La publication de fausses offres d'emploi est une pratique assurément douteuse, mais qui présenterait certaines vertus pour l'entreprise qui en use. En effet, ces « ghosts jobs », ou « emplois fantômes », auxquels elle ne répond jamais, lui permettent de gagner en visibilité, d'avoir un vivier de candidats toujours actualisé, et donne l'illusion d'une boîte en pleine expansion. En outre, c'est aussi un moyen de rassurer les troupes en faisant miroiter un renfort de collaborateurs… ou pire, pour mettre de petits coups de pression aux salariés démotivés.
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Vous avez postulé au job de rêve et vous n'avez jamais reçu de réponse ? Vous êtes peut-être tombé sur une fausse offre d'emploi. Si les arnaques au recrutement sont généralement le fait de cybercriminels, des entreprises publient aussi des annonces pour des postes qu'elles n'ont pas l'intention de pourvoir.
Le site Resume Builder s'est penché sur ce phénomène dans un sondage, pour lequel il a interrogé 649 managers impliqués dans des processus de recrutement. 39 % d'entre eux déclarent que leur entreprise a publié au moins une fausse offre d'emploi l'année dernière. L'écrasante majorité de ces annonces s'adressaient à des cadres intermédiaires (68 %), même si certaines concernaient des postes à responsabilités.
Ces ghost jobs, ou offres pour des « emplois fantômes », étaient visibles sur InternetInternet plus ou moins longtemps. 31 % des entreprises les laissaient en ligne sur les plateformes de recrutement durant un mois, et 9 % d'entre pendant un an ou plus. Dans certains cas, il s'agit de malheureux oublis. Le département des ressources humaines n'a pas forcément le réflexe de supprimer son annonce une fois que l'embauche est réalisée. Mais pour d'autres, c'est un acte prémédité.
Un acte prémédité des RH
En effet, poster des offres d'emploi permet à une entreprise de gagner en visibilité. Cela donne également l'impression qu'elle est en pleine croissance puisqu'elle cherche à s'entourer de nouveaux collaborateurs. Mais ce n'est pas nécessairement le cas. En effet, des recruteurs publient de fausses annonces pour recevoir toutes sortes de CV. Des documents qu'ils gardent précieusement afin de pouvoir rappeler leur propriétaire du tac au tac quand un poste se libérera réellement.
De plus, des entreprises se servent des « ghost jobs » pour tromper leurs propres salariés. 63 % des managers interrogés par Resume Builder confient que les fausses annonces de recrutement servent à rassurer les collaborateurs qui se plaignent de leur charge de travail, en leur donnant l'impression du renfortrenfort arrive. 62 % avouent que ces offres d'emploi leur servent de moyen de pression vis-à-vis des employés désengagés. En effet, ces fausses annonces de recrutement rappellent aux adeptes du quiet quitting qu'ils ne sont pas irremplaçables sur le marché de l'emploi.
Une stratégie douteuse qui s'avère toutefois payante, si l'on en croit les managers interrogés par Resume Builder. 65 % d'entre eux disent que les fausses offres d'emploi ont « un effet positif » sur le moral de leurs collaborateurs, et 77 % estiment que cela contribue à accroître leur productivité.
Des candidats fragilisés psychologiquement
Mais, pour les candidats à l'emploi, les « ghost jobs » peuvent être bien plus pernicieux. Ils représentent une considérable perte de temps, même si certains postulants sont contactés par les recruteurs qui reçoivent leur CV pour passer un entretien. Avant de ne plus jamais entendre parler d'eux... À la longue, ces déconvenues professionnelles peuvent les décourager et les fragiliser psychologiquement.
Si vous cherchez de nouvelles opportunités professionnelles, soyez prudent vis-à-vis des annonces de recrutement sur lesquelles vous tombez sur Internet. Regardez attentivement la date à laquelle elle a été publiée. Vérifiez également qu'elle se trouve sur le site de l'entreprise qui l'a postée, et non pas uniquement sur des sites de recherche d'emploi. Si vous avez des doutes, contactez le service des ressources humaines pour savoir si les embauches ont été gelées.