Des milliards d’étoiles, au moins des millions de planètes potenthabitables et pourtant, pas un extraterrestre en vue. Comment est-ce possible ? Il y a quelques explications. Certaines déroutantes. D’autres presque effrayantes. Mais toutes assez excitantes.
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Rien que dans notre galaxie, il existe vraisemblablement des millions de planètes habitables. Peut-être des centaines de milliards dans l'Univers tout entier. Pourtant, malgré toutes ces opportunités de développer la vie, il n'y a pour l'instant pas l'ombre d'une civilisation extraterrestre à l'horizon. Une invraisemblance que les scientifiques connaissent sous le nom de paradoxe de Fermi.
« Mais où sont-ils tous ? », c'est la question que le physicienphysicien de génie italien aurait lancée à ses collègues du laboratoire national de Los Alamos (États-Unis), un matin de 1950. En effet, rien qu'en voyageant à 10 % de la vitesse de la lumière, il ne faudrait à des extraterrestres que quelques centaines de milliers d'années pour traverser notre Voie lactée. C'est long pour un être humain. Mais assez court à l'échelle de notre Univers - qui, pour rappel, à environ 13,6 milliards d'années.
Nous sommes bel et bien seuls dans l’Univers
Alors les astronomesastronomes continuent de chercher une réponse à la question. Et en 2024 encore, ils ont travaillé sur quelques hypothèses. L'une d'elles, la plus expéditive de toutes, avait déjà été formulée en 1975 par un astrophysicienastrophysicien américain, Michael H. Hart. Si nous n'avons, malgré les moyens déployés, détecté aucun signe de l'existence d'une civilisation extraterrestre intelligente, c'est... qu'il n'existe pas de civilisation extraterrestre intelligente ! L'intelligenceintelligence serait extrêmement rare. Et notre Univers ne serait finalement pas suffisamment vaste pour que la probabilité d'y voir apparaître une autre civilisation développée que la nôtre devienne significative.
Il y a quelques semaines, une équipe est arrivée au même type de conclusion. En étudiant l'effet de la matière noirematière noire sur l'Univers. Les calculs montrent que la densité optimale d'énergie noire dans un univers permettrait à 27 % de la matière ordinaire de se transformer en étoilesétoiles. Or, dans notre Univers, seulement 23 % de la matière se transforme en étoiles. Moins d'étoiles, c'est autant de chances en moins de voir émerger la vie. Et encore moins, l'intelligence.
Et ce n’est peut-être pas si mal
Pour certains, l'idée même que l'humanité soit seule dans l'immensité de notre Univers est difficilement acceptable. Mais pour d'autres, comme pour l'écrivain chinois Liu CixinLiu Cixin, ce serait plutôt une bénédiction. Sa théorie de la « forêt sombre » voudrait, en effet, que, pour survivre et continuer de croître dans un univers aux ressources clairement finies, une civilisation extraterrestre n'aurait d'autre choix que d'éliminer les autres. Une à une. Et de ne surtout pas révéler sa présence. Une réponse plutôt inquiétante au paradoxe de Fermi.
Nous évoluons dans une sorte de « trou sans vie »
L'astrophysicien Adam Frank s'est posé la question un peu différemment. Avec son équipe, il a étudié la dynamique d'une seule et unique civilisation extraterrestre hypothétique qui partirait à la conquête de la Voie lactéeVoie lactée partant de sa planète mère à bord de quelques vaisseaux, et qui s'installerait sur la première planète trouvée plus loin avant de repartir de l'avant. Les simulations confirment qu'il ne faudrait alors pas plus de quelques centaines de milliers d'années pour coloniser ainsi toute notre galaxie. Toutefois, lorsque les chercheurs ont introduit un facteur supplémentaire, ils ont créé comme des « trous sans vie » dans la Voie lactée. Des trous qui peuvent rester assez longtemps inoccupés. Et ce facteur, c'est le fait que les civilisations, quelles qu'elles soient, ne sont pas éternelles. À un moment ou à un autre, survient toujours une guerre, une pandémiepandémie ou l'explosion d'une étoile en supernovasupernova. C'est alors la fin. En attendant que d'autres viennent coloniser les lieux...
Le saviez-vous ?
L'argument du Grand Filtre a été détaillé pour la première fois à la fin des années 1990 par l'économiste américain Robin Hanson. L’idée : très peu, voire aucune, civilisation dans notre Univers n’atteint le stade de la conquête spatiale. À un moment ou à un autre de l’histoire de la vie, celle-ci est arrêtée dans son élan. Peut-être au moment de développer l’intelligence. Peut-être un peu plus tard encore.
Si notre Système solaire se trouve dans l'une de ces poches isolées, cela pourrait tout à fait expliquer pourquoi nous n'avons pas encore reçu la visite d'une civilisation extraterrestre. Cela laisse également supposer que l'une d'elles est probablement déjà en route vers notre Terre.
Un développement technologique pas assez respectueux de la nature
Et si des civilisations extraterrestres existaient et qu'elles ne pouvaient - ou ne voulaient - tout simplement pas venir jusqu'à nous ? C'est aussi une piste qu'a explorée Michael H. Hart dans les années 1970. Pour Gabriel Chardin, physicien au CNRS, c'est même l'explication la plus probable au paradoxe de Fermi. Parce que, selon lui, « la vie constitue une sorte d'accélérateur qui induit une extrême instabilité ». Comprenez que toute civilisation développée en croissance épuiserait les ressources à sa disposition avant même d'avoir été en mesure de mettre en œuvre le voyage interstellaire. Un peu comme nous en donnons le (mauvais) exemple aujourd'hui.
« Définir une stratégie permettant à l'humanité de poursuivre un développement technologique, plus respectueux de la nature et de ses lois, afin de peut-être, dans quelques dizaines d'années à un siècle, pouvoir aller explorer d'autres systèmes planétaires, démentant enfin le paradoxe de Fermi. La possibilité m'apparaît chaque jour plus improbable. Le défi est énorme, mais nous ne l'avons pas encore perdu », assurait Gabriel Chardin dans le Journal du CNRS il y a une dizaine d'années.
Les lois de la physique plus fortes que les extraterrestres
Les lois de la physiquephysique pourraient aussi tout simplement empêcher les civilisations extraterrestres de s'élancer à la conquête de l'espace. Imaginez par exemple que la vie se soit développée sur une super-Terresuper-Terre, une planète dont la massemasse est jusqu'à 10 fois plus importante que celle de la nôtre. Les astronomes confirment que ce type de planètes pourraient être habitables. Mais pour lancer des fusées depuis une super-Terre, une civilisation extraterrestre devrait déployer des efforts surhumains. Surmonter une attraction gravitationnelle bien supérieure à celle de notre Planète. De quoi faire exploser les coûts des voyages spatiaux.
Des planètes rendues inhabitables par les extraterrestres
Il y a quelques mois, des chercheurs ont émis une nouvelle hypothèse pour expliquer le paradoxe de Fermi. Comme nous sommes en train de le faire sur notre Terre, des civilisations extraterrestres auraient pu, par leurs activités technologiques, rendre leur planète inhabitable. Selon leurs calculs, la duréedurée de vie d'une technosphèretechnosphère ne serait pas de plus 1 000 ans.
Ainsi, les chances pour que les extraterrestres s'autodétruisent avant d'avoir eu la possibilité de nous approcher seraient finalement assez faibles. « Dans l'espace et le temps cosmiques, il y aura des gagnants, qui auront su voir ce qui se passait et trouver une solution, et des perdants, qui n'auront pas su se ressaisir et dont la civilisation sera tombée en désuétude, affirme Adam Frank. La question est de savoir dans quelle catégorie nous voulons nous retrouver. »
Nous ne regardons pas dans la bonne direction
Il y a quelques années déjà, des scientifiques avaient suggéré que nous puissions être limités dans notre recherche de vie extraterrestre par l'idée que nous nous en faisons, de petits hommes verts ou de figures humanoïdeshumanoïdes à grosse tête.
En cette fin d'année 2024, des chercheurs sont allés un peu plus loin pour expliquer ainsi le paradoxe de Fermi. Ils ont émis l'idée de civilisations extraterrestres vagabondes. Comprenez, de civilisations qui se seraient développées sans s'appuyer sur le sol d'une planète. Une hypothèse un peu plus folle ? Pas tant que ça lorsque l'on pense à nos astronautesastronautes qui vivent dans la Station spatiale internationale (ISSISS).
Les chercheurs décrivent ainsi une colonie d'organismes qui pourrait flotter librement dans l'espace, dans une fine coquille dure et transparente qui garderait l'eau à la bonne pressionpression et à la bonne température, lui permettant de maintenir un effet de serreeffet de serre. Nous n'aurions donc peut-être pas cherché la vie au bon endroit. Et celle-ci pourrait être plus difficile à détecter que les scientifiques l'avaient envisagé.
Et les OVNIs, dans tout ça ?
Pour ceux qui voient les OVNIs comme des engins pilotés par des extraterrestres, le paradoxe de Fermi est résolu. Non seulement il existe des extraterrestres, mais en plus, ils sont d'ores et déjà entrés en contact avec nous. Ou avec certains d'entre nous, en tout cas. Se pose alors la question de savoir quelles sont leurs intentions à notre égard...