La composition du bleu maya n’est plus un mystère depuis quelque temps déjà : de l’indigo et une argile appelée palygorskite. En revanche, la manière de le préparer et la nature des interactions entre ses ingrédients font toujours débat. Des chercheurs espagnols proposent une nouvelle hypothèse.

au sommaire


    Et s'il existait plusieurs types de bleu maya ? C'est ce que des chercheurs de l'université de Valence et de l'université polytechnique de Valence viennent peut-être de montrer en isolant un autre pigment, le déhydroindigo, dans des échantillons. De couleur jaune, il se formerait par oxydationoxydation de l'indigo lors de la préparation du bleu maya. « La présence des deux pigments en proportions variables explique le teint verdâtre du bleu maya, décrypte le professeur Antonio Doménech. Les Mayas savaient peut-être comment obtenir la teinte voulue, par exemple en chauffant plus ou moins longtemps ou en variant la quantité de boisbois dans le feufeu. »

    En envisageant la possibilité pour les Mayas de changer la teinte de leur bleu, Antonio Doménech va plus loin et pense que la fonction du bleu maya aurait changé au fil des siècles. « Il serait possible de retracer l'évolution de ses propriétés sur l'ensemble de la culture maya, de 150 av. J.-C. jusqu'en 800. Cela donnerait une vue beaucoup plus flexible de cette culture, en rupture avec la vue traditionnelle qui postule un ritualisme inflexible. » Pour preuve, son équipe a récemment découvert au Guatemala d'autres pigments fabriqués de la même façon que le bleu maya, et qui ont servi à décorer les bâtiments les plus importants. « Ces matériaux montrent un usage quotidien des pigments, et non restreint aux rituels », ajoute Antonio Doménech.

    Les chercheurs, dont les résultats ont été publiés dans la revue Microporous and Mesoporous Materials, se sont aussi penchés sur le problème de l'interaction entre les pigments et la palygorskite, l'argileargile du bleu maya. Ils ont décortiqué sa fabrication en deux étapes lors du chauffage des ingrédients entre 120 et 180 °C. Au cours de la première étape, l'eau de l'argile s'évapore, puis l'indigo se lie chimiquement à l'argile, alors qu'une partie se transforme en déhydroindigo. Dans un deuxième temps, les pigments se dispersent dans les canaux présents dans la structure de l'argile. Cette dernière phase contredit une autre hypothèse, qui privilégie la présence de pigments à la surface de l'argile.