Au début des année 90, un groupe de scientifiques du JPL (Jet Propulsion Laboratory) font une proposition extraordinaire: ils se disent capables de développer un télescope spatial capable de détecter des planètes extrasolaires similaires à la Terre.

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    Aujourd'hui, ce groupe de scientifiques, mené par David Gallagher, qui est par ailleurs directeur du projet Space Infrared Telescope Facility pour le compte du JPLJPL et qui a dirigé les tests et l'intégration de la caméra à grand champ Wide Field/Planetary Camera-2 du HubbleHubble Space Telescope, a réussi à démontrer la faisabilité de ce programme. SIMSIM PlanetQuest était né.

    SIM en orbite solaire (vue d'artiste). Crédit NASA / JPL.

    SIM en orbite solaire (vue d'artiste). Crédit NASA / JPL.

    SIM, pour Space Interferometry Mission, sera un interféromètre optique fonctionnant depuis une orbite solaire, évitant ainsi toutes les perturbations provoquées par notre planète et bénéficiant d'une illumination continue. Après son lancement, dont la date n'est pas encore planifiée mais qui devrait intervenir vers 2015 au moyen d'un lanceur conventionnel, SIM dérivera lentement et s'éloignera de la Terre à une vitesse d'environ 0,1 UAUA par an, atteignant une distance de 95 millions de kilomètres au bout de 5,5 années.

    Entre-temps, le panneau solaire et les antennes à haut gain du vaisseau se seront déployés. Les systèmes du vaisseau seront examinés et les données analysées afin de déterminer l'orbite solaire atteinte avec une précision dont la qualité frôle la perfection, puis après plusieurs jours d'attente, délai nécessaire pour permettre la sublimation et la dispersion de tous les contaminants pouvant entraver l'ultra-haute précision de l'appareillage, le déploiement final des instruments de bord aura lieu. Débuteront alors le contrôle ultime et le calibragecalibrage de l'interféromètre, qui sera probablement l'instrument le plus précis jamais envoyé - même en 2015 ! - dans l'espace. Ce calibrage durera lui-même plusieurs mois.

    Débutera alors une mission d'observation et d'astrométrie qui est peut-être la plus attendue par les astronomesastronomes et astrophysiciensastrophysiciens du monde entier.

    Une précision frôlant l'absolu

    Le pointage des instruments sera assuré au moyen de roues à réaction et de mini-réacteurs à jets de gazgaz. L'ordinateurordinateur de bord empêchera que les objectifs de SIM s'orientent à moins de 45° du SoleilSoleil afin de protéger le système optique contre tout échauffement intempestif, ce qui obligerait, suite à l'effet de dilatationdilatation, à recommencer toute la phase de calibrage.

    Mais même à 95 millions de kilomètres de la Terre, la vitesse de SIM devra être déterminée avec une exactitude de 20 millimètres par seconde afin de corriger l'aberration stellaireaberration stellaire relativiste. Cette précision dans les mesures sera atteinte par effet Dopplereffet Doppler au moyen des antennes de 34 mètres du réseau terrestre DSN (Deep Space NetworkDeep Space Network).

    Les ordres de fonctionnement et d'observation seront transmis à SIM tous les 10 - 15 jours, et les données enregistrées à bord puis renvoyées vers la Terre plusieurs fois par semaine. En cas d'urgence, des "procédures spéciales de rotation rapide" seront transmises pour observer des évènements non prévus.

    SIM utilise le principe de l'interférométrieinterférométrie optique basée sur le principe découvert par Michelson au début du siècle dernier, et qui a valu le prix Nobel de PhysiquePhysique en 1907. Son instrumentation comporte trois télescopestélescopes en lumièrelumière visible de 300 mm de diamètre, montés sur une base de 9 mètres ultra rigide construite par Northrop-Grumman, et dont la tolérance aux vibrationsvibrations est inférieure au nanomètrenanomètre. La lumière issue de deux, ou des trois instruments sera traitée dans un interféromètre, produisant une image de définition semblable à celle obtenue par un miroirmiroir unique de diamètre équivalent à la base. C'est la première fois que l'interférométrie optique sera utilisée dans l'espace, sans les contraintes liées à la turbulenceturbulence atmosphérique qui réduit significativement la qualité des observations de ce type réalisées depuis la surface terrestre malgré l'optique adaptative.

    Principe de l'interféromètre de SIM (réduit à deux miroirs). Crédit NASA / JPL.

    Principe de l'interféromètre de SIM (réduit à deux miroirs). Crédit NASA / JPL.

    Grâce à cette position privilégiée en dehors de la sphère d'influence terrestre et de tout champ gravitationnel parasiteparasite, la précision attendue de SIM dépassera de plusieurs centaines de fois tout ce qui a été réalisé à ce jour, avec un pouvoir de résolutionrésolution de 4 micro-secondes d'arcsecondes d'arc en champ large et de 1 micro-seconde d'arc en champ étroit, ce qui correspond approximativement à la tranche d'une (petite) pièce de monnaie posée sur la LuneLune, vue depuis la Terre. Et cela jusqu'à la vingtième magnitudemagnitude.

    Les objectifs de SIM

    SIM a été conçu afin d'effectuer des mesures de distance et de parallaxeparallaxe d'une précision inégalée dans toute la galaxiegalaxie, mais surtout de détecter la présence de planètes de type terrestre en orbite autour d'autres étoilesétoiles en déterminant leurs caractéristiques orbitalesorbitales et leurs massesmasses.

    Les résultats obtenus par SIM ouvriront la voie à l'étape suivante, qui consistera au moyen de systèmes interférométriques encore plus puissants, et répartis non plus sur une base de 9 mètres mais en deux points opposés de l'orbite solaire, à analyser l'atmosphèreatmosphère et la surface de telles planètes, ainsi que leurs températures, et à rechercher les signatures chimiques de la vie.