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Pourquoi des astronomesastronomes comme Franck Drake ou Nikolaï Kardashev ont-ils commencé, dans les années 1950 à 1960 (période qui marque l'essor de la radioastronomie et de l'astronautique), à se préoccuper sérieusement d'établir une communication radio avec des extraterrestres - ou pour le moins, de découvrir leur existence au moyen des ondes radio ? Eh bien, comme Carl Sagan l'a plusieurs fois expliqué clairement, l'un des objectifs du programme Seti, qu'il a lancé avec Franck DrakeDrake, était de savoir si d'autres civilisations technologiques avaient réussi à survivre à un phénomène semblable à la crise d'adolescenceadolescence de l'humanité (via les armes nucléaires et, à plus long terme, via l'épuisement des ressources).
L'important n'était donc pas de faire progresser l'exobiologie mais bien de savoir s'il existait une issue heureuse à cette crise qui menaçait la survie de l'humanité. L'espoir était aussi le suivant : grâce aux E.TT., les Hommes pourraient savoir comment sortir de la guerre civile et résoudre leurs divers problèmes sans payer le prix effroyable des tâtonnements accompagnés de beaucoup d'erreurs tragiques.
L'exobiologie, une clé pour l'avenir de l'humanité
Ami de Carl SaganCarl Sagan, Nicolaï Kardashev partageait certainement avec lui ces espoirs, si l'on en croit la déclaration qu'il a faite en 1980 : « La détection et l'étude de civilisations extraterrestres constituent un problème d'une grande importance pour le progrès de l'humanité, pour sa culture et sa philosophie. La découverte d'une vie intelligente dans l'univers fournirait une ligne de conduite au développement possible de notre civilisation au cours des futurs temps astronomiques ». Aujourd'hui, le spectre de la guerre nucléaire semble passé mais d'autres problèmes sont à venir, causés par le réchauffement climatiqueréchauffement climatique, la croissance de la population et la chute prévisible des ressources en énergie et matièresmatières premières. Ils ne peuvent que raviver les incertitudes et les cauchemars sur le sort de l'humanité au cours du XXIe siècle.
On peut donc se demander si cette culture russe en exobiologie, développée notamment grâce à un autre ami de Carl Sagan, Iosif Shklovskii, n'a pas conduit, pour les mêmes raisons que celles exprimées par Nicolaï Kardashev, à la création du projet Breakthrough Initiative.
Une vidéo pour la promotion de la recherche de civilisations E.T. dans l'univers. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître, si ce n'est pas déjà le cas. En cliquant ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, vous devriez voir l'expression « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître le menu du choix de la langue, choisissez « Français », puis cliquez sur « OK ». © Breakthrough Initiative, YouTube
En effet, le milliardaire russe Yuri du Milner a annoncé le 20 juillet 2015 qu'avec le projet Breakthrough Initiative, il allait financer les recherches du programme Seti sur 10 ans à hauteur de 100 millions de dollars (environ 92 millions d'euros), soit trois fois plus que ce qu'avait déjà fait Paul Allen, le cofondateur de MicrosoftMicrosoft avec Bill GatesBill Gates.
Ce projet se décline en deux parties :
- la première, et la plus importante, le Breakthrough Listen, consistera à tenter de détecter des émissionsémissions de civilisations E.T. dans le domaine radio mais aussi sous forme d'impulsions laser ;
- la seconde, le Breakthrough Message, lance une compétition dotée d'un prix d'un million de dollars. Elle est ouverte à tous et consiste à proposer un message à destination d'une des éventuelles civilisations E.T. que le projet pourrait révéler. Elle s'inscrit donc dans la droite ligne du Golden Record et du fameux message d’Arecibo, concocté et envoyé par Franck Drake et Carl Sagan à l'aide du grand radiotélescope d'Areciboradiotélescope d'Arecibo le 16 novembre 1974.
Encore faut-il savoir dans quelles directions pointer les radiotélescopes ou les télescopestélescopes optiques pour faire de l'Oseti (c'est-à-dire la recherche de civilisations extraterrestres par d'autres moyens que les radiotélescopes). Deux astronomes, René Heller et RalphRalph Pudritz, respectivement de l'Institut Max-PlanckPlanck de recherche sur le Système solaireSystème solaire à Göttingen (Allemagne) et de la McMaster University à Hamilton (Canada), viennent justement de relancer une ancienne idée, tout en la renouvelant, dans un article publié dans le journal Astrobiology.
Des E.T. qui cherchent la vie avec les transits planétaires
Les deux chercheurs se sont inspirés des succès de la recherche d'exoplanètes comme les exoterresexoterres ou superterressuperterres, potentiellement habitable ; une recherche qui combine la méthode des vitesses radialesméthode des vitesses radiales et celle du transit planétairetransit planétaire. Ils proposent ainsi de concentrer les moyens du programme Seti sur l'écoute des systèmes stellairessystèmes stellaires susceptibles d'abriter de tels astresastres et d'où d'autres pourraient, avec les mêmes méthodes, détecter la Terre. Il nous faudrait rechercher spécifiquement les éventuelles civilisations E.T. qui verraient notre planète transiter devant le SoleilSoleil car cela leur permettrait de faire des analyses spectrales de l'atmosphèreatmosphère de la Terre pour y chercher des biosignatures.
Si les E.T. ne sont pas trop loin, ils ne devraient pas rencontrer d'obstacles pour établir qu'il y a bien de telles biosignatures. Nous serions donc une cible privilégiée en direction de laquelle l'envoi d'un signal radio continuel pendant des centaines voire des milliers d'années serait justifié de la part d'une civilisation hautement évoluée, qui aurait atteint l'âge adulte et qui voudrait faire bénéficier une autre civilisation, plus jeune et plus turbulente, de sa sagesse et de ses connaissances, fussent-elles uniquement sous forme d'un long message radio. On peut penser aussi qu'elle ait envoyé dans notre direction une sonde robotisée, un peu comme dans le roman d'Arthur Clarke, Les Fontaines du paradis, et nous pourrions surprendre les effets du principe de propulsion utilisé (flashsflashs laserlaser ou explosion thermonucléaire).
En pratique, Heller et Ralph Pudritz ont cherché dans les données connues (en particulier dans celles du satellite d'astrométrie HipparcosHipparcos) quel était le nombre d'étoilesétoiles de type solaire d'où on pourrait voir la Terre transiter devant le Soleil dans une sphère d'environ mille parsecsparsecs. 82 candidates ont été découvertes mais elles ne constitueraient que la pointe émergée d'un iceberg car nous sommes loin de connaître toutes les étoiles dans cette sphère. L'échantillon trouvé laisse d'ailleurs penser que, lorsque nous disposerons de meilleures observations, par exemple bientôt avec GaiaGaia, le satellite de l'Esa, ce nombre pourrait atteindre 10.000.
Dans une dizaine d'années, nous devrions en avoir le cœur net. D'ici là, on peut passer le temps à essayer de chercher des sortes de monolithes noirs laissés quelque part dans le Système solaire par une IA extraterrestre de passage il y a bien longtemps.