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L'économiseur d'écran montre ce que fait votre ordinateur lorsqu'il travaille sur le projet Seti. Crédit : Nasa.
La découverte et l'entrée en communication avec une civilisation extraterrestre bouleverserait certainement profondément notre civilisation, ne serait-ce que d'un simple point de vue culturel. D'abord cantonnée au domaine de la science-fiction, cette possibilité fascinante a commencé à être étudiée sérieusement juste après la Seconde guerre mondiale, notamment grâce aux progrès spectaculaire de l'astrophysique et de la radioastronomie.
Grand spécialiste de la diffusion des neutrons dans les réacteurs nucléaires, dont il était le père, le grand physicienphysicien Enrico FermiEnrico Fermi discuta dès 1950 un paradoxe qui, depuis, porteporte son nom, et qui n'a pas fini de faire couler de l'encre ou, aujourd'hui, des courants d'électrons.
Même en imaginant une civilisation disposant de vaisseaux spatiaux se déplaçant à des vitesses bien en dessous de celle de la lumièrelumière, une centaine de millions d'années tout au plus serait suffisante pour que chacune des quelque 200 milliards d'étoilesétoiles de la Voie lactéeVoie lactée soit visitée et colonisée. Notre GalaxieGalaxie étant âgée de plus de 10 milliards d'années, bien des civilisations ayant découvert le secret du voyage interstellaire, même en se déplaçant à seulement 1% de la vitesse de la lumièrevitesse de la lumière, auraient eu le temps de se diffuser dans notre galaxie à la façon des neutrons dans un bloc de graphitegraphite. Nous devrions depuis longtemps être des membres d'un gigantesque empire galactique tel que celui décrit par les auteurs de SF.
A moins que la vie intelligente ne soit un phénomène particulièrement rare dans la Galaxie, mais comment le savoir ?
Au début des années 1960, des astronomesastronomes comme Carl SaganCarl Sagan et Frank DrakeDrake se mirent à réfléchir sérieusement au problème. Ce dernier avait une idée brillante. A défaut de pouvoir franchir les espaces interstellaires pour partir à la rencontre d'éventuelles civilisations extraterrestres, pourquoi ne pas chercher les ondes radio émises par de telles civilisations, voire, pourquoi pas, des messages délibérément envoyés pour signaler leur présence à leurs éventuels cousins du cosmoscosmos ? Après tout, nous-mêmes émettons copieusement depuis plusieurs dizaines d'années dans le domaine radio.
La première tentative d'écoute eut lieu avec l'aide du radio télescopetélescope de Green Bank qui visait Tau Ceti et Epsilon Eridani, des étoiles de type solaire situées à environ une dizaine d'années-lumièreannées-lumière.
Le projet Ozma, comme on l'appelait en référence à la princesse du fameux Magicien d'Oz, n'apporta aucun résultat mais enfanta ce qui est connu aujourd'hui comme le projet Seti, acronyme de Search for Extra-Terrestrial IntelligenceSearch for Extra-Terrestrial Intelligence, et qui consiste essentiellement à surveiller obstinément le ciel dans le domaine radio à la recherche de signaux d'origine extraterrestre.
Le projet Seti a été porté pendant longtemps par Frank Drake et Carl Sagan, dont tout le monde connaît la fameuse série Cosmos écrite avec sa femme Ann Druyan. Avec Drake, Sagan est aussi l'auteur de la célèbre plaque en or équipant les sondes Pioneer 10 et 11, considérées comme de véritables bouteilles à la mer que récupéreront peut-être un jour des ET.
Cliquer pour agrandir. La plaque équipant les sondes Pioneer montre un homme et une femme à l'échelle de la sonde, la position du Soleil par rapport à 14 pulsars et au centre de la Galaxie. En bas, le système solaire et la planète d'origine de la sonde sont montrés avec les distances relatives des planètes en numérotation binaire. Crédit : Nasa
Un des plus puissants ordinateurs du monde pour un projet menacé
Aujourd'hui, le projet Seti se poursuit en grande partie avec l'aide du projet Seti@home lancé le 17 mai 1999. Si l'on se base sur l'équation de Drake introduit par Frank Drake pour évaluer le nombre de civilisations extraterrestres en état de communiquer avec nous dans la Galaxie, on obtient des estimations qui varient beaucoup. Elles pourraient être très nombreuses ou au contraire se compter sur les doigts d'une main.
Dans ce dernier cas, pour les découvrir, il faudrait surveiller énormément d'étoiles continuellement ou presque, sur une large bande de fréquencesbande de fréquences et pendant des dizaines d'années pour espérer surprendre un signal quelconque.
Le seul espoir que nous ayons est alors de coupler un grand radiotélescoperadiotélescope, en l'occurrence celui d'Arecibo, à des dizaines ou des centaines de milliers d'ordinateursordinateurs personnels de par le monde pour qu'ils travaillent, pendant leurs temps de repos, à l'analyse de la gigantesque quantité d'informations enregistrée.
L'équation de Drake. Voir dans le texte le lien portant le même nom pour trouver l'explication des différents termes. Crédit : Observatoire de Paris / UFE
C'est pourquoi le projet de calculs distribués Seti@home, hébergé par le Space Sciences Laboratory de l'Université de Californie, Berkeley, a été lancé il y a donc 10 ans maintenant. Sans aucun succès pour le moment.
A l'origine, ses concepteurs pensaient qu'ils pourraient compter sur, tout au plus, 50.000 à 100.000 ordinateurs personnels. En janvier 2008, près de 1,7 million d'ordinateurs étaient occupés à analyser les données en provenance du radiotélescope d'Areciboradiotélescope d'Arecibo... Cette quantité représente une puissance de calcul de 364,8 TeraFlops, du même ordre que celle des plus puissants supercalculateurssupercalculateurs du monde (le Blue Gene/P d'IBMIBM peut dépasser les 450 TeraFlops).
Le projet a connu plusieurs améliorations au cours du temps et n'est plus, depuis 2005, qu'une composante parmi d'autres du projet de calculs distribués BOINC (Berkeley Open Infrastructure for Network Computing, ce qui peut se traduire par «Infrastructure ouverte pour le calcul distribué de Berkeley). Ce réseau permet aussi de bénéficier de l'immense puissance de calcul des ordinateurs interconnectés pour partir à la recherche des ondes gravitationnellesondes gravitationnelles (EinsteinEinstein@home), prédire le climatclimat futur de la Terre (ClimatePrediction.net) ou encore étudier les relations entre la structure 3D de certaines protéinesprotéines et des maladies associées (RosettaRosetta@home).
Seti@home/a> pourrait bien s'arrêter en 2011, faute de crédits, suite aux restrictions budgétaires menaçant jusqu'au radiotélescope d'Arecibo lui-même. Il est à craindre que même la situation décrite par la célèbre publicité suivante n'arrive jamais. Pour découvrir des civilisations ET dans la Galaxie, peut-être faudra t-il chercher des sphères de Dyson...