Un astronaute jardinant dans une serre sur Mars ? Ce sera peut-être possible dans le futur, grâce notamment à cette technique de culture maya qui vise à associer plusieurs plantes. Une stratégie gagnante qui permettrait de faire pousser des légumes dans le rude régolithe martien.
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MaïsMaïs-haricots-courgecourge. Ceux qui jardinent un peu connaissent certainement cette technique de culture amérindienne qui consiste à associer plusieurs plantes d'espècesespèces totalement différentes qui vont alors pousser en symbiose, chacune bénéficiant d'un apport de l'autre. Si cette pratique est souvent mise en œuvre dans les petits potagers familiaux, elle pourrait l’être également dans de futurs potagers... sur Mars !
Établir une agriculture martienne !
Dans l'optique d'une exploration de la Planète rouge par l'Homme, les chercheurs tentent en effet de résoudre l'épineux problème de la nourriture. Car impossible d'importer toutes les ressources nécessaires pour un séjour de plusieurs mois, voire de plusieurs années. La solution serait donc de faire pousser directement les légumes sur place. Sauf que le régolithe martien, acide et pauvre en nutrimentsnutriments, n'est pas forcément propice à la culture ! Comment donc exploiter au mieux ces ressources limitées ?
Carottes, petits pois et tomates au menu !
La réponse pourrait se trouver dans cette technique de culture développée par les fermiers mayas. Une nouvelle étude publiée dans la revue PLOS One montre en effet que l'association petits poispetits pois-carottescarottes-tomatestomates serait particulièrement intéressante. Individuellement, chacune de ces plantes a présenté des capacités à pousser dans du régolithe martien. Mais leur association aurait notablement favorisé la croissance des tomates.
Carottes et petits pois auraient quant à eux souffert de l'absence d'une bactériebactérie (Rhizobium leguminosarum), qui aide habituellement la plante à fixer l'azote au niveau des racines. Les conditions difficiles offertes par le régolithe freineraient en effet le développement de ces bactéries.
Pour les chercheurs, les résultats sont cependant positifs et montrent qu'une association réfléchie d'espèces, ainsi qu'un apport ciblé visant à améliorer les qualités du régolithe pourraient permettre d'optimiser la production de nourriture sur Mars.
Exploration de Mars : comment cultiver un potager sur place ?
Au menu des projets spatiaux du futur : des légumes du jardin. Les essais ont déjà commencé, comme nous l'explique Victoria Da-Poian. Dans le désertdésert de l'Utah, cette étudiante de Supaéro cultive un potager comme si elle était sur Mars, dans le cadre de la mission de simulation MDRS 175, qui fait vivre sept personnes dans une base isolée, reproduisant les conditions d'explorateur martiens.
Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 25 février 2017
Les six étudiants et le jeune ingénieur de l'ISAE-Supaéro (Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace) qui vivent depuis le 11 février une simulation de vie sur Mars dans une base de la Mars Desert Research Station, au milieu du désert de l'Utah, aux États-Unis, réalisent plusieurs expériences. Parmi elles : la culture de produits frais dans des conditions semblables à celles de la Planète rouge.
Actuellement, les astronautes à bord de l'ISSISS « consomment principalement de la nourriture lyophilisée, pour des raisons de conservation et de masse au décollage, nous explique Victoria Da-Poian, étudiante en deuxième année et responsable de l'expérience GreenHab. Heureusement, un stock de produits frais arrive régulièrement avec les cargos qui la ravitaillent. » Sur Mars, un tel approvisionnement sera impossible. Si les astronautes souhaitent améliorer l'ordinaire avec une touche de fraîcheur, « ils devront faire pousser eux-mêmes leur nourriture ».
Vitale pour le corps, la nourriture influe également sur la santé psychologique, ce qui oblige à réfléchir sur la façon dont seront produits, consommés et recyclés les aliments qu'emporteront les futurs explorateurs. C'est un des retours de l'expérience Mars 500, entre juin 2010 et novembre 2011. Le seul regert du Français Romain Charles, qui a vécu confiné avec cinq autres personnes durant 520 jours, est de ne pas avoir pu cuisiner ! Les repas « étaient tout prêts, on avait juste à faire bouillir de l'eau pour les plats lyophilisés ». Cette absence de préparation de repas a été vécue comme un manque : « nous sommes restés en quelque sorte... sur notre faim », nous expliquait-il à la fin de son expérience.
Cultiver son jardin sur Mars, c'est bon pour le corps et pour le moral
C'est pourquoi, souligne Victoria Da-Poian, « nous nous sommes rapprochés de la start-upstart-up française Vegidair, qui nous fournira plusieurs potagers connectés pour cultiver nos produits frais dans des conditions semblables à Mars ». Le moral de l'équipage n'en sera que meilleur !
Vegidair One (déjà en vente dans le commerce) est un potager autonome « permettant une pousse rapide de laitues et de plantes aromatiquesaromatiques (basilicbasilic, persilpersil, etc.) sur une duréedurée de 2, 3 ou 4 semaines selon les plantations ». C'est un système simple qui s'autogère (avec LedLed, arrosages, capteurscapteurs...) et qui permet aux « Marsonautes de manger ce qu'ils cultivent ». Il y a donc un aspect positif sur le moral, avec « une modification des habitudes alimentaires, l'enthousiasme de manger ce qu'on cultive » et, surtout, amener des graines sur Mars prend bien moins de place que de la nourriture.
L'étudiante confie à Futura les détails de cette expérience originale.
En quoi consiste cette expérience ?
Victoria Da-Poian : L'idée est de tester différents substratssubstrats avec les mêmes semences et de mesurer leurs performances. Certains substrats seront trempés dans de l'engrais sec ou moyennement humide de façon à voir la différence sur la pousse. Nous allons également étudier les impacts de variation de fréquencefréquence et de durée d'arrosage ainsi que la durée d'éclairage pour observer leurs impacts sur la pousse.
Quel éclairage allez-vous utiliser ?
Victoria Da-Poian : Plusieurs. Nous allons tester différents éclairages plus ou moins puissants pour voir la différence de pousse. Nous utiliserons deux sources de lumièrelumière différentes : un panneau Led Standard Vegidair (installé à environ 30 centimètres au-dessus des plantes) et le deuxième panneau (environ 40 cm au-dessus des plantes), destiné à la culture des plats psychotropespsychotropes, qui utilise des Led bleues et rouges. Ce n'est donc pas un « full spectrum » à proprement parler. Ce choix a été fait par Vegidair qui a souhaité un compromis entre les besoins en hydroponiehydroponie (culture hors solculture hors sol) et le confort de l'utilisateur (lumière blanche).
Avec trois semaines d’utilisation, que comptez-vous produire ?
Victoria Da-Poian : En trois semaines nous pensons qu'il devrait être possible d'obtenir de petites salades et des microgreens (entre la graine germée et la plante adulte, 2 à 3 semaines de germination avec des pousses longues et fines). L'avantage des microgreens est leurs apports nutritifs et gustatifsgustatifs.