Sofia (pour Stratospheric Observatory for Infrared Astronomy) est un observatoire volant installé à bord d'un Boeing 747. Il vient véritablement de commencer son programme de travail prévu pour durer deux décennies en observant M 42, la nébuleuse d'Orion.


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    Soutenu par l'USRA (Universities Space Research Association) depuis 1996, le projet de télescope volant infrarouge Sofia a bien failli tomber aux oubliettes en 2006 en raison des contraintes budgétaires de la Nasa. Finalement repêché in extremis, il a débuté ses observations cette année. Sofia est le fruit d'une étroite collaboration entre Allemands et Américains : les premiers ont réalisé un télescope de 2,5 mètres de diamètre pesant 23 tonnes, les seconds ont modifié un Boeing 747 pour y loger l'instrument et l'emporter à 13 kilomètres d'altitude, laissant sous lui 99 % de la vapeur d'eau qui empêche le rayonnement infrarouge stellaire d'atteindre les observatoires terrestresobservatoires terrestres. Le télescope a été livré en 2002 par l'Agence spatiale allemandeAgence spatiale allemande (DLR) puis installé l'année suivante dans l'avion avant d'être calibré et validé.

    Jusqu'à présent, seul le télescope Wise (pour Wide-Field Infrared Survey Explorer), lancé en 2009, était en mesure d'observer le ciel infrarouge depuis l'espace. Wise a ainsi détecté un anneau invisible dans NGC 1514, mesuré la taille des particules de poussière relâchées par la comète Hartley 2 ou encore débusqué des astéroïdes sombres qui ne réfléchissent qu'un faible pourcentage de la lumière solaire. Mais Wise arrive au terme de sa mission, limité par l'épuisement de l'hydrogène solidesolide destiné à refroidir ses récepteurs. Le télescope Sofia a donc de belles années devant lui.

    Le télescope Sofia et sa caméra infrarouge installés à l'intérieur du Boeing. © Nasa

    Le télescope Sofia et sa caméra infrarouge installés à l'intérieur du Boeing. © Nasa

    Premières lumières

    Pour observer dans l'infrarouge de 0,3 micronmicron à 1,6 millimètre de longueur d'ondelongueur d'onde, Sofia dispose de neuf capteurscapteurs différents. Lors de chaque mission, les techniciens choisissent le capteur le mieux adapté aux observations prévues et le placent au foyerfoyer du télescope. Les grandes régions froides de l'universunivers, les trous noirstrous noirs et les atmosphèresatmosphères planétaires sont au menu de Sofia. Son premier vol réalisé en juin dernier a d'ailleurs été l'occasion d'obtenir des vues infrarouges de JupiterJupiter et de la galaxie M 82. L'occasion également de s'assurer que le ventvent qui pénètre par l'ouverture réalisée dans le fuselagefuselage du Boeing pour pointer le télescope ne compromette pas la stabilité de l'avion.

    Le 30 novembre dernier, un second vol qui a duré une dizaine d'heures a permis d'observer un jeune amas d'étoilesétoiles dans la nébuleuse d'Orion. Cet amas, l'objet Becklin-Neugebauer (BNBN), porteporte le nom des deux astrophysiciensastrophysiciens qui l'ont découvert en 1967. C'est une source infrarouge très brillante ensevelie dans la poussière de la nébuleusenébuleuse (dans la partie haute de l'image présentée ci-dessous) qui se situe non loin de la région du Trapèze, le cœur d'OrionOrion. Détail amusant, Eric Becklin, l'un des découvreurs, est aujourd'hui le directeur scientifique de l'observatoire Sofia. Si tout va bien, la longue carrière de Sofia ne fait que commencer. Les astronomesastronomes espèrent pouvoir compter sur ses services pendant une bonne vingtaine d'années !