On ne sait toujours pas si les lois de la physique autorisent un saut dans l'hyperespace comme dans Star Wars, mais on sait qu'elles permettent l'existence d'exoplanètes autour d'étoiles doubles. On s'interroge toutefois encore sur l'existence de Tatooine habitables comme dans le film de George Lucas - qu'elles soient désertiques ou non, mais avec des doubles couchers de Soleil. Une nouvelle pièce vient d'être apportée au débat.
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Il y a 14 ans, la Nasa faisait sensation en révélant certains résultats des analyses des observations du défunt télescope Spitzer observant dans le domaine de l'infrarouge. Comme Futura l'expliquait dans l'article ci-dessous, Spitzer avait trouvé des traces indirectes de l'existence de planètes rocheuses associées à des systèmes binairessystèmes binaires d'étoiles. Comme les étoiles doubles sont majoritaires dans la Voie lactée, on pouvait en déduire que quelques-unes au moins pouvaient être habitables et qu'une forme de vie intelligente pouvait contempler sur ces planètes des doubles couchers de SoleilSoleil, comme dans les mythiques scènes de Star Wars avec Luke Skywalker sur la planète Tatooine.
Le nombre d'exoplanètesexoplanètes connues dans la Voie lactée a depuis considérablement augmenté, dont certaines font effectivement partie d’un système binaire. Si la formation planétaire semble bel et bien la règle autour des étoiles, cela n'avait rien d'évident avec les étoiles doubles, car on pouvait penser que les attractions des deux étoiles pouvaient provoquer des phénomènes peu propices à la formation ou à la survie de planètes, notamment à cause de collisions provoquées par la manifestation de la théorie du chaos en mécanique céleste.
De ce point de vue là, on pouvait se poser des questions sur l'habitabilité des exoplanètes telluriques autour des étoiles. Les variations des orbitesorbites et des rotations de ces exoplanètes n'allaient-elles pas souvent provoquer des changements drastiques et chaotiques de climatclimat ou d'habitabilité, transformant par exemple une planète autrefois habitable en planète de glace, et tuant toute vie ?
Des chercheurs travaillant avec les données du Transiting Exoplanet Survey Satellite (Tess) de la Nasa ont découvert il y a quelques années la première planète circumbinaire de la mission, un monde en orbite autour de deux étoiles. La planète, appelée TOI 1338b, est environ 6,9 fois plus grande que la Terre, soit entre les tailles de Neptune et de Saturne. Elle se trouve dans un système situé à 1 300 années-lumière, dans la constellation de Pictor. Les étoiles du système forment une binaire à éclipses, qui se produit lorsque les compagnons stellaires tournent autour dans notre plan de vision. L’un est environ 10 % plus massif que notre Soleil, tandis que l’autre est plus froid, plus sombre et ne représente qu’un tiers de la masse du Soleil. Les transits de TOI 1338b sont irréguliers - tous les 93 à 95 jours - et varient en profondeur et en durée grâce au mouvement orbital de ses étoiles. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Goddard Space Flight Center de la Nasa
Les systèmes planétaires aiment-ils se diriger vers une configuration ordonnée ?
Un article récemment publié dans The Astronomical Journal et en accès libre sur arXiv par Malena Rice, professeur adjoint d'astronomie à la Faculté des arts et des sciences de Yale, auteur principal de la nouvelle étude, et ses collègues Konstantin Gerbig, doctorant en astrophysiqueastrophysique à Yale et Andrew Vanderburg, professeur adjoint de physiquephysique au MIT (Massachusetts Institute of Technology), est intéressant à cet égard pour l'exobiologie.
Comme l'explique le communiqué de Yale accompagnant la publication dans The Astronomical Journal, il y a, selon ses auteurs, plus de planètes respectueuses du climat dans les systèmes d'étoiles binaires qu'on ne le pensait auparavant. Ce qui fait dire à Malena Rice que « Nous montrons, pour la première fois, qu'il existe une accumulation inattendue de systèmes où tout est aligné. Les planètes tournent précisément dans la même direction que la première étoile, et la deuxième étoile tourne autour de ce système sur le même plan que les planètes.
Cela pourrait indiquer que les systèmes planétaires aiment se diriger vers une configuration ordonnée.
C'est également une bonne nouvelle pour la vie qui se forme dans ces systèmes. Les compagnons stellaires qui sont alignés différemment peuvent faire des ravages sur les systèmes planétaires, les bouleverser ou réchauffer les planètes au fil du temps. »
L'équipe de chercheurs a découvert que neuf des 40 systèmes étudiés (notamment dans les données du satellite Gaiasatellite Gaia de l'ESAESA) présentaient un alignement « parfait ». Pour ceux qui seraient intéressés par ce que verrait vraiment une forme de vie intelligente sur une Tatooine tempérée, le communiqué de Yale est particulièrement clair sur ce sujet : « Durant certaines saisonssaisons de l'année, il faisait jour continuellement, avec une étoile éclairant un côté de la planète, tandis que l'autre étoile éclairait l'autre moitié de la planète. Mais cette lumièrelumière du soleil ne serait pas toujours brûlante, car l'une des étoiles serait beaucoup plus éloignée.
À d'autres saisons de l'année, les deux soleils éclairaient le même côté de la planète, l'un apparaissant beaucoup plus grand que l'autre. »
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En vidéo : les doubles couchers de Soleil seraient la règle dans l'Univers
Article de Laurent SaccoLaurent Sacco, publié le 13/04/2007
L'UniversUnivers est décidément plein de surprises. D'après les études faites à l'aide du satellite Spitzer de la NASA, les doubles couchers de Soleil comme ceux que contemple Luke Skywalker dans Star Wars ne seraient pas l'exception, mais plutôt la règle !
La révolution Copernicienne n'est pas morte, elle est bien vivante ! Après avoir déplacé notre planète du centre du système solairesystème solaire et ravalé notre étoile au rang d'étoile naineétoile naine commune dans la GalaxieGalaxie, voilà que tout semble indiquer qu'un système planétaire se formera préférentiellement autour d'un système binaire. On pouvait déjà s'en douter, étant donné que les étoiles doubles sont majoritaires dans le cosmoscosmos, mais les lois de la mécanique céleste dans un tel environnement étaient-elles favorables à la formation des systèmes planétaires ?
C'est pour répondre à cette question que les compétences de Spitzer en infra-rouge ont été mises à contribution. Nous ne pouvons pas encore détecter des planètes de type terrestre, CorotCorot devrait d'ailleurs bientôt le faire, mais nous pouvons détecter des disques de poussières autour des étoiles. On pourrait presque dire, même, que Spitzer a été conçu spécialement pour ça.
La stratégie a donc été de partir à la recherche de disques de poussières, vestiges des disques d'accrétionsdisques d'accrétions formant des planètes, autour des systèmes doubles (voir la représentation d'artiste ci-dessous). La présence de tels disques devrait être reliée à l'existence d'une ceinture d'astéroïdesceinture d'astéroïdes, dans laquelle des collisions et des fragmentations sont toujours en cours. Ce sont les résultats de ces recherches que des astrophysiciensastrophysiciens comme John Stansberry, David Trilling et G.Bryden ont publiés dans un article commun de l'Astrophysical Journal.
© NASA/JPL-Caltech/T. Pyle (SSC)
Ceux-ci portent sur l'étude de 69 systèmes binaires entre 50 et 200 années-lumièresannées-lumières autour du Soleil, avec des étoiles un peu plus jeunes et plus massives que la nôtre. On savait déjà qu'il existait des disques de poussières autour de certaines binaires situées à plus de 1000 unités astronomiquesunités astronomiques (UA) l'une de l'autre mais là, les astrophysiciens se sont concentrés sur les cas avec des étoiles éloignées de moins de 500 UA, ce qui n'avait quasiment jamais été fait.
40% de ces systèmes possèdent un disque de poussières, ce qui veut dire que des planétésimaux ont dû se former et donc, par conséquent, que des planètes telluriquesplanètes telluriques, et pas des géantes gazeusesgéantes gazeuses, orbitent très probablement autour de ces étoiles. Ce nombre est un peu supérieur à ce que l'on peut observer pour des étoiles seules. Or, si l'on se rappelle que les binaires forment près des 2/3 des étoiles de la Galaxie, la conclusion tombe d'elle-même : des planètes où l'on peut observer des doubles couchers de Soleil comme sur Tatooine doivent être plus fréquentes que des planètes de type terrestre avec un seul coucher de Soleil !
Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa/JPL
Ce qui a le plus stupéfié les chercheurs, c'est que les binaires serrées, celles où les deux étoiles sont particulièrement proches, constituent plus de 60% des cas recensés. Alors que les étoiles séparées par de 3 à 50 UA montrent, au contraire, un déficit en disques de poussières détectables. De façons surprenantes, la formation de binaires serrées serait donc favorable à l'apparition d'un système planétaire. Enfin, de 50 à 500 UA, on détecte à nouveau des disques, mais autour d'une seule étoile du couple, comme indiqué sur le schéma ci-dessous.
© NASA/JPL-Caltech/T. Pyle (SSC)
Ce qui fait dire à David Trilling « Les systèmes binaires étaient largement laissés de côté auparavant, car ils sont les plus difficiles à étudier, mais ils pourraient bien être les lieux les plus communs où se forment les planètes dans notre Galaxie ». Une information qui certainement bénéficiera à ceux qui sont engagés dans le programme SETISETI, et ravira les fans de la série Yoko Tsuno.