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Des astronomesastronomes de l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble (Ipag, CNRS/université Joseph FourierJoseph Fourier Grenoble) et de l'Observatoire européen austral (ESO) viennent d'obtenir la meilleure image jamais réalisée d'une étoile cannibalisée par sa compagne stellaire.
En combinant le Very Large Telescope InterferometerVery Large Telescope Interferometer (VLTI) de l'Observatoire de Paranal de l'ESO au Chili, à l'instrument Pionier (Precision Integrated-Optics Near-infrared Imaging ExpeRiment), les scientifiques ont créé un télescope virtuel de 130 mètres de diamètre, permettant ainsi d'observer ce système d'étoiles binairebinaire avec une précision inédite et de mieux comprendre son comportement atypique. Ces travaux sont publiés le 7 décembre 2011 dans la revue Astronomy & Astrophysics.
Au premier plan, deux des télescopes auxiliaires de 1,80 mètre du VLTI, dédiés à l'interférométrie et utilisés lors de ces observations. À l'arrière-plan apparaissent les télescopes de 8,20 mètres du VLT. © Nicolas Blind
SS Leporis : quand la géante rouge se fait manger
Située dans la constellation du Lièvre, SS Leporis est un système d'étoiles binaire inhabituel. Depuis longtemps, les astronomes suspectent l'étoile la moins évoluée de cannibaliser sa compagne vieillissante, une géante rougegéante rouge froide, qui se trouve être la plus évoluée mais aussi, paradoxalement, la moins massive des deux étoiles. Cette propriété atypique témoigne d'une forte voracité de la part de l'étoile peu évoluée, au point d'inverser les rapports de massemasse. Pour mieux comprendre la nature et l'importance de ce phénomène, il était nécessaire d'étudier la dynamique du système et d'en observer les parties les plus internes, jusqu'alors invisibles pour les télescopes classiques.
En effet, observée depuis la Terre, SS Leporis apparaît sur la voûte céleste à peine plus grosse qu'un homme à la surface de la LuneLune. Afin de pouvoir observer des détails sur un objet aussi petit, l'équipe conduite par Nicolas Blind (Ipag) et Henri Boffin (ESO) a utilisé l'instrument Pionier attaché au VLTI de l'ESO. En combinant la lumièrelumière collectée par quatre télescopes de 1,80 mètre de diamètre du VLTI, cet instrument permet d'obtenir l'équivalent d'un télescope géanttélescope géant de 130 mètres de diamètre. Les scientifiques ont alors pu obtenir les premières images à très haute résolutionrésolution angulaire de ce système d'étoiles intriguant, révélant ainsi sa rotation et sa morphologiemorphologie.
Images de la binaire SS Leporis à 3 époques différentes, avec en rouge la géante rouge froide et en bleu son compagnon cannibale, plus chaud. Ces images ont été obtenues avec l'instrument Pionier installé au VLTI. Leur finesse est 50 fois supérieure à celle du télescope spatial Nasa/Esa Hubble. © Pionier/Ipag/ESO
Les données acquises montrent que la distance séparant les deux étoiles est légèrement supérieure à la distance entre le Soleil et la Terre, et que la géante rouge s'avère moins grande que prévu, sa taille étant comparable à l'orbiteorbite de MercureMercure. Ces deux facteurs font que la géante a sans doute cédé près de la moitié de sa masse initiale non pas sous la forme d'un pont de matièrematière vers l'étoile cannibale chaude, comme on le pensait, mais plutôt sous la forme d'un ventvent stellaire expulsé par la géante et capturé par l'astreastre le plus chaud. Bien que ce transfert soit beaucoup moins important et plus progressif que supposé par le passé, son efficacité permet d'expliquer les propriétés actuelles surprenantes de SS Leporis.
Ces observations démontrent la nouvelle capacité d'imagerie à très haute résolution angulaire du VLTI permise par Pionier, et ouvrent des perspectives fascinantes pour l'étude d'autres systèmes d'étoiles binaires en interaction.