Grand classique du ciel d'été, la nébuleuse North America (NGC 7000) doit son nom à sa ressemblance avec le continent nord-américain. Le télescope Spitzer vient de la dévoiler en infrarouge, y dénichant une multitude de jeunes étoiles.

au sommaire


  • Les télescopes et lunettes dans notre galerie photo 

L'observatoire spatial Spitzer continue de faire des merveilles sur l'orbite qu'il occupe depuis l'été 2003. Bien qu'il soit à court d'hélium depuis mai 2009 pour refroidir ses instruments qui observent dans l'infrarouge, il continue de scruter certains objets célestes à de plus courtes longueurs d'onde, comme des nuages moléculaires et des disques planétaires poussiéreux. Il a par exemple étudié dernièrement la planète carbonée Wasp 12b et a apporté sa contribution à une étude concernant l'expansion de M 1, la célèbre nébuleuse du Crabe, reste de l'explosion d'une supernova consignée en 1054 par des chroniqueurs chinois.

Spitzer a pointé l'une des nébuleuses les plus emblématiques, NGC 7000, une nébuleuse en émission dont la couleur rouge provient de l'ionisation d'un nuage d'hydrogène par le rayonnement de jeunes étoiles, un spectacle qu'on découvre dans d'autres nébuleuses similaires, comme M 20 la fleur céleste.


Voyage au sein de la nébuleuse NGC 7000. Les images prises par Spitzer en infrarouge se superposent progressivement aux images prises dans le visible. © Nasa/JPL/YouTube

Dix fois plus de jeunes étoiles

La constellation du Cygne se déploie au zénith pendant les douces nuits estivales. Elle est souvent un repère incontournable pour les amateurs de ciel étoilé qui guettent les Perséides, ces étoiles filantes dont le maximum d'activité se produit autour du 12 août. L'étoile la plus brillante de la constellation, Deneb, est accompagnée d'une vaste nébuleuse s'étendant sur 50 années-lumière, à 1.800 années-lumière de nous. Cette nébuleuse pourrait avoir une forme quelconque, mais c'est sans compter sur les facéties de dame Nature. Un nuage sombre d'absorption sépare la nébuleuse en deux morceaux selon un tracé particulier. La forme de gauche évoque sans ambiguïté l'Amérique du Nord avec le golfe du Mexique, alors que la masse gazeuse à droite du chenal sombre est surnommée la nébuleuse du Pélican. Sous un excellent ciel, des observateurs entraînés ont déjà pu observer ces deux nébuleuses à l'œil nu, mais l'utilisation d'une paire de jumelles est encore le meilleur moyen pour les distinguer.

Quand Spitzer observe NGC 7000 en infrarouge, les formes du continent nord-américain s'estompent et font place à un tourbillon poussiéreux où ce télescope a déniché 2.000 nouvelles jeunes étoiles, là où les instruments travaillant dans le visible en comptaient jusqu'à présent 200. Pour Luisa Rebull, du Spitzer Science Center, rédactrice principale de la publication parue dans l'Astrophysical Journal, « l'image de Spitzer révèle une foule de détails au sujet de la poussière et des jeunes étoiles qui s'y cachent ».