C'est le 24 janvier 1986 que la sonde Voyager 2 a survolé la septième planète du Système solaire. Un quart de siècle plus tard, ce monde reste encore bien mystérieux.

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  • Retrouvez les images d'Uranus

Lancée le 20 août 1977, 16 jours avant sa jumelle Voyager 1, la sonde Voyager 2 a survolé Jupiter en 1979 et Saturne en 1981. Placée sur une trajectoire qui la maintenait dans le plan de l'écliptique, Voyager 2 a ainsi été le seul engin spatial à survoler Uranus (en 1986) et Neptune (en 1989), profitant de l'assistance gravitationnelle fournie par les deux plus grosses planètes du Système solaire.

Le 24 janvier 1986 la sonde est passée à 81.500 kilomètres du sommet des nuages d'Uranus alors que la planète se trouvait proche du solstice, à environ 3 milliards de kilomètres du Soleil. Ce dernier éclairait l'hémisphère austral d'Uranus, une configuration qui s'explique par une particularité de la planète : son axe de rotation se confond avec son plan de révolution autour du Soleil. Ce basculement est peut-être l'œuvre d'un satellite aujourd'hui disparu qui aurait accéléré le mouvement de précession qu'effectuait l'axe de rotation de la planète, la faisant basculer lentement.

Uranus avait été découverte 205 ans plus tôt par l'astronome germano-britannique William Herschel à l'aide de son télescope. Jusqu'à son survol par Voyager 2, on connaissait d'Uranus son aspect uniforme et cinq de ses satellites. Quant au système d'anneaux de la planète il avait été découvert en 1977.

La surface crevassée de Miranda, le satellite le plus proche d'Uranus, photographiée le 24 janvier 1986 par la sonde Voyager 2. © Nasa/JPL

La surface crevassée de Miranda, le satellite le plus proche d'Uranus, photographiée le 24 janvier 1986 par la sonde Voyager 2. © Nasa/JPL

Un survol historique

Le passage de Voyager 2 fut riche en découvertes. La sonde repéra une dizaine de satellites supplémentaires dont le diamètre n'excède pas 150 kilomètres. Elle réalisa des images des cinq plus gros déjà connus : Titania, Ariel, Umbriel, Obéron et Miranda. C'est ce dernier que Voyager 2 photographia le mieux, révélant des failles pouvant atteindre une vingtaine de kilomètres de profondeur. La sonde détecta également deux nouveaux anneaux et analysa la composition de ceux déjà connus. Ils se révélèrent très pauvres en poussière et composés de rochers de 0,2 à 20 mètres de diamètre, suggérant une formation récente à partir de la fragmentation d'un objet céleste brisé par un impact ou par les forces gravitationnelles de la planète. Voyager 2 a également découvert la présence de satellites bergers qui contraignent les particules présentes dans les anneaux et leur évite de se disperser, un phénomène bien connu autour de Saturne.

La sonde a étudié le champ magnétique de la planète. Comparable en intensité à celui de la Terre, il n'est pas du tout aligné avec l'axe de rotation d'Uranus, suggérant que la matière interne (un mélange d'eau et de sels minéraux) serait moins conductrice que ce qu'on rencontre à l'intérieur de la Terre et génèrerait des champs magnétiques décentrés. En observant l'atmosphère d'Uranus, composée principalement d'hydrogène et d'hélium, Voyager 2 n' y a pas trouvé de signe particulier d'activité météorologique comme on en rencontre par exemple sur Saturne mais des changements saisonniers ont été observés depuis par le télescope Hubble, notamment en 2007 lors de l'équinoxe.

Un quart de siècle plus tard, Voyager 2 (tout comme sa jumelle Voyager 1) se trouve désormais à la limite du Système solaire, à plus de 14 milliards de kilomètres de la Terre. Le fabuleux voyage se poursuit donc pour les deux sondes qui ont révolutionné nos connaissances sur les planètes géantes