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Le 3 février, le satellite militaire américain de météorologiemétéorologie DMSP-F13 a explosé dans le ciel. Résultat : un nuagenuage d'au moins 46 débris et une multitude d'autres, trop petits pour être détectés et catalogués par les radars de surveillance au sol. Cette explosion n'a été rendue publique par le commandement de l'armée de l'air et le Norad que le 27 février, ce qui pose un problème d'accès à ces données car de nombreux services en dépendent pour faire fonctionner leur réseau de surveillance. Le Cnes et l'Esa sont dans ce cas et c'est ce qui explique que cette dernière et l'Union européenne souhaitent que l'Europe se dote de son propre système de surveillance.
DMSP-F13, qui assurait la couverture météorologique des théâtres d'opération des forces armées américaines, avait été lancé en 1995. Depuis 2006, il était relégué dans un rôle secondaire mais restait sous la surveillance des opérateurs au sol. Malgré cette surveillance, il sera difficile de comprendre ce qui s'est réellement passé puisqu'il s'agit d'un satellite militaire. Les causes de son explosion peuvent être multiples. Si la montée en température des batteries est l'explication la plus couramment avancée, il est également possible que la rupture d'un de ses réservoirs, en raison d'un cyclage thermique, voire une collision avec un débris non catalogué soit la cause de cette explosion. Ce n'est en aucun cas un acte malveillant.
Vue d'artiste d'un satellite militaire de météorologie de la série DMSPF. © USAF
Un nuage de débris sur l'orbite la plus encombrée
Ce nuage de débris ne sera pas sans conséquence sur l'activité des satellites qui lui sont proches. Bien qu'il n'en menace aucun directement, il ajoute du risque au risque. Il s'est produit sur la plus encombrée des orbites, celle située à quelque 800 kilomètres d'altitude, là où évoluent la plupart des satellites d'observation de la Terreobservation de la Terre. Sont notamment concernés des satellites de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa), comme CryosatCryosat 2 situé à une centaine de kilomètres du sinistre ou, autre exemple, toute la famille des satellites Spot du Cnes.
À la suite de l'annonce de l'explosion de ce satellite militaire, le Bureau des débris de l'Esa, basé au Centre des opérations spatiales à Darmstadt, en Allemagne, s'est mis au travail pour s'assurer qu'aucun des satellites qu'il a en charge n'est sous la menace imminente ou future d'un de ces nouveaux débris. Après des simulations d'évolutions du nuage de débris, il est apparu que le risque de collision n'a pas significativement augmenté. Aucune manœuvre d'évitement de collision n'est donc prévue.
Cela étant, ce n'est pas la première fois qu'un satellite de cette série explose dans le ciel. En avril 2004, le DMSP-F11 avait déjà provoqué un nuage de débris de 56 morceaux. Avec la panne en orbite, l'explosion d'un satellite est la hantise des agences spatiales. C'est pourquoi le Comité de coordination inter-agences sur les débris spatiaux (IADC) a édicté deux mesures de préventionprévention pour limiter le nombre de débris spatiaux. Une de ses règles limite à 25 ans le temps qu'un satellite peut rester dans l'espace après la fin de sa mission.
C'est pourquoi, très certainement échaudée par la mésaventure d'Envisat (devenu incontrôlable mais dans l'espace pour au moins deux cents ans), l'Agence spatiale européenne a, il y a quelques semaines, décidé de modifier la trajectoire d'Integral. La nouvelle orbite lui permet de poursuivre ses observations scientifiques et lui garantit une rentrée destructive dans l'atmosphèreatmosphère en 2029 même s'il devenait incontrôlable d'ici là. Integral est un des plus vieux observatoires spatiaux de l'Esa. Il a été lancé en avril 2002 pour observer l'univers dans le domaine gamma et a depuis bien longtemps dépassé sa durée de vie nominale.