C’est avec effarement que Futura a appris par un communiqué du Laboratoire de physique subatomique & cosmologie (LPSC) à Grenoble, que Cécile Renault était décédée. La cosmologiste, qui avait été un membre important en France de la mission Planck étudiant le rayonnement fossile, nous avait accordé plusieurs interviews et tenait un blog pour Futura.
au sommaire
« Plus le bleu est profond, plus il attire l'homme vers l'infini et éveille en lui la nostalgie du Pur et de l'ultime suprasensible. C'est la couleur du ciel, tel que nous nous le représentons, au son du mot ciel. » Extrait Du Spirituel dans l'Art, et dans la peinture en particulier, Vassily Kandinsky.
Cette citation avait été choisie par Cécile Renault en exergue de Cosmologiquement vôtre, le BlogBlog qu'elle tenait pour Futura depuis 2014. Elle n'y postera hélas plus de nouveaux billets car elle est décédée d'un accidentaccident de la route le 5 avril 2021.
C'est une tragédie d'autant plus douloureuse que ses deux enfants étaient avec elle dans la voiturevoiture et qu'ils sont gravement blessés.
Futura en est est profondément affecté puisque nous la connaissions un peu car la cosmologiste, qui était une « planckienne » comme on dit, c'est-à-dire un membre de la mission Planckmission Planck qui a étudié comme jamais le rayonnement fossile laissé par le Big BangBig Bang, avait généreusement pris de son temps pour répondre à nos questions lorsque les résultats de cette mission ont commencé à tomber.
Une autre raison de la proximité de Cécile Renault avec Futura est qu'elle était l'épouse d'Aurélien BarrauAurélien Barrau à qui Futura est redevable de nombreux articles et d'un Blog. Nous pensons donc également en ces tristes moments à la famille et aux proches de Cécile et Aurélien.
Cosmologiste et astrophysicienne, Cécile Renault nous parlait de science dans cette vidéo et en particulier de la mission Planck. © Astrophysique en Rhône-Alpes
Pour lui rendre hommage, voici la présentation de son parcours qu'elle avait faite elle-même sur son blog :
« En cinquième je voulais devenir "astrophysicienne". La fusion de ces deux mots, le fait que notre physique "inventée" sur Terre nous permette de comprendre la vie des étoiles et la formation des galaxies me fascinait. En cherchant dans les centres de documentation (c'était avant InternetInternet !) j'ai trouvé - et je me souviens encore à peu près de la phrase - "on est digne du titre d'astrophysicienastrophysicien à bac +10/bac +12". J'étais à bac -5. Ça me paraissait aussi futuriste que la retraite et visiblement réservé aux gens exceptionnels...
Bon tant pispis, je me contenterai des articles des magazines et des émissionsémissions avec Hubert ReevesHubert Reeves.
Et puis finalement, ma grande chance : ma math sup' dans un grand lycée parisien s'est mal passée... et me voilà en 2ième année à Jussieu, ne sachant rien ni des formations ni du système, je voulais juste "faire de la physique". En discutant avec d'autres étudiants j'apprends qu'il y a un DEA d'astrophysiqueastrophysique. Waouh ! Je veux y aller ! Je suis déjà à bac+2, la moitié du chemin est faite finalement ...
Je poursuis donc en physique fondamentale. Raisonnable, je choisis des options utiles à l'astro mais aussi potentiellement utiles dans la vraie vie : rayons Xrayons X, physique de l'atmosphèreatmosphère. Et bien sûr astrophysique. Même les changements de coordonnées ou la classification morphologique des galaxies, c'est chouette !
Enfin le DEA d'astro "de Meudon". En allant en cours, on passait, impressionnés devant le bureau de nos cosmologistes préférés. Parmi les plus grands moments : les cours théâtraux de Jean-Pierre Chieze, toute la Relativité en trois fois 1h30 par Thibault Damour (on a râlé pour avoir plus de cours, on nous a explicité que nous n'étions pas conscients de notre chance) ou, en cadeau de Noël, un cours sur l'inflation par Hubert Reeves. À côté de ça, le stressstress de l'avenir : avoir une bourse pour faire une thèse...
Du travail bien sûr, mais aussi de la chance, c'est indispensable. J'ai fait ma thèse dans d'excellentes conditions à tous points de vue - sujet, encadrement, qualité de l'expérience. Ma particularité : une formation d'astro et une thèse dans un labo de physique des particules (sur la recherche de matière noirematière noire sous forme d'objets compacts par effet de microlentilles gravitationnelles). C'était les tout débuts des astroparticulesastroparticules - qui n'avaient même pas encore de nom officiel. Ce n'était pas un calcul, juste une conséquence : la matière noire me semblait l’un des sujets les plus captivants, l'analyse de données ce qui m'amusait le plus, la thèse était proposée au Service de physique des particules de Saclay et ils voulaient bien de moi ...
Après un an à Paris et un an à Heidelberg de post-doc en astronomie gamma, un poste "astro affecté dans un labo de physique des particules" est ouvert. C'est ma chance, peut-être mon unique chance avec mon parcours entre-deux donc il ne faut pas la rater... Ça marche, je deviens "astrophysicienne" !!!! Comme quoi c'est possible... Maintenant il faut mériter ce privilège.
Encore deux années d'astronomie gamma à Paris puis je rejoins Grenoble (il n'y a pas que l'astro dans la vie non plus...) et le groupe Archeops-Planck du Laboratoire de physique subatomique et de cosmologiecosmologie. C'est parti pour quatorze ans de rayonnement fossilerayonnement fossile (et deux petits bonshommes). L'expérience Planck, j'y reviendrai dans quelques posts bien sûr mais le site www.planck.fr contient déjà une multitude d'informations (j'espère !).
Dans quelques mois, le début d'une nouvelle aventure avec LSST, la plus grande caméra CCDCCD du monde pour suivre la moitié de notre universunivers observable sur une dizaine de milliards d'années, et sur une douzaine de jours... »
Le LSST, un télescope d'un nouveau genre, va ouvrir grand les yeux sur le ciel... Sa mission : photographier le ciel austral et réaliser un film de l’Univers en trois dimensions. Un composant crucial de la caméra du LSST, l’échangeur de filtres, a été développé en France par cinq laboratoires. Son rôle consiste à repositionner rapidement et très précisément les filtres de couleur les plus grands du monde, pour obtenir les plus belles images du spectacle céleste. © CNRS