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Peter Jenniskens pose devant un morceau de 2008 TC3, bien noir sur le sable du Sahara. © Peter Jenniskens
Le 6 octobre 2008, Richard Kowalski, un astronomeastronome de l'observatoire du Mont Lemmon, dans l'Arizona, détectait un corps peu lumineux, qui avait toutes les chances d'être un astéroïde. Dans les heures qui ont suivi, l'objet, devenu l'astéroïde 2008 TC3, a été suivi par plusieurs instruments et sa taille estimée à quelques mètres. Plusieurs équipes dans le monde ont alors déterminé sa trajectoire. Résultat : une probabilité d'impact avec la Terre de 100%. Ce géocroiseur méritait vraiment cette appellation... La trajectoire calculée donnait un point d'aboutissement au nord du Soudan.
Le petit corps a pu être suivi jusqu'à une altitude 65 kilomètres. Mais comment assurer l'observation de la désintégration qui allait se produire au-dessus du Sahara ? L'un des astronomes impliqués, météorologiste dans le civil et habitué à transmettre des bulletins à Air France-KLM, a pu demander à ce que la compagnie vérifie si par hasard un avion ne croisait pas dans le secteur. Il y en avait bien un, en vol entre Johannesburg et Amsterdam. Alerté, l'équipage a pu se mettre aux aguets et a effectivement observé un magnifique bolide, relevant précisément l'heure, la hauteur sur l'horizon et l'azimut.
L'astéroïde devenu météoritemétéorite était alors à 1.400 kilomètres de l'avion. A 8 km/s en vitessevitesse relative par rapport à la Terre, il était en train d'éclater et de se consumer sous les yeuxyeux de l'équipage. Puis plus rien.
Petits morceaux d'un très gros astéroïde
Peter Jenniskens, de l'institut Seti, à Mountain View (Californie), et Muawia Hamid Shaddad, astronome à l'université de Khartoum (Soudan), qui avait récolté des images du bolide prises des personnes de la région, ont mis sur pied une expédition à la recherche des morceaux de 2008 TC3. Avec une troupe de 45 étudiants, l'équipe a gagné le nord du pays, près de la ville de Wadi Halfa, non loin de la frontière égyptienne. Installés en ligne, accompagnés par des journalistes, les pisteurs de météorites ont progressé dans le désertdésert, à l'endroit suspecté du point de chute. L'expédition a été chanceuse. La première journée, un morceau d'un centimètre et demi a été découvert, à même le sablesable. Les deux jours suivants, l'équipe en a trouvés bien d'autres et, quelques semaines plus tard, un groupe de 72 personnes en récoltait 32 !
Les analyses ne font que commencer et on en saura plus dans les prochaines semaines. Un minéralogiste de la NasaNasa, Mike Zolensky, a déjà déterminé qu'il s'agit d'urélite. Si la chance était au rendez-vous pour la récolte des morceaux de la météorite, elle l'est encore pour la nature de l'astéroïde 2008 TC3.
L'urélite (du nom du village russe de Novo Urei où les premiers spécimens ont été découverts en 1886) est en effet un minéralminéral très rare parmi les météorites. Une trentaine de kilogrammeskilogrammes seulement ont été récoltés jusque-là. Cette roche, dans laquelle on trouve notamment de l'olivineolivine, contient de nombreuses inclusions, dont des minuscules diamantsdiamants et des matériaux magmatiques.
2008 TC3 est une achondriteachondrite, c'est-à-dire une météorite pierreuse provenant de la surface d'un gros astéroïde. L'étude minutieuse des morceaux retrouvés a de bonnes chances de raconter un peu l'histoire de la formation du grand corps dont est issu 2008 TC3 et donc de nous en apprendre un peu plus sur celle des planètes...