Les astronomes connaissent un certain nombre de raisons qui peuvent faire varier la luminosité d’une étoile. Ils les ont toutes testées sur Bételgeuse, l'une des étoiles les plus brillantes du ciel terrestre. Aucune ne permet de comprendre les observations. Sauf une !


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    Rappelez-vous, c'était fin 2019, début 2020. Bételgeuse, l'une des étoiles les plus brillantes du ciel de l'hémisphère Nordhémisphère Nord et l'une des étoiles les plus grandes que connaissent les astronomesastronomes, avait soudainement perdu de sa luminositéluminosité.

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    Bételgeuse dégringole à la 19e place des étoiles les plus brillantes

    Certains avaient alors cru que nous allions assister à son explosion en supernova. Mais l'explosion tant attendue n'avait finalement pas eu lieu. Et au fil des mois, l'étoile de la constellation d'Orion avait même continué à se montrer capricieuse.

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    Que se passe-t-il avec Bételgeuse, devenue une des étoiles les plus brillantes du ciel en quelques jours ?

    Rappelons que Bételgeuse est une étoile variable. Comprenez que les astronomes s'attendent à voir sa luminosité changer au fil du temps. Ils lui ont observé deux cycles entremêlés. Le premier d'un peu plus d'un an. Ils le considèrent comme son « mode fondamental ». Des variations de luminosité dues à des phénomènes qui se produisent au cœur de l'étoile. Le second cycle de Bételgeuse, lui, est plus long. Il s'étale sur environ six ans. Il serait dû à une cause extérieure. Et les astronomes peinent à identifier laquelle.

    Toutes les hypothèses testées

    Pour enfin trouver une réponse, une équipe de l'université du Wyoming (États-Unis) et de l'observatoire Konkoly (Hongrie) a adopté la technique de l'élimination. Les chercheurs ont testé les hypothèses les unes après les autres grâce à des simulations informatiquessimulations informatiques. Des changements dans le champ magnétique de l'étoile, par exemple. Et dans The Astrophysical Journal, ils rapportent que rien ne parvient à rendre compte de ce cycle de six ans.

    Rien. Sauf... la présence d'une compagne cachée - désormais appelée Alpha Ori B, mais que les astronomes se sont empressés de surnommer « Beteldubby » - l'anglais « buddy » signifiant copain/pote. « S'il n'y a pas de Betelbuddy, cela signifie qu'il se passe quelque chose de bien plus étrange, quelque chose d'impossible à expliquer avec la physique actuelle », affirme Jared Goldberg, astrophysicienastrophysicien au Flatiron Institute Center for Computational Astrophysics (États-Unis), dans un communiqué de la Simons Foundation (États-Unis).

    Une équipe internationale de chercheurs explique les variations de luminosité de Bételgeuse par la présence autour d’elle, d’une compagne cachée, un « Betelbuddy ». © Lucy Reading-Ikkanda, <em>Simons Foundation</em>
    Une équipe internationale de chercheurs explique les variations de luminosité de Bételgeuse par la présence autour d’elle, d’une compagne cachée, un « Betelbuddy ». © Lucy Reading-Ikkanda, Simons Foundation

    Bételgeuse aurait une compagne qui fait varier sa luminosité apparente

    Ce que les astronomes racontent, c'est que ce Betelbuddy tourne autour de Bételgeuse, dans la poussière cosmique que l'étoile supergéanteétoile supergéante rouge en fin de vie expulse en continu. Elle agit un peu comme un chasse-neige, déplaçant cette poussière au gré de son orbiteorbite et modifiant la luminosité apparente de Bételgeuse.

    Au-delà d'une idée sur sa massemasse et sur son orbite, les chercheurs ne sont pas en mesure, à l'heure qu'il est, de dire réellement ce qu'est cette compagne - ou ce compagnon, pourquoi pas. « Une étoile semblable à notre Soleil est le type de compagne le plus probable, mais nous n'avons aucune certitude à ce sujet, note Meridith Joyce de l'université du Wyoming. Une hypothèse plus exotiqueexotique que j'apprécie personnellement, bien que les opinions de mes coauteurs puissent diverger, est que la compagne de Bételgeuse est une étoile à neutronsétoile à neutrons, le noyau d'une étoile qui est déjà devenue une supernovasupernova. Cependant, dans ce cas, nous nous attendrions à voir des preuves de cela avec des observations aux rayons Xrayons X, ce qui n'est pas le cas. Je pense que nous devrions chercher un peu mieux. »

    Quelle que soit sa nature, les astronomes estiment que Betelbuddy pourrait être visible aux télescopestélescopes ce vendredi 6 décembre. Ils ont demandé des créneaux d'observation qui, ils l'espèrent, permettront de confirmer ce qui, pour l'instant, ne reste « rien de plus qu'une inférence ».