Cela fait plus d'un an que le satellite de l'ESA, Euclid, est en orbite autour du point de Lagrange L2, tout comme le télescope spatial James-Webb. Des nouvelles images montrent de quoi il est capable pour traquer les secrets du Cosmos observable et révéler, peut-être, la nature de la matière et de l'énergie noire.


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    Hubert Reeves nous a hélas quittés le 13 octobre 2023. Il a sans doute eu le temps de voir le lancement d'EuclidEuclid, le télescope spatialtélescope spatial de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne qui s'est mis en orbite en juillet 2023 autour du point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil. Mais il n'est plus là pour voir les images, révélées aujourd'hui par l'ESA, à l'occasion du Congrès international d’astronautique de Milan (IAC, 14-18 octobre).


    Découvrez la première page du grand atlas cosmique Euclid de l’ESA et émerveillez-vous devant des millions d’étoiles et de galaxies capturées avec des détails impeccables, dans une immense mosaïque de 208 gigapixels. La mosaïque couvre une zone du ciel austral plus de 500 fois supérieure à la surface de la pleine Lune vue depuis la Terre. Cette vidéo vous emmène dans une plongée dans le ciel rare. À partir d’un vaste panorama cosmique ébloui par quelque 14 millions de galaxies, une série de zooms de plus en plus profonds vous amène à une vue nette d’une galaxie spirale tourbillonnante, dans une image finale agrandie 600 fois par rapport à la mosaïque complète. Dévoilée en avant-première de cette vaste étude, la mosaïque représente 1 % de la zone qu’Euclid couvrira sur six ans et a été obtenue en combinant 260 observations collectées en seulement deux semaines. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/NASA, CEA Paris-Saclay, image processing by J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi; ESA/Gaia/DPAC; ESA/Planck Collaboration

    Rappelons que si Euclid, avec ses instruments opérant dans les domaines visible et infrarouge, est prévu pour renouveler notre connaissance de la formation stellaire, des amas globulaires et des galaxiesgalaxies locales, on espère de lui des avancées scientifiques majeures en ce qui concerne la nature de l'énergie noireénergie noire et de la matière noirematière noire.

    La première détermine le destin du cosmos observable, va-t-il finir par un « grand déchirement » (en anglais : Big RipBig Rip) ou un Big CrunchBig Crunch par exemple ?

    La seconde, si elle existe vraiment, explique pourquoi nous voyons des galaxies si tôt dans l'UniversUnivers observable et donc aussi pourquoi elles ont pu être le lieu d'une évolution chimique rapide concentrant dans le milieu interstellaire des éléments comme le carbonecarbone, l'oxygèneoxygène, l'azoteazote, mais aussi le ferfer, le magnésiummagnésium et le siliciumsilicium qui ont permis l'apparition des formes vivantes et de silicatessilicates formant les roches des planètes telluriquesplanètes telluriques du Système solaireSystème solaire comme la Terre et Mars.

    Cette image montre une zone de la mosaïque publiée par le télescope spatial Euclid de l'ESA le 15 octobre 2024. La zone est agrandie 150 fois par rapport à la grande mosaïque que l'on peut voir en fin de cet article. À gauche de l'image, Euclid a capturé deux galaxies (appelées ESO 364-G035 et G036) qui interagissent l'une avec l'autre, à 420 millions d'années-lumière de nous. À droite de l'image, l'amas de galaxies Abell 3381 est visible, à 678 millions d'années-lumière de nous. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO
    Cette image montre une zone de la mosaïque publiée par le télescope spatial Euclid de l'ESA le 15 octobre 2024. La zone est agrandie 150 fois par rapport à la grande mosaïque que l'on peut voir en fin de cet article. À gauche de l'image, Euclid a capturé deux galaxies (appelées ESO 364-G035 et G036) qui interagissent l'une avec l'autre, à 420 millions d'années-lumière de nous. À droite de l'image, l'amas de galaxies Abell 3381 est visible, à 678 millions d'années-lumière de nous. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO

    Des galaxies en interaction à des centaines de millions d'années-lumière

    Aucun résultat scientifique sur ces questions n'est encore disponible avec les images que les membres de la collaboration Euclid - 2 600 personnes dans 18 pays - nous présentent aujourd'hui. Mais elles illustrent le formidable potentiel du télescope à nous émerveiller avec des images du royaume des nébuleusesnébuleuses en dehors de notre Voie lactéeVoie lactée, pour reprendre le titre mythique de l'ouvrage d'Edwin Hubble révélant sa nature pour la première fois.

    Cette image montre toujours une zone de la mosaïque publiée par le télescope spatial Euclid de l'ESA le 15 octobre 2024. Mais on fait un zoom arrière par rapport à l'image précédente montrant cette fois une zone agrandie 36 fois par rapport à la grande mosaïque. Sur cette image, le cœur de l'amas de galaxies Abell 3381 est visible, à 678 millions d'années-lumière de nous. L'image montre de nombreuses galaxies de formes et de tailles variées, des galaxies elliptiques massives aux galaxies spirales modestes, jusqu'aux galaxies naines minuscules et peu lumineuses. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO
    Cette image montre toujours une zone de la mosaïque publiée par le télescope spatial Euclid de l'ESA le 15 octobre 2024. Mais on fait un zoom arrière par rapport à l'image précédente montrant cette fois une zone agrandie 36 fois par rapport à la grande mosaïque. Sur cette image, le cœur de l'amas de galaxies Abell 3381 est visible, à 678 millions d'années-lumière de nous. L'image montre de nombreuses galaxies de formes et de tailles variées, des galaxies elliptiques massives aux galaxies spirales modestes, jusqu'aux galaxies naines minuscules et peu lumineuses. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO

    On peut ainsi contempler les premières images qui formeront une grande cartographie de l'Univers avec un premier segment se composant d'une mosaïque de 208 gigapixels, comme l'explique un communiqué du CEA qui est très impliqué dans la mission Euclid. Le même communiqué ajoute que « grâce à un accord entre le CEA et l'ESA, Jean-Charles Cuillandre et Emmanuel Bertin, deux astronomesastronomes de l'Observatoire des Sciences de l'Univers de Paris-Saclay (OSUPS) et membres du Département d'AstrophysiqueAstrophysique du CEA ont réalisé cette mosaïque sous la supervision directe de l'ESA... C'est la première fois qu'une image du ciel aussi étendue est produite avec une telle résolutionrésolution depuis l'espace, préfigurant les futurs résultats de cette mission spatiale ».

    La zone est agrandie douze fois par rapport à la grande mosaïque. Au milieu à gauche, la galaxie spirale NGC 2188 est visible par la tranche à une distance de 25 millions d'années-lumière. Dans le coin supérieur droit, l'amas de galaxies Abell 3381 est désormais clairement visible, à 678 millions d'années-lumière de nous. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO
    La zone est agrandie douze fois par rapport à la grande mosaïque. Au milieu à gauche, la galaxie spirale NGC 2188 est visible par la tranche à une distance de 25 millions d'années-lumière. Dans le coin supérieur droit, l'amas de galaxies Abell 3381 est désormais clairement visible, à 678 millions d'années-lumière de nous. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO

    Déjà 14 millions des galaxies et des amas galactiques observés

    « Cette première partie de la cartographie de l'Univers permet déjà de mettre en lumièrelumière les quelque 14 millions de galaxies, parmi le milliard de galaxies qui seront utilisées pour étudier l'influence cachée de la matière noire et de l'énergie noire sur l'Univers. Ce segment contient aussi des dizaines de millions d'étoilesétoiles de notre Voie lactée. »

    Le communiqué du CEA se termine en précisant que « d'autres données seront révélées en mars 2025 avec la publication de 50 degrés carrés de l'étude Euclid comprenant un aperçu des zones du champ profond Euclid. La première année de données cosmologiques de la mission sera communiquée en 2026 ».


    Le satellite Euclid a été lancé le 1er juillet 2023 sur une fusée Falcon9. Grâce à Euclid et ses deux instruments VIS et NISP, la communauté internationale espère préciser la nature de la matière noire et l’énergie noire. ‪David Elbaz‬, astrophysicien au CEA, est depuis 10 ans pour Euclid co-responsable du groupe qui prépare la science pour l'analyse des galaxies. Il nous parle de la mission Euclid dans cette vidéo. © CEA

     

     

    La zone est agrandie trois fois par rapport à la grande mosaïque. Cette partie du ciel austral montre de nombreuses étoiles dans notre propre Voie lactée et de nombreuses galaxies au-delà. Grâce à ses caméras visibles et infrarouges, Euclid capture les étoiles dans leurs différentes couleurs : les étoiles rouges sont plus froides et les étoiles blanches/bleues sont plus chaudes. À droite de l'image, l'amas de galaxies Abell 3381 est visible sous la forme d'une chaîne de galaxies. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/NASA, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO
    La zone est agrandie trois fois par rapport à la grande mosaïque. Cette partie du ciel austral montre de nombreuses étoiles dans notre propre Voie lactée et de nombreuses galaxies au-delà. Grâce à ses caméras visibles et infrarouges, Euclid capture les étoiles dans leurs différentes couleurs : les étoiles rouges sont plus froides et les étoiles blanches/bleues sont plus chaudes. À droite de l'image, l'amas de galaxies Abell 3381 est visible sous la forme d'une chaîne de galaxies. © ESA/Euclid/Euclid Consortium/NASA, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO

     

     

    L’immense mosaïque publiée par le télescope spatial Euclid de l’ESA le 15 octobre 2024 représente 1 % du vaste relevé qu’Euclid capturera sur six ans. L’emplacement et la taille réelle de la mosaïque sur le ciel austral sont indiqués en jaune. Cette vue de l’ensemble du ciel est une superposition de la carte des étoiles de Gaia de sa deuxième publication de données en 2018 et de la carte de poussière de Planck de 2014. Ce graphique donne un aperçu de la mosaïque et des images agrandies publiées par la mission Euclid de l’ESA le 15 octobre 2024. En haut à gauche, une carte de l’ensemble du ciel (41 000 degrés carrés) est visible avec l’emplacement de la mosaïque d’Euclid dans le ciel austral surligné en jaune. La mosaïque contient 260 observations réalisées entre le 25 mars et le 8 avril 2024. En seulement deux semaines, Euclid a couvert 132 degrés carrés du ciel austral, soit plus de 500 fois la superficie de la pleine Lune vue de la Terre. En haut à droite, le champ de vision d’Euclid lors d’une observation est comparé à la superficie de la pleine Lune. Dans la mosaïque, les emplacements des différentes images agrandies sont indiqués. Au-dessus des images séparées, le facteur de zoom est indiqué (de 3 à 600 fois plus grand que la mosaïque originale). © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO
    L’immense mosaïque publiée par le télescope spatial Euclid de l’ESA le 15 octobre 2024 représente 1 % du vaste relevé qu’Euclid capturera sur six ans. L’emplacement et la taille réelle de la mosaïque sur le ciel austral sont indiqués en jaune. Cette vue de l’ensemble du ciel est une superposition de la carte des étoiles de Gaia de sa deuxième publication de données en 2018 et de la carte de poussière de Planck de 2014. Ce graphique donne un aperçu de la mosaïque et des images agrandies publiées par la mission Euclid de l’ESA le 15 octobre 2024. En haut à gauche, une carte de l’ensemble du ciel (41 000 degrés carrés) est visible avec l’emplacement de la mosaïque d’Euclid dans le ciel austral surligné en jaune. La mosaïque contient 260 observations réalisées entre le 25 mars et le 8 avril 2024. En seulement deux semaines, Euclid a couvert 132 degrés carrés du ciel austral, soit plus de 500 fois la superficie de la pleine Lune vue de la Terre. En haut à droite, le champ de vision d’Euclid lors d’une observation est comparé à la superficie de la pleine Lune. Dans la mosaïque, les emplacements des différentes images agrandies sont indiqués. Au-dessus des images séparées, le facteur de zoom est indiqué (de 3 à 600 fois plus grand que la mosaïque originale). © ESA/Euclid/Euclid Consortium/Nasa, CEA Paris-Saclay, traitement d'image par J.-C. Cuillandre, E. Bertin, G. Anselmi CC BY-SA 3.0 IGO

     

     


    « Les premiers résultats du télescope spatial Euclid » : la conférence du mardi 1er octobre 2024 donnée par Jean-Charles Cuillandre (CEA IRFU). © Institut d'Astrophysique de Paris