondes orbitales ont vu leur durée de mission prolongée. C'est le cas tout d'abord de la sonde Maven. Depuis sa mise en orbite en septembre 2014, la sonde étudie l’interaction entre l’atmosphère martienne et le champ magnétique martien avec le Soleil, notamment quand il est à son pic d'activité. C'était le cas en 2014 quand la sonde est arrivée autour de Mars. Le prochain pic d'activité solaire est attendu en 2023-2024. Par conséquent, la mission de Maven a été prolongée de trois ans.

Les sondes Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) et Mars Odyssey ont également été prolongées de trois ans. Ces deux sondes sont déjà assez anciennes. MRO est arrivée en orbite autour de la Planète rouge en 2006 et continue de nous fournir de magnifiques images de la surface avec l'instrument HiRISE. Mars Odyssey est la plus ancienne sonde spatiale autour de Mars (toutes nations confondues), avec plus de 20 ans de mission ! (Elle est arrivée en octobre 2001.) Les deux sondes servent aussi de relais entre la Terre et les rovers Curiosity et Perseverance. MRO et Odyssey vont continuer d'étudier la glace et les roches martiennes, tout en suivant le climat de la planète.

Au sol, c'est le rover Curiosity qui bénéficie d'une nouvelle prolongation de trois ans. En août prochain, cela fera dix ans que le rover roule sur Mars et analyse son sol. Il a parcouru plus de 27 kilomètres et va continuer de monter plus haut dans le cratère Gale à la recherche de couches de sulfates. L'étude de ces dernières nous communique des informations exclusives sur l'histoire de l'eau sur Mars. Enfin, la mission Insight, posée en novembre 2018, et qui enregistre les séismes martiens avec l'instrument français Seis, a été prolongée jusqu'à fin 2022. En effet, les panneaux solaires sont trop recouverts de sable et de poussière pour lui permettre plus de temps, sauf si un tourbillon « Dust Devil » vient nettoyer tout ça.

La poussière s'accumule sur les panneaux solaires d'Insight. Désormais, la plateforme reçoit trop peu de lumière pour fonctionner normalement. © Nasa
La poussière s'accumule sur les panneaux solaires d'Insight. Désormais, la plateforme reçoit trop peu de lumière pour fonctionner normalement. © Nasa

Nouvelle mission pour Osiris-Rex

Pour rappel, la sonde Osiris-Rex a prélevé de nombreux échantillons à la surface de l'astéroïde Bennu en octobre 2020. Aujourd'hui, la sonde file vers la Terre pour y larguer la capsule d'échantillons le 24 septembre 2023. Après cela, elle sera réassignée à une nouvelle mission : se mettre en orbite autour de l'astéroïde géocroiseur Apophis. Ce dernier, d'un diamètre de près de 370 mètres, passera à seulement 32.000 kilomètres de la Terre en 2029. Peu après, la sonde se mettre en orbite autour de lui. Ce sera l'occasion d'étudier de près pour la première fois un astéroïde de type S et de voir les effets à sa surface causés par son passage très près de notre Planète. Par conséquent, la mission a été prolongée de neuf ans et prendra le nom de Osiris-Apex pour Apophis-Explorer.

La célèbre mission New Horizons a également été prolongée. Après avoir survolé Pluton en 2015, puis le corps glacé Arrokoth (anciennement Ultima Thulé) de la ceinture de Kuiper en 2019. Sa mission est désormais d'étudier les confins du Système solaire, à plus de 63 fois la distance Terre-Soleil (63 unités astronomiques). C'est donc sans surprise que New Horizons se voit prolongée de trois ans.

Enfin, la dernière mission à avoir été prolongée est la sonde lunaire Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO). Cette sonde scrute la surface sélène depuis juin 2009. Prolongée de trois ans, LRO doit notamment viser les zones du pôle Sud lunaire qui sont en permanence à l'ombre, où pourrait se trouver de la glace d'eau. Ses observations continueront de préparer le retour des États-Unis sur la Lune.

La mer Imbrium vue par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter. © Nasa
La mer Imbrium vue par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter. © Nasa