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Et si Pluton cachait sous sa surface glacée une couche de matière organique (c'est-à-dire des molécules à base de carbone) ressemblant à de l'asphalte ? L'hypothèse a été émise en décembre dernier lors des rencontres de l'AGU (American Geophysical Union) à La Nouvelle-Orléans, par Bill McKinnon, planétologue à l'université Washington de Saint Louis, et membre de l'équipe scientifique de la mission New Horizons, la première sonde spatiale à avoir survolé la planète naine. Le chercheur a souligné que ce n'est encore qu'une spéculation et non une conclusion définitive. Une possibilité « pour amener les gens à réfléchir un peu plus à ce sujet, et peut-être essayer de trouver des moyens de le tester », via de nouveaux modèles. McKinnon n'est pas à court d'arguments.
Cette couche carbonée aurait subi la chaleur et la pressionpression interne de la planète naine (2.370 km de diamètre). « La matière organique, quand vous la faites cuire, le produit final est le carbone amorpheamorphe ou le graphitegraphite » a-t-il expliqué à Space.com, mais cela peut aussi être une sorte d'asphalte gluant. Bien sûr, il n'y a pas de pétrolepétrole sur PlutonPluton. Cette matière organique profonde ne serait pas issue de végétaux, à l'instar du charboncharbon et du pétrole qu'on trouve sous la surface de la Terre.
Non, son origine serait liée à son lieu de naissance : les confins du Système solaireSystème solaire. Une région où se sont également formées les comètescomètes. Et comme nous l'ont appris les missions RosettaRosetta, autour du noyau de Tchouri, et GiottoGiotto, autour de celui de Halley, ces astresastres glacés sont riches en matière organique. La planète naine a donc pu aussi en agréger lorsqu'elle a pris forme voici 4,5 milliards d'années.
Noms officiels des régions de Pluton validés par l’Union astronomique internationale en août 2017. © Nasa, JHUAPL, SwRI, Ross Beyer
Une couche de carbone conductrice de chaleur ?
À défaut de pouvoir sonder directement les entrailles de Pluton avec des scissomètres, les planétologues tentent d'inférer sa structure interne en la modélisant à partir des données collectées par la sonde New HorizonsNew Horizons lors de son survolsurvol historique en juillet 2015.
Des travaux récents ont suggéré que la planète naine pourrait nous cacher une vaste étendue liquide sous sa surface. Bill McKinnon, lui, ne voit pas d'objections pour que ce soit une couche de matière organique liquideliquide ou gluante. Une couche épaisse : « quelque chose de l'ordre de 100 kilomètres ou plus ». Il ajoute : « la substance a des propriétés intéressantes. Si cela ressemble plus à de l'asphalte chaud, il serait liquide et pourrait transporter la chaleur très facilement ».
Mais la couche de carbone pourrait être aussi solidesolide, comme le graphite, et celui-ci « a une conductivité thermiqueconductivité thermique énorme, beaucoup plus élevée que tout matériaumatériau géologique normal comme la roche, ou même la glace froide ». Ce qui aurait donc des conséquences détectables à sa surface comme ce qui est visible dans la grande plaine SpoutnikSpoutnik (moitié gauche de la région Tombaugh en forme de cœur), active et géologiquement jeune. Le chercheur estime que cette hypothèse pourrait aider aussi à comprendre ce qui se passe à l'intérieur de certaines luneslunes de planètes géantesplanètes géantes, comme TritonTriton autour de NeptuneNeptune.
Voilà une approche séduisante et plausible pour mieux comprendre ce qui se passe à l'intérieur de la célèbre planète naine. Il ne reste plus qu'à la tester.
Ce qu’il faut
retenir
- Un planètologuue propose que Pluton possède de la matière organique sous sa surface.
- Elle aurait été agrégée lors de sa formation, à l’instar des comètes.
- La pression et la température interne ont pu la transformer en une sorte d’asphalte, matériau thermiquement conducteur.