L’invasion de l’Ukraine par la Russie et les menaces proférées alors par Vladimir Poutine ont réveillé en nous des craintes de guerre nucléaire que nous pensions presque enfouies à jamais dans le passé. Dans l’espoir d’ouvrir un peu plus les yeux à nos dirigeants, des chercheurs nous montrent aujourd’hui quelles seraient les conséquences désastreuses d’un tel conflit.
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Dans le monde, il y aurait plus de 13.000 armes nucléaires prêtes à être lancées. Ou presque. Ce sont les chiffres de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Suède). Une force nucléaire contrôlée par seulement neuf États. Parmi lesquels, la Russie. Et c'est ce qui a beaucoup inquiété lorsque Vladimir Poutine a décidé de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
L'hystérie du moment un peu retombée, des chercheurs de l’université de l’État de Louisiane (États-Unis) se sont posés la question à tête reposée. Quel serait l'impact d'une guerre nucléaire sur le monde dans lequel nous vivons ? Pour répondre à cette question, ils ont conduit plusieurs simulations informatiquessimulations informatiques. Selon que la guerre en question se cantonne à une région donnée ou qu'elle soit plus globale.
Il est un point sur lequel tous les scénarios des chercheurs américains se rejoignent. L'explosion de bombes nucléaires libérerait suffisamment de suiesuie et de fumée dans la haute atmosphèreatmosphère pour bloquer une part importante des rayons du Soleil. Peu importe qui bombarde qui. Ce qui se passe dans la haute atmosphère se propage à l'échelle mondiale. Résultat : durant le premier mois, une baisse des températures moyennes de l'ordre de 10 °C. Plus que ce que notre Terre a connu lors de la dernière période glaciairepériode glaciaire. Avec pour conséquence, des pertes colossales de récoltes sur l'ensemble de la planète.
Des conséquences majeures dans les océans
Les températures des océans chuteraient, elles aussi. Sans pouvoir remonter rapidement après la dissipation des fumées. Car les océans mettent plus de temps à se reconstituer. Dans le scénario le plus dramatique -- une guerre nucléaire États-Unis/Russie avec explosion de 4.400 armes et 150 téragrammes de poussière éjectés dans l'atmosphère --, il leur faudrait des décennies pour se remettre en surface. Et probablement des centaines d'années pour retrouver les profondeurs que nous leur connaissons aujourd'hui.
La glace, elle, s'étendrait jusqu'à bloquer certains ports importants. Celui de Tianjin, le plus grand port du nord de la Chine, celui de Copenhague (Danemark) ou encore celui de Saint-Pétersbourg (Russie). Plus globalement, la glace de mer viendrait à bloquer bon nombre de voie de navigation dans l'hémisphère nordhémisphère nord. Rendant l'acheminementacheminement de nourriture très difficile. Pour les milliers d'années d'un véritable « petit âge glaciaire nucléaire » dans le cas d'un conflit majeur États-Unis/Russie.
La chute des températures et de la lumière dans les océans tuerait les alguesalgues marines. Or, celles-ci sont à la base de la chaîne alimentaire. De quoi mettre toute la vie marine en danger et mettre en péril la plupart des activités de pêchepêche.
Ces travaux des chercheurs de l'université de l'État de Louisiane montrent une fois de plus à quel point les systèmes terrestres sont interdépendants. À quel point nos systèmes d'approvisionnement sont fragiles, même face à des conflits régionaux ! Les scientifiques espèrent que, comme cela a été le cas dans les années 1980, leurs simulations aideront à faire prendre conscience aux dirigeants du monde des conséquences désastreuses d'une guerre nucléaire. Pour tout le monde. Afin que toujours plus de pays ratifient le traité des Nations Unies pour interdire les armes nucléaires. « Nous devons vraiment tout faire pour éviter une guerre nucléaire », concluent-ils.