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Sous la férule de dogmes religieux, l'humanité a pensé durant des siècles qu'elle était le centre de l'univers. Un monde clos, un petit jardin en somme, plutôt qu'un univers infini auquel, d'ailleurs, il était interdit de songer sous peine, au mieux, d'un long enfermement et, au pire, de bûcher (ce fut les deux pour Giordano BrunoGiordano Bruno). Finalement ce décorum étriqué n'a pas résisté à la charge initiée par la révolution copernicienne. Les pionniers GaliléeGalilée, Kepler, Newton et tant d'autres nous ont permis de sortir, à grands pas, des ténèbres dans lesquels nous étions enfermés.
À présent, l'univers s'est comme déplié et nous observons son expansion qui s'accélère. À plus petite échelle, autour de nous et dans toute la Galaxie, on sait que chaque étoile (ou presque) possède une ou plusieurs planètes. En 20 ans de chasse aux exoplanètes, près de 2.000 ont d'ores et déjà été confirmées. Certes, c'est encore peu quand on songe qu'il y en a certainement des centaines de milliards dans toute la Voie lactée ! En se référant aux découvertes réalisées, en l'espace de quatre ans, par le satellite Kepler -- on lui doit déjà 1.030 exoplanètesexoplanètes (dont Kepler-452b et Kepler-186f, les « plus ressemblantes à la Terre ») sur les 1.956 connues et quelque 4.696 candidates ! -- et en extrapolant les données, des chercheurs estiment qu'il y a au moins un milliard d’exoterres habitables, des planètes comparables à la nôtre. Cela fait du monde, n'est-ce pas ? Eh bien, il faut encore multiplier ce chiffre par les centaines de milliards de galaxies dans l'univers observable... Parmi elles : combien sont rocheuses, combien sont dans la zone habitable et combien sont habitées ? Nous ne pourrons certainement jamais apporter de réponses précises et définitives à ces questions qui nous taraudent, mais seulement des statistiques qui n'auront de cesse de s'affiner au fil des découvertes des prochaines décennies, siècles et millénaires...
La Terre est apparue « assez tôt »
Dans une étude qui vient de paraître dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, une équipe dirigée par Peter Behroozi du STScI (Space Telescope Science Institute) argue que notre douce Planète bleue est plutôt une pionnière dans l'histoire de l'univers. Lorsqu'elle s'est formée dans notre Système solaireSystème solaire, il y a 4,6 milliards d'années, seulement 8 % des mondes potentiellement habitables existaient déjà, selon leurs recherches. Les 92 % restants étaient à venir. C'est d'ailleurs toujours en cours et cela durera vraisemblablement jusqu'à la fin des temps, supposée dans environ 100.000 milliards d'années... (Il peut s'en passer des choses d'ici là...)
Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont travaillé sur la généalogie de notre planète et, par conséquent, sur celle du SoleilSoleil et de notre galaxie. « Notre principale motivation était de comprendre la place de la Terre dans le contexte du reste de l'univers, a expliqué à la NasaNasa, le directeur de cette étude théorique, ajoutant que comparée à toutes les planètes qui se formeront dans l'univers, la Terre est arrivée assez tôt ».
Selon une étude de l’équipe du professeur Louis Irwin (université du Texas), il y aurait au minimum, dans notre galaxie, cent millions d’exoplanètes abritant une vie complexe. © PHL, UPR Arecibo, Nasa, Richard Wheeler
Une petite fraction des réserves de gaz n’a été utilisée pour l’instant
Intime d'Hubble, l'équipe a tenu compte des recherches menées avec le télescope spatialtélescope spatial sur la formation des galaxies et de leurs étoiles à travers les âges. Un véritable « album de famille » a ainsi pu être constitué, offrant aux chercheurs un regard inédit sur la lignée de ces luminairesluminaires et de leurs planètes.
Comme nous l'avons vu il y a quelques mois, les étoiles se formaient à un taux beaucoup plus élevé, voici 10 milliards d'années. Les galaxies s'allumaient de mille feux et grandissaient très vite. Malgré tout, rappellent les chercheurs, ce baby boom n'a puisé qu'une petite fraction de l'hydrogènehydrogène et de l'héliumhélium disponible dans l'univers. Bref, il en reste suffisamment pour assurer la gestationgestation de centaines et de centaines de nouvelles générations d'étoiles, enrichies en matériaux lourds.
Un peu partout dans l'univers, des centaines de millions de nouvelles Terres sont donc nées depuis la formation de la nôtre et des centaines de milliards d'autres sont à venir ou sont en train d'émerger... De préférence dans les grands amas de galaxies, où la matièrematière est plus souvent agitée et comprimée par les danses gravitationnelles sous l'influence des halos de matière noirematière noire, et aussi au sein des galaxies nainesgalaxies naines, estime l'équipe. En revanche, il s'en trouverait moins dans les galaxies semblables à la Voie lactée. Celle-ci a effectivement ralenti sa production, ses réserves ayant diminué rapidement.
En suivant le raisonnement de cette étude, nous serions en quelque sorte sur une des premières planètes susceptibles d'accueillir la vie (avec plusieurs millions d'autres dans l'univers). Les auteurs soulignent que c'est un avantage car, de par notre position spatio-temporelle, nous pouvons deviser la structure de l'univers et observer son évolution primordiale, au contraire de « ceux » qui, pénalisés par l'expansion accélérée, grandiront sur d'autres terres dans un futur lointain. Une longue histoire qui vient seulement de commencer, il y a 13,8 milliards d'années...