Au cours d'un survol rapproché de Rhéa en début d'année, les spectromètres de la sonde Cassini ont détecté la présence d'une fine atmosphère d'oxygène et de dioxyde de carbone autour de ce satellite de Saturne.
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Découvert en 1672 autour de SaturneSaturne par l'astronomeastronome Jean-Dominique CassiniJean-Dominique Cassini, RhéaRhéa est un gros satellite sphérique de plus de 1.500 kilomètres de diamètre. Sa densité égale à 1,233 fois celle de l'eau liquide suggère qu'il serait composé d'un quart de roche et de trois quarts de glace. A sa surface, la température est de -174°C sous la lumière directe du Soleil et, dans l'ombre, descend entre -200°C et -220°C.
C'est en 2005 qu'ont commencés les survolssurvols rapprochés de Rhéa par la sonde Cassini, à 500 kilomètres de distance. Ils ont révélé en détail la surface criblée de cratères d'impact, mais pas seulement. Le magnétomètre de la sonde a enregistré par exemple de nombreuses chutes du flux d'électrons autour de Rhéa, que les scientifiques ont d'abord tenté d'expliquer par l'éventuelle présence d'anneaux de poussière. Ces anneaux n'ayant jamais été observés depuis, les astronomes sont dans l'expectative. Mais un nouveau survol rapproché en mars 2010 a apporté une autre découverte qui pourrait apporter une réponse au problème de la baisse du flux d'électrons : la sonde a en effet rencontré une faible atmosphèreatmosphère autour de Rhéa.
Rhéa passant devant Saturne. © Nasa
Une chimie complexe
La présence d'une atmosphère d'oxygèneoxygène autour de satellites n'est pas vraiment une surprise, puisqu'on en a également détecté autour de Ganymède et Europe, deux corps en orbiteorbite autour de JupiterJupiter. Les astronomes pensent d'ailleurs qu'il pourrait exister autour de Saturne d'autres luneslunes glacées pourvues d'atmosphères similaires, alimentées par la décomposition chimique de la glace d'eau sous l'action des particules énergétiques véhiculées par le champ magnétiquechamp magnétique de Saturne. Selon Ben Teolis, membre de l'équipe Cassini, ces résultats semblent démontrer qu'une chimiechimie complexe impliquant l'oxygène pourrait être tout à fait courante dans le Système solaireSystème solaire, voire dans l'universunivers. Une telle chimie serait une condition préalable à la vie, même si sur Rhéa les basses températures et l'absence d'eau liquide semblent incompatibles avec la vie telle que nous la connaissons.
Reste la présence troublante de dioxyde de carbonedioxyde de carbone. Il pourrait provenir de la nébuleusenébuleuse primitive solaire, comme c'est le cas pour les comètescomètes, ou de moléculesmolécules organiques piégées dans la glace d'eau de Rhéa. Autre possibilité, un apport extérieur avec un bombardement par des micrométéorites riches en carbone. Sur des satellites possédant de l'eau liquide sous leur surface, on peut penser que ce mélange d'oxygène et de dioxyde de carbone offrirait un environnement beaucoup plus favorable au développement d'organismes complexes. La découverte d'une atmosphère autour de Rhéa souligne une nouvelle fois la riche diversité des lunes de Saturne et pourrait peut-être apporter une réponse à l'énigme de la baisse du flux d'électrons observée autour du satellite. Selon Ben Teolis, elle pourrait découler de l'ionisationionisation de cette atmosphère soumise au puissant champ magnétique généré par la planète aux anneaux.
La sonde Cassini, qui pour une raison inconnue s'était mise en mode « sécurité » pendant plusieurs jours début novembre, a repris depuis son activité normale et va poursuivre son exploration du monde de Saturne.