Il y a presque trois ans, des chercheurs d’Harvard avançaient la thèse que ‘Oumuamua n'était pas le premier objet interstellaire détecté par l'Humanité, en 2017, et que ce titre revenait à une météorite ayant explosé en 2014 au-dessus de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mais comme cette explosion avait été suivie par l'armée des États-Unis, des données classifiées manquaient pour en être certain. Cela vient de changer.
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Comme Futura l'avait expliqué dans un précédent article le centenaire de la naissance d'Arthur Clarke a étrangement coïncidé avec la découverte le 19 octobre 2017 d'un objet incontestablement sur une trajectoire interstellaire, le premier jamais détecté à venir d'au-delà de notre Système solaire semblait-il à l'époque à savoir 1I/2017 U1. Mais il est plus connu sous le nom de ʻOumuamuaʻOumuamua (« messager venu de loin et arrivé le premier » en hawaïen) et ses étonnantes caractéristiques ont suggéré qu'il pouvait s'agir d'une véritable sonde interstellaire provenant d'une civilisation extraterrestre avancée.
L'immense majorité de la communauté scientifique considère depuis un moment déjà que cette hypothèse a été réfutée et c'est pourquoi elle a été particulièrement agacée par l'insistance d'Abraham Loeb à son sujet, comme on peut le constater en lisant l'avis de l'astrophysicienastrophysicien Franck Selsis. Président du département d'astronomie à l'université de Harvard (États-Unis) de 2011 à 2020 et très impliqué dans le projet Breakthrough Starshot -- une nanovoile photonique propulsée par des faisceaux laser à destination des étoiles les plus proches du Soleil, dans le système d'Alpha du Centaure --, Loeb a continué à défendre la thèse E.TT pour ʻOumuamua dans un livre, traduit par Charles Frankel et qui était paru aux éditions du Seuil sous le titre Le premier signe d'une vie intelligente extraterrestre.
Mais avant cela, comme Futura l'avait expliqué dans le précédent article ci-dessous que nous conseillons de lire avant de poursuivre la lecture du présent article, Loeb avait déposé en 2019 sur arXiv un papier avec son étudiant et collègue Amir Siraj, lui aussi astrophysicien théoricien à l'Université de Harvard et en fait, auteur principal de l'article de 2019.
Les deux hommes avançaient la thèse que l'on avait en fait découvert le premier objet d'origine interstellaire dès le 8 janvier 2014. Il s'agissait d'un petit corps céleste, d'environ 0,45 mètre de taille, qui aurait explosé dans l'atmosphèreatmosphère de la Terre juste au-dessus de Papouasie-Nouvelle-Guinée en entrant dans ses couches hautes à une vitesse d'environ 210.000 km/h.
Un voyageur interstellaire confirmé par le Commandement spatial américain
Toutefois, Siraj et Loeb s'étaient appuyés sur des informations fournies par l'U.S. Space Command, c'est-à-dire le Commandement spatial américain (USSC), un des onze commandements interarmées de combat des forces armées des États-Unis, chargé des opérations spatiales. Ils n'avaient donc pas accès à toutes les données établissant l'existence et les propriétés de l'objet tombé en 2014 de sorte que les incertitudes sur la vitesse et la trajectoire ne permettaient pas d'établir de façon incontestable qu'il s'agissait bien d'un visiteur interstellaire.
Mais après avoir bataillé avec l'administration militaire utilisant des capteurscapteurs pour détecter d'éventuelles explosions d'armes nucléaires dans l'atmosphère terrestre (c'est interdit par un traité international), Loeb et Siraj ont vu leurs efforts récompensés puisque l'USSC vient officiellement de confirmer que ses propres experts scientifiques, en fait sur l'avis de Joel B. Mozer, étaient arrivés à la même conclusion que les deux hommes et qu'ils validaient donc leur thèse.
Cette confirmation vient sous la forme d'une note interne datée du 1er mars 2022 et partagée sur TwitterTwitter ce 7 avril par le lieutenant-général John E. Shaw, commandant adjoint de l'USSC.
L'explosion du petit corps céleste s'est produite non loin de Manus, une des îles de l'Amirauté, la cinquième plus grande île de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Siraj se demande si des expéditions océaniques ne permettraient pas de retrouver sur les fonds marins proches des restes de ce corps interstellaire, tout comme on peut retrouver des météorites isolées sur des dunes de sablesable dans un désertdésert ou dans les glaces de l’Antarctique.
’Oumuamua et Borisov ont été les deux premiers objets interstellaires trouvés dans notre système solaire. Et avec l'Observatoire Vera C. Rubin sur le point de devenir opérationnel, il améliorera notre capacité à découvrir des objets interstellaires. Combien y a-t-il d'objets interstellaires dans notre galaxie ? Combien d'objets interstellaires dans notre Système solaire ? Certains auraient-ils pu atterrir et être conservés sur la Lune ? Amir Siraj, de Harvard, rejoint John Michael Godlier sur Event Horizon pour discuter de son travail avec le Dr Avi Loeb pour poursuivre la recherche et l'étude des objets interstellaires au sein de notre Système solaire. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Event Horizon
Un météore d'origine interstellaire serait tombé sur Terre en 2014
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 21/04/2019
Des dizaines de météorites tombent sur Terre tous les jours. Des chercheurs d'Harvard pensent avoir découvert, parmi elles, au moins un météoremétéore (ils ont épinglé trois candidats) qui serait d'origine interstellaire, c'est-à-dire qui viendrait d'ailleurs, d'un autre système planétaire comme 'Oumuamua.
Figurant dans le classement du Time magazine des 25 personnalités les plus influentes dans le domaine de l'espace, Abraham Loeb (ou Avi Loeb), le très estimé directeur du département d'astronomie de l'université d'Harvard, s'est fait connaître d'un plus large public, voici quelques mois, avec la publication d'une étude très remarquée où il suppose que le désormais célèbre ‘Oumuamua, premier objet interstellaireobjet interstellaire jamais découvert, est un artefact venu d'ailleurs.
Pour expliquer sa luminositéluminosité si particulière et son comportement, Shmuel Bialy et lui n'excluent pas en effet la possibilité que ce soit une sonde équipée d’une grande et fine voile solaire. Une présomption que ne partagent pas tous ses collègues et qui fait polémique. « Il se peut que je commette un suicide professionnel si je me trompe, avait-il déclaré au journal Al Haaretz. Ça me laissera plus de temps pour faire de la science. Mais, si j'ai raison, c'est l'une des plus grandes découvertes de l'histoire de l'humanité », a-t-il poursuivi.
“« Ces personnalités de haut niveau disent elles-mêmes que cet objet présente des caractéristiques très particulières »”
Précisons que plusieurs de ses collègues sont autant intrigués que lui : « Ces personnalités de haut niveau disent elles-mêmes que cet objet présente des caractéristiques très particulières. Mais ils n'osent pas en faire état publiquement ».
De l'avis que 1I/2017 U1 -- nom officiel de 'Oumuamua -- n'est pas le seul ni même le premier visiteur venu d'ailleurs à travers notre Système solaire, Avi Loeb et Amir Siraj, étudiant à Harvard, sont partis sur les traces d'éventuels petits voyageurs interstellaires qui auraient terminé leur course sur Terre. Ils en ont trouvé trois dont un avec une forte présomption qu'il ne soit pas originaire du Système solaire.
Des milliards de milliards de météorites interstellaires à travers la Galaxie
Pas très gros -- environ 90 centimètres --, l'objet a pénétré l'atmosphère terrestre le 8 janvier 2014, à 17 h 05 TU, au-dessus du sud-ouest du Pacifique, non loin de l'île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est un des détecteurs du Cneos (Center for Near-Earth Object Studies) qui l'a repéré. Les deux chercheurs ont passé au crible trente années de données collectées par les différents observatoires de ce programme américain.
C'est la vitesse de cet intrus qui les a interrogés. Et c'est justement les météorites avec une grande vélocitévélocité qu'ils recherchaient dans les archives car ils sont susceptibles d'avoir bénéficié d'une accélération au sein d'un autre système. L'objet fonçait à quelque 216.000 km/h quand il est entré dans l'atmosphère. Par ailleurs, la direction de l'espace d'où il provenait contribue à les persuader qu'il n'était pas d'ici. Pour l'un des deux autres candidats qu'ils ont déterrés dans le catalogue, les deux astronomesastronomes sont plus sceptiques. Bien qu'aussi rapide que le premier, son orbiteorbite suggère qu'il appartient à notre Système solaire.
Trois possibles météores interstellaires -- et peut-être plus -- qui se sont échoués sur Terre (désintégrés dans son atmosphère) en 30 ans, soit un en moyenne tous les 10 ans, cela fait beaucoup sur des milliards d'années. Les deux chercheurs ont calculé qu'il y aurait approximativement un million de ces objets, par volumevolume de 150 millions de kilomètres cube (une unité astronomiqueunité astronomique), à travers toute la GalaxieGalaxie.
Alors, notre planète est-elle souvent arrosée par ces petits rochers expulsés d'autres étoiles ? C'est une éventualité prise très au sérieux par les astronomes. « Vous pouvez imaginer que si ces météores étaient éjectés de la zone habitable d'une étoile, ils pourraient aider à transférer la vie d'un système planétaire à un autre », fait remarquer Avi Loeb. Pour en savoir plus à leurs sujets, l'auteur et coauteur de plus de 700 articles scientifiques aimerait que des télescopestélescopes pointent les météorites les plus véloces aussitôt qu'elles sont détectées afin d'inférer leurs compositions.